Elle devrait s’achever ce vendredi 19 mai à Cotonou au Bénin. A Cotonou, Sarkozy inaugurera ce jour, le marché de Vedoko en compagnie du nouveau président béninois, Boni Yayi et du maire de la ville, l’ancien président Nicéphore Soglo. Puis, il donnera devant la classe politique béninoise, une conférence sur la politique africaine de la France.
De cette politique, il a déjà beaucoup été question lors de son étape bamakoise où le très probable futur candidat de l’Ump à la prochaine élection présidentielle française a eu des entretiens avec les plus hautes autorités maliennes, dont le président Amadou Toumani Touré. Lors de ces entretiens, il a beaucoup été question de ce que Sarkozy appelle le ‘’co-développement’’, et de la question de l’immigration. C’est clair, le ministre français de l’Intérieur, est venu en Afrique pour tenter de faire avaler aux Africains sa politique dite de l’ “ immigration choisie ”, très dénoncée sur le continent noir.
Cette politique sera traduite par une Loi Sarkozy votée mercredi à l’Assemblée nationale française par 367 voix contre 164.Le texte qui est censé permettre à la France de passer d'une immigration “ subie ” à une immigration “ choisie ”, durcit les conditions d’entrée et de séjour au pays de Jean-Marie Le Pen. Il rend ainsi plus difficiles les mariages mixtes entre Français et étrangers et rend pratiquement impossible le regroupement familial qui ne sera désormais plus qu’une exception.
Le texte abroge également la régularisation de plein droit des clandestins de plus de 10 ans et durcit les procédures de reconduite à la frontière. Désormais, seuls pourront émigrer en France les diplômés des pays en voie de développement auxquels Nicolas Sarkozy promet des cartes de séjour baptisées ‘’compétences et talents’’. Cette Loi Sarkozy est violemment critiquée par l’opposition française. Au Parti socialiste par exemple, on estime que, “ extraire les gens, médecins, ingénieurs, informaticiens de leur pays d'origine sans contrepartie, c'est l'inverse du co-développement ”, tandis que le Parti communiste assure que l'immigration choisie aura des “ conséquences dramatiques pour les hommes, les femmes et les Etats” du Sud.
Accueil hostile
Les réactions sont beaucoup plus virulentes encore en Afrique. Et, pour une fois, les palais et la rue semblent voir les choses de la même façon. Il en est ainsi du président sénégalais qui, tout en reconnaissant à la France la liberté de définir sa politique de l’immigration, a tenu à protester mardi à Paris contre la nouvelle loi qui porte en elle des germes de pillage de l’élite africaine. “Le Sénégal consacre 40 % de son budget à l'éducation. Je vais former des cadres et ils vont développer l'économie française ! Je vais vous envoyer la facture pour que vous me remboursiez l'argent que j'ai dépensé ”, prévient Abdoulaye Wade.
Un collectif de députés maliens de la région de Kayes, dont sont originaires la plupart des quelque 40.000 Maliens vivant en France, est allé jusqu’à s’indigner de la visite de la visite de Nicolas Sarkozy, qualifiée de “ provocation ”. Comme l’explique un romancier malien, “ c’est se foutre d’une femme que de lui dire en entrant dans sa maison : Vous êtes belle et charmante. Je vous adore mais je ne veux pas voir vos vilains enfants. ”
Si cela ne devait dépendre que de la rue, Nicolas Sarkozy n’aurait même pas le droit de fouler le sol africain et serait tout simplement persona non grata. Roger Gbégnonvi, de l'Ong Transparency International-Bénin estime ainsi qu’“ il ne saurait être le bienvenu au Bénin et nulle part ailleurs en Afrique ”. Le ministre français de l’Intérieur a donc reçu un accueil très hostile pour ce séjour africain.
Des milliers de personnes ont participé à Bamako à une manifestation de protestation contre sa venue “ Sarkozy, persona non au Mali ! ”, “ Régularisez les sans-papiers ! ”, pouvait-on lire sur des banderoles brandies par des manifestants. “ Un raciste dans nos murs ”, a même osé titrer mardi, le quotidien Info-Matin. Pareil accueil n’avait encore été réservé à un officiel français en Françafrique. Sauf peut-être à De Villepin, au plus fort de la crise à Abidjan. C’est dire si le fossé entre la France et ‘’son’’ Afrique se creuse de plus en plus.
Source: Le Messager
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