La corruption est toujours présente au Cameroun

S'il y a un classement dans lequel le Cameroun peut briguer les premières places, c'est bien celui du pays le plus corrompu. Transparency International vient en effet de sortir sa traditionnelle étude et de publier son classement, et le résultat est probant : sur 180 pays, le Cameroun est passé de la 138e à la 141e place des pays les plus corrompus, avec 180 pays au compteur.

Ce classement ne viendra pas améliorer l'image d'un Cameroun déjà tâclé en règle cette semaine par le Gouvernement canadien, qui a publié sa liste des pays à risque pour les voyageurs, et le pays de Paul Biya y figurait. Il y a quelques semaines, le Gouvernement américain, par l'intermédiaire d'une enquête du FBI avait publié une liste d'indésirables sur son territoire, parmi lesquels beaucoup de personnalités bien placées. Il faut dire que les scandales de l'opération épervier, les milliards perdus au trésor ou le récent déballage d'Yves Michel Fotso n'ont pas contribué à présenter l'"Afrique en miniature" comme un pays où il fait bon d'investir.

Selon le Messager, Maître Charles Nguini, président de la section camerounaise de Transparency International a défini la corruption comme "l’abus d’une charge publique à des fins d’enrichissement personnel". Toujours selon le Messager,  l'ONG a procédé à sept enquêtes au Cameroun pour lui attribuer sa note finale. Et parmi les critères observés pendant l'enquête, on note les "questionnements relatifs à la corruption des fonctionnaires, les versements des pots-de-vin dans le cadre des marchés publics, des détournements des deniers publics ou l’action des pouvoirs publics en matière de lutte contre la corruption"

Et avec ces critères de notation, le Cameroun a vu sa note régresser par rapport à l'an dernier : de 2,4 à 2,3. Une sorte de désaveu des mesures prises par le Gouvernement depuis plusieurs mois pour poursuivre et arrêter tous les grands fonctionnaires ou ex-membres du Gouvernement accusés d'avoir détourné les deniers publics, mesures que beaucoup considéraient déjà comme des campagnes médiatiques plutôt que réelle lutte contre la corruption.

Dans un classement dominé par les pays scandinaves - Danemark, Finlande, Islande et Suède sont dans le top 10 -, les pays africains sont encore une fois les moins bien classés aux côtés des pays asiatiques, avec la Somalie comme dernier de la classe.

Quoi qu'il en soit, ce classement 2008 montre que la voie qui mènera à l'assainissement camerounais est encore longue à parcourir, et que pour redorer son image, le Gouvernement camerounais devra faire mieux que de poursuivre quelques personnalités et leur infliger - alors que tous plus que sexagénaires - des peines de prison de plusieurs dizaines d'années, attaquer la corruption en profondeur et à tous les niveaux.

Car le mal qui gangrène le Cameroun se passe surtout dans le cadre du citoyen lambda et dans la vie de tous les jours, qui pour obtenir des indemnités de la CNPS, s'en sortir lors d'un contrôle routier, obtenir un document administratif à la mairie est bien souvent obligé d'ouvrir son portefeuille. Ajouté à cela, la difficulté d'obtenir des marchés publics est devenue telle que la concurence - à priori positive - entre particuliers ou entreprises se transforme souvent en vente aux enchères, en plus d'aggraver la corruption fait que bien souvent ceux qui obtiennent les marchés essaient d'abord - et ce n'est pas si illogique que ça - de rembourser l'argent qui est sorti des poches avant de réaliser la mission qui a été confiée.