Ils sont une trentaine dans le hall de l’agence qui manifeste, chacun à sa manière, leur ras-le-bol. Pendant que certains sont affalés sur des fauteuils, complètement dépassés par la situation, d’autres ont pris d’assaut le bureau d’Aboubakar Machia Mbara, responsable régional de Camair-Co. Les clients en furie protestent contre les annulations à répétition d’un vol de la compagnie. Le Boeing 767 -300 ER plus connu comme «Le Dja», son nom de baptême, n’est toujours pas parvenu à les transporter vers leur destination.
«Nous attendons depuis lundi [le 23 juin], déclare une femme, et jusqu’aujourd’hui, nous n’avons toujours pas pu embarquer, alors que nous avons déjà tout payé». « Hier, [le 27 juin], on pensait que les ennuis étaient finis. Ils nous ont fait embarquer à Nsimalen, mais à une heure du matin, on nous fait comprendre que nous ne pouvons plus partir, qu’il faut immédiatement débarquer. On nous a remis toutes nos affaires alors que les timbres d’embarquement avaient déjà été payés, les bagages étiquetés» poursuit un homme qui a du mal à cacher son amertume.
Bis repetita
L’incompréhension des clients est d’autant plus vive que la direction de la compagnie ne leur fournit aucune information, ni sur les raisons du retard, ni sur la date du prochain embarquement. Derrière son bureau, Aboubakar Machia Mbara peine à contenir le flot de complaintes, et de récriminations, qui s’abattent sur lui. Sa suffisance n’aide pourtant pas à abaisser la tension.
Dans sa tentative d’explication, il se contentera de demander aux passagers en colère d’être davantage patients que la compagnie faisait de son mieux pour que la situation revienne à la normale. Il affirmera être en contact téléphonique avec le directeur général et qu’il ne pouvait rien faire d’autre pour eux. A ceux qui lui promettaient que son attitude lui coûterait son poste, le responsable lâche : « des crises comme celles-ci nous en avons déjà eues ». Une cliente qui était prête à en découdre, crachait que « c’est la quatrième fois cette année que la Camair me fait ça ! ». Aboubakar Machia Mbara refusera de recevoir les journalistes.
En off, un responsable explique au Messager que lundi le 23 juin, l’avion était en train de subir les révisions nécessaires entre deux vols. Mais au moment de repartir, un voyant signalant une défaillance technique s’est déclenché sur le tableau de bord du pilote. Ce dernier a refusé de prendre les airs dans ces conditions. Le second avion de la compagnie étant toujours cloué à Paris pour une facture impayée de 600 millions Fcfa. Qu’est-ce qui est prévu pour satisfaire les clients? Il haussera les épaules en signe d’impuissance, avant de reconnaître que le départ sera programmé après le travail de l’équipe technique éthiopienne.
Lorsque nous mettions sous presse, Hugues Mballa de la cellule de communication de Camair-co, que Le Messager a contacté hier lundi 30 juin 2014, nous dira que «ce n’est pas la première fois que nos passagers en colère s’en prennent aux employés de Camair-co. Le vol avait été tout simplement annulé pour des raisons techniques. L’aéronef, le Dja en l’occurrence n’était prêt. Il est reparti en révision et devrait être de retour ce soir ou demain. D’ailleurs un service de réclamations existe pour gérer les récriminations des clients». A-t-il soutenu.
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