Malgré sa bonne saison, Eto'o a quitté le Barça
L'an dernier, le FC Barcelone clôturait sa deuxième saison d'affilée sans le
moindre titre. C'en était trop pour les dirigeants qui avaient donc décidé de
dire au revoir à Frank Rijkaard et d'accorder leur confiance à l'ancien
capitaine emblématique du club : Pep Guardiola. Quelqu'un au courant des
"petites affaires" du club, puisqu'il était entraîneur de l'équipe réserve.
Sitôt arrivé, Guardiola avait publié une liste noire des personnes qu'il voulait
voir partir ; parmi ces joueurs on pouvait retrouver Ronaldinho, Deco, mais
aussi Samuel Eto'o. Si les cas des deux premiers ne surprenaient pas, Ronaldinho
ayant fait la une des presses à scandale quasiment toute l'année et Deco ayant
été blessé une bonne partie de la saison, il était un peu plus étonnant que
Guardiola veuille se débarasser d'Eto'o. En effet, parmi les "quatre
fantastiques", Eto'o était celui qui avait porté le Barça à bouts de bras
terminant malgré une longue blessure meilleur buteur en championnat avec 16 buts
en 18 matchs.
S'en était alors suivi le feuilleton de l'été, Eto'o étant annoncé partout : Inter
Milan, Milan AC, Valence, Manchester United, Ouzbékistan et même... Real Madrid.
Guardiola quant à lui affirmait vouloir bâtir son attaque autour de Thierry
Henry, qui avait fini avec 12 buts en 30 matchs de championnat. Etrange volonté
de Guardiola qui en avait surpris plus d'un. Des offres plus étranges les unes
que les autres qui ressemblaient à une tentative de brader Eto'o -
Eto'o +18 milions pour Benzema,
+19millions pour Adebayor - Toujours est-il qu'au final, après de nombreuses
supputations qui avaient fait le plaisir des tabloïds et des presses sportives,
Eto'o était finalement resté au FC Barcelone, alors que Ronaldinho et Deco
étaient partis respectivement au Milan AC et à Chelsea.
Si les deux premiers ont donné raison à Guardiola, puisque Ronaldinho a fait une
non saison et que Deco a passé la majeure partie de l'année à l'infirmerie,
Eto'o a donné on ne peut plus tort à l'entraîneur portugais. En effet, Eto'o a
simplement réalisé sa meilleure saison au FC Barcelone, réalisant moults triplés
et même un quadruplé, avec un final de 30 buts en 36 matchs de championnat
et 6 en 12 matchs de Ligue des champions, surclassant Henry sur qui Guardiola
avait affirmé pleinement compter. Cerise sur le gâteau, le Barça remportait la
Ligue des Champions et Eto'o rejoignait Raul au panthéon des attaquants ayant
marqué deux fois dans une finale de la dite compétition.
Nous écrivions même quelques mois plutôt,
qu'Eto'o mettait Guardiola dans le pétrin,, tellement le Camerounais semblait
au firmament durant l'année dernière.
Pourtant, contre toute attente, dès la fin de la saison, Guardiola avait remis
ça. Il avait convaincu les dirigeants de se débarrasser d'Eto'o. Et les
dirigeants barcelonais s'étaient alignés, décidant encore une fois d'ouvrir la
porte au buteur maison. Mais cette fois-ci, Guardiola n'a pas affirmé vouloir
bâtir son attaque autour de Thierry Henry, mais a cherché un "grand attaquant" :
David Villa, Karim Benzema, Zlatan Ibrahimovitch... Encore une fois, les
Catalans avaient cherché à brader leur joueur, offrant plus de 40 millions et
Eto'o pour s'offrir Ibrahimovitch.
Très étonnée, la presse avait cherché à comprendre comment le Barça pouvait
chercher à se débarrasser d'un joueur qui sortait d'une saison à 30 buts, et
avait tôt fait de comprendre que c'était Guardiola qui ne voulait toujours pas
d'Eto'o. Interrogé, l'entraîneur avait simplement répondu qu'il s'agissait
"d'une question de feeling". Pour lui, il était mieux pour tout le monde
qu'Eto'o s'en aille. Alors, rapidement, la piste de l'ambiance dans les
vestiaires avait été suivie. On a pensé que Guardiola ne voulait pas d'Eto'o
parce qu'il avait un comportement nuisible à la bonne marche du groupe. Mais
pourtant, à y bien penser, tous regrettent Eto'o. Andres Inesta a proposé une
statue à son effigie, Thierry Henry l'a décrit comme un attaquant formidable qui
lui manquait déjà, Messi - qui s'était déjà opposé au départ d'Eto'o l'an
dernier - l'a décrit comme le meilleur joueur du monde.
Xavi, le maître à jouer du club a parlé d'un modèle de professionnalisme, de
quelqu'un au sommet.
Il est difficile à croire qu'Eto'o soit difficile à vivre alors qu'il est autant
plesbiscité par ses coéquipiers, particulièrement par les joueurs clés de
l'équipe. Si l'an dernier, on pouvait comprendre que les deux saisons assorties
de longues blessures laissaient Guardiola dubitatif quant à un retour à la
compétition d'Eto'o, cette raison ne vaut plus aujourd'hui. Si on pouvait aussi
penser que Guardiola voulait faire le ménage des trop nombreuses stars d'un
Barça qui ne gagnait plus, on a plus de mal à comprendre qu'il veuille changer
un élément clé d'une équipe qui a tout gagné cette année, impressionnant
l'Espagne et l'Europe.
Alors, pourquoi Eto'o a-t-il quitté le Barça ? Une des pistes est simplement le
tempérament de Pep Guardiola. Déjà sur les terrains en tant que joueur, il était
connu pour son caractère déterminé, allant jusqu'au bout de ses efforts, souvent
le seul à se battre sur le terrain lorsque ses coéquipiers avaient perdu la foi.
Il est possible que Guardiola, comme il l'a tout simplement déclaré, n'a pas "un
bon feeling" avec Samuel Eto'o, et n'a jamais voulu travailler avec le
Camerounais. Déterminé et rigoureux, son avis n'aurait pas changé d'un pouce
malgré la saison extraordinaire d'Eto'o.
A y bien regarder, certains détails peuvent conforter cette thèse, quelques
petits accrochages entre Eto'o et Guardiola. En Octobre,
Eto'o ne cachait pas sa colère d'être remplacé dans un match où il avait
déjà inscrit un doublé, En Janvier,
Eto'o était exclu d'un entraînement par Guardiola. Pire encore, lors d'un
match, Guardiola avait demandé à Samuel Eto'o de se replacer à droite pour
troubler la défense adverse dans un match difficile pour les Catalans. Sûr de
lui, Eto'o avait refusé d'optempérer et avait continué de jouer dans l'axe, et
avait marqué. Après son but, le Camerounais était directement allé voir son
entraîneur, semblant lui dire qu'il avait eu tort et que lui avait raison. Si
l'entraîneur s'était contenté d'une tape sur le dos de son attaquant, lui
demandant d'en marquer un autre, nul doute qu'il a retenu cette scène, largement
relayée dans les médias les jours d'après.
Au final, il se pourrait que la réponse de Guardiola, qui a paru hautaine et
obscure soit finalement la plus réaliste : l'entraîneur qui a la réputation de
ne pas badiner avec l'autorité pourrait réellement avec un problème avec un
Eto'o qui, même s'il marque but sur but, manifeste ouvertement sa frustration
d'être remplacé dans un match sans enjeu, n'écoute pas les consignes et vient en
plus "narguer" l'entraîneur, ou va jusqu'à se faire exclure des entraînements.
Maintenant, la question est de savoir si ces éléments que beaucoup
qualifieraient d'anecdotiques pèsent réellement dans la balance, quand de
l'autre côté on a un attaquant du calibre d'Eto'o qui a été le joueur le plus
constant du Barça, qui semble faire l'unanimité du côté de ses coéquipiers et
que surtout, l'équipe telle qu'elle est (ou telle qu'elle était) a tout gagné
l'an dernier.
L'avenir le dira. Quoi qu'il en soit, Samuel Eto'o est déjà à l'Inter Milan et a
déjà marqué avec son nouveau club.
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