“Nous sommes désormais des exilés politiques placés sous la protection des Nations unies. Nous avons eu simultanément l’asile politique au Canada et en France. Pour des raisons stratégiques, nous avons préféré nous installer à Paris en France afin de suivre de près ce qui se passe au Cameroun et de mieux contrôler la situation. Pour ceux qui seraient tentés de douter de notre présence en France, nous permettons au journal Le Messager de publier les décisions du ministère français des Affaires étrangères nous accordant le droit d’asile. ”
Albert Léopold Ebene qui tient ces propos se veut rassurant. Cet ex-commissaire de police, chef de service de la recherche et du suivi à la direction des renseignements généraux à la délégation générale à la sûreté nationale (Dgsn) au moment de sa révocation, renseigne sur le lieu où son collègue Junior Christophe Zogo et lui se trouvent.
Ils avaient été radiés du corps de la police camerounaise le 4 septembre 2006 à la suite d’une enquête interne ouverte contre eux.
Les commissaires de police Albert Léopold Ebene et Junior Christophe Zogo ainsi que leur collègue Kergnine Kerbaï étaient accusés à l’époque d’ “ indélicatesse grave et compromission portant atteinte à la considération de la police, négligence caractérisée et manquement aux consignes. ” Quelques mois après leur révocation de la police, ces jeunes étaient signalés au Canada. De leur exil canadien, ils avaient essuyé leurs pieds sur Edgar Alain Mebe Ngo’o, délégué général à la sûreté nationale, ses collaborateurs et d’autres pontes du régime ainsi que certains leaders de l’opposition.
Avis sur des sujets brûlants
Depuis lors, l’on n’avait plus beaucoup entendu parler d’eux. Et pourtant, Albert Léopold Ebene et ses camarades animent
régulièrementdes conférence-débats sur les différents faits marquant du Cameroun. La visite de Paul Biya en France, la tuerie de Bakassi, le débat sur la révision de la constitution et autres sujets brûlants de l’actualité sont régulièrement passés au peigne fin. Pour Bakassi, ils pensent que “ ce drame, une fois de plus, est une conséquence de l’incurie du régime Biya. Ce que l’opinion publique nationale ignore c’est que ces malheureux soldats ont fait les frais des trafics et magouilles (…)” Ils invitent les familles des victimes de ce scandale à se réunir en collectif afin de monter un dossier pour traduire les auteurs de ces actes devant les juridictions pénales internationales.
Sur la modification de la Constitution, ces anciens commissaires de police ne mâchent pas leurs mots. “L’Etat de droit suppose le respect de la Loi fondamentale et l’acceptation de l’alternance au pouvoir. Tout citoyen, fut-il président de la République, qui ne respecte pas ces principes de base préalables à tout Etat de droit n’est ni plus ni moins qu’un dictateur. Et lorsque nous avons taxé Biya de dernier vestige des dictateurs modernes qu’ont été Mobutu, Ceaucescu et autres dans une interview accordée à ce même journal, des gens ont estimé que nous sommes allés trop loin. Nous pensons aujourd’hui que les faits nous donnent plutôt raison. Sous d’autres cieux, des grands leaders de ce monde comme Roosevelt ont modifié la Constitution avec le consentement du peuple pour parachever des programmes ambitieux et salutaires de réformes et de refontes de leur pays comme la politique du “ New deal ” ”.
Commentant la dernière visite de Paul Biya en France, ils disent “ louer la ténacité et l’opiniâtreté dont a fait preuve Biya pour forcer la main du président Sarkozy pour se faire recevoir. Cela démontre encore une fois de plus que nos dirigeants ne sont rien sans la France. Cette visite, loin d’être un succès, a été un fiasco. ”
Source: Le Messager
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