L’artiste et son kinésithérapeute ont donc écopé de six (6) mois de prison ferme et condamnés solidairement à leurs dépens à la somme de 26.300Fcfa.Ce verdict était certainement le moins attendu dans cette affaire, au regard de la mine affichée par les membres de la famille des accusés, de même que Me Ngai Jean Calvin, un de leurs avocats. En effet, en l’absence des témoins de l’accusation mardi dernier au tribunal, les débats ont été très houleux.
Et c’est autour de la perquisition et de la saisie des outils qui accompagnaient l’artiste dans sa grève de la faim devant l’ambassade des Etats unis que les débats ont achoppé. Il s’agit entre autres de quatre pancartes expliquant les raisons pour lesquelles Joe la conscience observe une grève de la faim, 19 T-shirts portant le message " Don’t touch my constitution ", de cartes de visites d’agents de l’ambassade des Etats-Unis, lieu où l’artiste observait une grève de la faim pour protester contre la révision de la constitution et la fermeture des organes de presse du groupe Equinoxe et Magic Fm, une somme de 20.000Fcfa,…
D’entrée de jeu, la défense des accusés assurée par Mes Ngai Jean-Calvin et Youmbi Njouonang, avait déjà observé que la procédure n’a pas été respectée. Pour Me Ngai, " les articles 93 et suivants du code de procédure pénale voudraient que l’officier de police judiciaire qui perquisitionne dispose d’un mandat, qu’il se fasse fouiller par le maître des lieux, et que tout cela soit mentionné sur le procès verbal. Or il n’est nulle part mentionné dans ce procès verbal que cela a été fait ". En plus, " mes clients ne savent même pas quand a eu lieu la perquisition, puisque ce n’est que le lendemain qu’on leur a montré ce qui a été saisi ; et mon client en a fait des observations écrites que voici ", avait-il précisé avant d’ajouter que " l’inobservation de cette procédure entraîne la nullité de la perquisition ". C’est donc contre le gré la défense que le président du tribunal a retenu ces éléments comme pièces à conviction.
Pour autant, en l’absence des témoins de l’accusation, le procureur de la république a eu de la peine à convaincre les avocats de la défense sur l’inculpation des accusés. Incapable de prouver que les accusés avaient organisé une quelconque réunion sur le lieu de l’interpellation. Citant l’article 231 du code de procédure pénale, et dans un air détendu, Me Youmbi a fait savoir que le manifestant est " toute personne qui participe à l’organisation d’une réunion à un lieu ouvert au public " ; or pour lui, " il n’y a eu aucune invitation, ni aucune manifestation ".
Joe a d’ailleurs pris à témoin les vigiles de l’ambassade qui ont assisté à l’interpellation, au cas où les gendarmes qui les ont arrêtés ne peuvent venir témoigner. L’avocat a terminé en se demandant ce que font " des gens qui ont porté atteinte à la sûreté de l’Etat, au centre administratif ", c'est-à-dire un tribunal de droit commun. Ces plaidoiries ne pèseront da assez pour que la main du juge soit légère. Pour autant, Me Ngai compte " relever appel pour que cette décision soit annulée parce que nous constatons que les magistrats ont reçu des instructions de les condamner ".
Source: Quotidien Mutations
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