Tsinga Elobi, il est environ 21h. Nous sommes vendredi 05 octobre 2004. Une jeune fille d'une vingtaine d'années avance à pas hésitants dans cette rue obscure et glauque. Elle est contrainte de réduire quelques kilomètres de sa distance, car elle n'a que 100F pour le taxi qui la déposera au quartier Ngoa-Ekelle, au lieu dit Cradat. L'entreprise est risquée, mais a-t-elle le choix? Soudain, trois jeunes gens, armés de couteaux, surgissent des ténèbres et la traînent dans les marécages de ce quartier. Ses hurlements ne réussissent pas à la sortir des mains de ses bourreaux. Elle est sauvagement violée et dépouillée de son téléphone portable. C'est complètement défigurée et les vêtements en lambeaux que l'infortunée, qui serait étudiante à la Faculté des sciences de l’Université de Yaoundé I, sort des bas-fonds de Tsinga Elobi, ainsi que nous le raconte un riverain, qui affirme l’avoir aidé à rentrer chez elle.
"Quand je l'ai rencontrée, affirme-t-il, il était environ 22h30. Moi je rentrais du travail. Elle était en train de pleurer. Je l'ai approchée et elle m'a expliqué ce qui s'était passé. Ses habits étaient déchirés et elle saignait. Je lui ai trouvé un peu d'eau et elle a nettoyé tout ce sang. Ensuite, je lui ai donné 300F, de quoi emprunter un taxi pour le Cradat". Selon cette même source, qui a requis l'anonymat, la victime serait allée voir les policiers qui patrouillaient à quelques pas de là, lesquels lui ont demandé "ce qu'ils pouvaient bien faire". Le cas de cette étudiante n'est pas isolé. Selon des sources dignes de foi, partir de la pharmacie Elobi pour Niki Mokolo est devenu suicidaire.
Car, tous les soirs, des bandes de malfrats se postent dans les environs pour se droguer et commettre les crimes les plus odieux. Les femmes qui attendent le taxi ou qui, pour une raison ou pour une autre se retrouvent à cet endroit à une heure "indue", sont leurs principales cibles. Ils ont une technique bien connue de notre source : "à partir de 20h, ils se placent au niveau du carrefour Niki. Ils repèrent une victime potentielle, généralement les dames qui ont un sac-à-main. Dès que cette dernière emprunte un taxi, l'un d'eux propose 100F au même taxi pour descendre avant Tsinga Elobi, ce que ce dernier ne peut refuser car c'est à moins d'un kilomètre. Avant la pharmacie Elobi, il demande à descendre et c'est alors qu'en sortant, il arrache le sac de sa victime et fond dans la nature".
C'est ainsi que tous les soirs, les victimes de ces malfrats du lieu dit pharmacie Elobi se comptent par dizaines. Une situation qui écoeure les riverains, qui se disent abandonnés par les forces de l'ordre, pourtant toujours en patrouille à cet endroit. "Chaque fois que ces gars tuent et volent ici, les policiers disent que c'est dangereux pour eux d'entrer dans le quartier. Ce qui fait que ces bandits n'ont même plus peur de rien. Vraiment, il faut qu'on nous aide, même en organisant des rafles ic ; on pourra découvrir dans leurs domiciles des objets volés. Ce sont des gars du quartier", se plaint un habitant.
|