Pour lui, cette institution est responsable du trépas du solide milieu du terrain des Lions Indomptables. On se souvient que le colosse numéro 17 camerounais s'était effondré alors que les Lions Indomptables étaient face à la Colombie pour les demi-finales de la Coupe des confédérations édition 2003, organisée en France.
Mais de quoi était mort Marc-Vivien Foe ? La thèse de la défaillance cardiaque survenue si brusquement à un sportif d'une si longue expérience du haut niveau ne convainc décidément que ceux qui veulent le croire et ceux qui avaient intérêt à voir la page rapidement tournée. Il y a aussi cette thèse de pratique de magie déversée dans la rue, qui n'est rien d'autre qu'une moquerie à la mémoire de celui qui restera l'un des surdoués du football camerounais.
En réalité, tout s'est toujours passé comme si personne ne voulait prononcer la vérité suspendue pourtant au bout des lèvres. Mais la vérité finit toujours par triompher et qu'importe de quelle source elle naît. C'est le président bolivien qui vient de se charger de dire la vérité sur la mort du footballeur camerounais le plus pleuré dans le monde. Pour lui, la responsabilité du drame est à coiffer sur la tête de la Fifa, qui a eu la triste idée d'inventer la Coupe des confédérations et surtout de la greffer dans le calendrier à une période critique pour les joueurs, et sans prendre en compte les caprices de dame météo.
La coupe des confédérations, a expliqué Evo Morales, tombe toujours mal. Puisque les joueurs sortent cuits à point, après un calendrier sportif éprouvant au niveau des compétitions nationales. Un surplus d'efforts, pour n'importe quel athlète peut être que fatal, surtout quand on doit compter avec les caprices de la météo. Le stade Gerland à Lyon et la France en général baignaient dans une vague de chaleur terrible durant cette édition de la Coupe des confédérations de 2003.
On se souvient de la petite forme des vedettes du Brésil ; de la démission a la dernière minute du Français Zinedine Zidane et bien d'autres ; l'essoufflement de la Turquie pourtant grande révélation de la coupe du monde un an plus tôt. Quant au Cameroun qui signe un parcours royal, il paye le plus lourd tribut : Marc-Vivien Foe ne portera plus le maillot des Lions Indomptables.
Grâce à Evo Morales, la mémoire du héros camerounais résonne à nouveau sur le toit du monde cette année. Au Cameroun son pays, tout semble se faire pour effacer à jamais la mémoire de Marc-Vivien Foé. L'anonymat que Paul Biya et les siens ont réservé au quatrième anniversaire de la mort de Foe est une honte nationale. Comme le furent le premier, le deuxième et le troisième funeste anniversaire. Sa famille attend toujours que l'Etat donne suite à tant de belles promesses faites quatre ans plus tôt devant la dépouille de Marco.
Morales contre Blatter
Mais si Evo Morales a dit enfin la vérité sur la mort de Marco, ce n'est pas pour sympathiser à ce qui se réduit désormais au pays de Paul Biya à la famille Foe. C'est que le très populaire président bolivien décochait des flèches contre la Fifa qui venait d'interdire la pratique des compétitions de football sur des terrains perchés en haute altitude. Selon les experts de la Fifa, les terrains en haute altitude se caractérisent par la raréfaction d'oxygène souvent critique pour les formations visiteuses.
Des stades pour la plupart appartenant à des pays de l'Amérique latine entraient ainsi automatiquement dans la liste noire de la Fifa. Parmi eux, le fameux stade mexicain de Tuloca qui a pourtant déjà servi de cadre à plusieurs matches de coupe du monde au cours des deux éditions déjà organisées par le Mexique. "Si l'on peut faire l'amour à un endroit, on peut y pratiquer n'importe quel sport olympique" a rétorqué le président Evo Morales ayant associé à sa cause les fédérations de football de la Confédération sud américaine pour combattre la décision de la Fifa.
Puis, ce mordu du football a chaussé ses crampons et est monté sur un stade situé en haute altitude pour livrer une partie de football aux côtés des villageois. Et en redoutable avant-centre depuis son enfance, il a signé l'unique but du match. Dans cet élan de tenir tête à la décision de la Fifa, Evo Morales rappelait qu'on n'avait jamais enregistré un joueur décédé au cours d'un match joué sur un terrain en haute altitude.
Pour appuyer son propos, il revenait sur le drame de Marc Vivien Foe. Du coup, le coup de gueule du président bolivien lui a valu une invitation au siège flambant neuf de la Fifa en Suisse. Puis il a joué au football dans les jardins du luxueux siège de la Fifa avec Sepp Blater. Paul Biya peut donc réaliser que la vérité ne tue pas.
Source: Le Messager
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