Papa Tatcha, vendeur de journaux à Nkongsamba
Celui qu'on surnomme "Papa Tatcha" est très connu à Nkongsamba. Premier vendeur de journaux dans cette ville, il s’y est fait une bonne réputation. « C’est le seul vendeur de journaux en qui j’ai confiance depuis des années », révèle par exemple Pierre, un sexagénaire, fidèle client. Depuis près de trente ans, Tatcha a installé son kiosque à journaux sur l’axe principal du centre ville de Nkongsamba.
Preuve du temps passé à vendre ses journaux, sa caisse a depuis longtemps abandonné sa couleur bleue initiale, envahie par les moisissures, toiles d'araignée et poussière. Il est difficile de se frayer un chemin dans son kiosque : de vieux journaux et magasines obstruent l’entrée. Ce qui oblige papa Tatcha, qui se dit fatigué de nettoyer, à s’asseoir à l’extérieur pour écouler la « paperasse ». Chaque matin, il se contente d’accrocher quelques échantillons de journaux à l’entrée du kiosque.
Le kiosque de papa Tatcha a la particularité de ne contenir que de vieux journaux. D’ailleurs, les autres kiosques à journaux de la ville aussi. Il nous révèle que depuis près de cinq ans, les journaux arrivent dans la ville soit le soir, soit deux à trois jours plus tard. Si la demande d’un numéro particulier d’un journal est importante, papa Tatcha appelle une de ses relations pour être le premier à avoir le journal sollicité.
Il lui suffit de passer un coup de fil dans les organes de presse ou chez ses collègues basés à Douala pour que le journal lui soit livré dans l’après midi. Entre temps, il passe ses journées à vendre de vieux journaux. Des dizaines de vieux numéros de journaux, parfois datant de près de dix ans sont entassés dans chaque recoin du kiosque.
L’affaire semble rapporter. « Avant-hier j’ai vendu un numéro de Cameroon tribune qui date de 1972 à 32.000 francs cfa », révèle papa Tatcha. « Un archiviste », c’est ainsi qu’il se définit. Il confie qu’il maîtrise parfaitement toutes les informations qui sont dans les journaux qu’il vend, particulièrement les informations ayant trait à la politique et au Moungo.
D’ailleurs, Tatcha n’hésite pas à photocopier les pages de journaux traitant de ce type d’information pour les revendre plus tard. « Lorsqu’un journal parle d’un homme politique par exemple, je photocopie la page. Des mois ou des années plus tard, il y a toujours des personnes qui viennent rafler toutes mes photocopies », explique t-il.
A Nkongsamba, Tatcha est aussi connu pour ses ventes de journaux à la criée. Dès qu’il constate qu’un article d’un journal à trait à Nkongsamba, il sillonne les artères de la ville avec des exemplaires dudit journal. « C’est avec cette technique que je réussis à vendre plus que les autres », s’enorgueillit-il.
Agé de 45 ans, Tatcha a fêté les trente années de son expérience dans les journaux en même temps que le quotidien Le Messager. Il confie qu’il partage d’ailleurs une amitié particulière avec Puis Njawe, le directeur de publication du Messager. Marié et père de plusieurs enfants, Tatcha avoue que son activité rapporte moins qu’il y a dix ans par exemple. « Les gens ne lisent plus beaucoup. Ils essaient plutôt de survivre », constate-t-il.
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