Gisèle Tientcheu
Le glas serait-il en train de sonner pour Gisèle Tientcheu ? Tout porte à le croire. Après avoir passé avec succès le premier protocole de son traitement anti-rétroviral, la patiente dit avoir été "déclarée résistante au deuxième protocole". Et à l’en croire, "il fallait passer au 3è protocole". Ce "qui n’existe pas au Cameroun ; il faut le commander à l’étranger et attendre longtemps", selon Eméran Koulou Etoa, chef d’unité communication au du Groupe technique provincial du Comité national de lutte contre le Sida (Cnls). En attendant, la patiente se trouve dans l’obligation de continuer avec le protocole de deuxième ligne. Un composé de divers médicaments.
Or "[i l’Abacavir [un de ces médicaments] me crée d’énormes problèmes d’allergies]", avoue la malade. Au nombre des effets secondaires dont la malade dit souffrir depuis un peu plus d’un mois, il y a des diarrhées persistantes, des vomissements, de la fièvre, la toux, l’angine, des éruptions cutanées, des oedèmes, la perte totale d’appétit, la perte de poids, des douleurs musculaires et abdominales... Ce qui à l’apparence commence à affecter considérablement son physique. Au point où celle qui a toujours su garder le moral haut dit avoir "cédé au désespoir".
Ce 29 mai, sa petite chambre à la Cité universitaire à Ngoa Ekelle où elle est confinée depuis que la situation a empiré, ne peut plus contenir les nombreuses visites d’amis, connaissances et surtout de journalistes en quête d’informations sur celle qui peut à juste être considérée comme la mascotte du Cnls dans la lutte contre la pandémie. A chaque nouveau visiteur, elle recommence le récit pathétique de sa souffrance, les yeux presque rouges.
"[i Pendant plus de deux ans, je me suis rendue compte que mes globules blancs, c’est-à-dire mon système de défense, n’évoluaient pas ; mais restaient constants. Je me suis rapprochée de mon médecin qui a constaté qu’il y avait échec thérapeutique. Il m’a passé en deuxième ligne sous un produit appelé Crissiva] qui présente toutes les allergies insupportables." Gisèle dit alors s’être rapprochée des autres patients qui prennent le même produit, mais " tous sont plutôt à l’aise avec ce produit", avoue-t-elle. "Je suis rentrée voir mon médecin qui m’a conseillée. Il ne faut surtout pas arrêter".
C’est finalement Médecins sans frontières (Msf) qui lui révèle après test, sa résistance. D’après Gisèle Tientcheu, "quand tu fais le test de résistance, on te ressort les palliatifs". Et le sien est le didanosine auquel elle est également allergique. Actuellement, Gisèle Tientcheu qui dit avoir atrocement mal au ventre affirme que son pancréas est déjà touché. En attendant une éventuelle évacuation sanitaire qui paraît être l’ultime solution, la mascotte de la lutte contre le sida au Cameroun continuera de se battre. Dans la voix et sur le visage de Gisèle Tientcheu, semblent déjà se dessiner un désespoir que son sourire narquois et le courage légendaire qu’on connaît à la séropositive la plus médiatisée du Cameroun cachent mal.
C’est en 2000 que Gisèle Tientcheu est au courant de sa séropositivité. Dès lors, la jeune fille s’engage dans une campagne de sensibilisation envers les jeunes de toutes natures sérologiques. Ce "dans le souci de d’amener d’autres qui se trouvent dans la même situation que moi à sortir du maquis", et aux autres d’"adopter des comportements responsables". Mais son objectif est avant tout de "lever le tabou sur le Vih/Sida", dit-elle. Les fans de l’émission Délire à la Crtv télé sont habitués à ses messages.
Source: Quotidien Mutations
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