La pauvreté sévit à Mpiel malgré l’abondance des ressources forestières.
(28/03/2009)
Dans le village Mpiel comme dans beaucoup d’autres localités de l’Est Cameroun, le bois abonde et y est exploité. Paradoxalement, la plupart de ces communautés ne disposent ni de routes praticables, ni suffisamment d’écoles, ni d’eau potable, ni électricité encore moins de centre de santé
Par Rédaction Bonaberi.com (Anne Mireille Nzouankeu)
Des grumiers qui transportent le bois à Mpiel
Sur des pistes à peine carrossables, des grumiers circulent à un rythme effréné. Lourdement chargés, ces gros porteurs transportent des grumes coupées dans les forêts, vers les usines où elles seront débitées avant d’être exportées. En saison des pluies il n’est même pas rare de voir ces grumiers déraper et causer de nombreux dommages.
Mpiel, village situé dans l’arrondissement de Mbang à l’Est Cameroun est doté d’énormes potentialités de développement. Le contraste entre les richesses forestières de Mpiel et son degré de développement est saisissant. La forêt qui entoure ce village est riche en essences à fort potentiel économique telles que le Moabi, le Tali, le Kossipo, le Sapelli ou encore le Padouk rouge. Ces forêts sont exploitées par 2 sociétés forestières : la S…… et la G……. Malgré cela, la zone reste enclavée et la route est impraticable en saison des pluies. Hormis les redevances forestières versées par ces sociétés, elles ne contribuent pas à la réalisation d’œuvres sociales. Mathurin, un habitant de ce village précise que « ici, ces sociétés se contentent d’élargir la route et de la racler de temps en temps pour faciliter le passage de leurs grumiers ». Or, cette zone est tellement enclavée que même l’écoulement des produits agricoles est parfois difficile.
A Mpiel, les maisons sont distribuées de façon linéaire de part et d’autre le long de la route principale qui lie le village Mpiel à la ville de Mbang et à Mindourou. La circulation automobile sur certains tronçons de cette route est impossible pendant la saison des pluies obligeant ainsi les populations à aller à pied. Le village Mpiel n’a pas de centre de santé. Les populations sont obligées de se déplacer vers Djampiel (7 km), Mbang (25 km) ou Djouth II (environ 60km) pour recevoir les soins de santé primaires. Les coûts supplémentaires en termes de transport, d’hébergement et de nutrition découragent les populations qui choisissent ainsi l’automédication ou la médecine traditionnelle.
Quant aux femmes enceintes, elles ne suivent pas de visites prénatales et se font accoucher par les femmes âgées du village. Mpiel est dépourvu d’établissements scolaires. Les enfants parcourent au moins 7 km à pied pour aller à l’école dans le village voisin. Cette distance fait que les enfants vont à l’école à partir de 7 à 8 ans. De plus, l’abandon scolaire y est fréquent : les jeunes se lancent très tôt dans des activités génératrices de revenus.
A Mpiel, l’eau de consommation courante provient d’une source aménagée. Les riverains précisent que le débit de cette source est tellement lent en saison sèche qu’il faut parfois de longues heures d’attente pour pouvoir se ravitailler. Mpiel n’est pas raccordé au réseau électrique et les populations se servent de lampe à pétrole pour l’éclairage. Le seul commerce que l’on observe dans le village est la vente d’alcool de fabrication locale. Pour tout autre type d’achat, il faut attendre le passage du colporteur ou alors se rendre à Mbang, la ville la plus proche qui se trouve à 25 km.
A Mpiel, lorsque le grumier passe, le développement ne suit pas forcement.
