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Homosexualité : Grégoire Owona au tribunal
(01/03/2006)
L’Anecdote reconnaît qu’il n’a pas les preuves contre le ministre.
Par Christophe Bobiokono

Il a affronté le public venu nombreux au Palais de justice de Yaoundé centre administratif.

Accompagné de son épouse, le ministre est venu assister à l’audience des citations directes consacrée aux procès en diffamation intentés contre L’Anecdote, Nouvelle Afrique et leurs éditeurs respectifs. Ces journaux avait créé l’événement le mois dernier en diffusant, chacun à sa manière, des listes de «présumés homosexuels». Grégoire Owona, dont le nom figurait dans ces listes, avait décidé de saisir la justice pour laver son honneur après avoir vainement exigé que les journaux en question lui présentent des excuses publiques.

Hier, les procès engagés par le ministre en étaient à leur quatrième audience. Au cours des trois précédentes, le tribunal s’était surtout attelé à examiner les questions de forme, pour savoir si la saisine de la justice avait été faite selon les règles de l’art. Les débats sur le fond de l’affaire étaient donc attendus, surtout que les accusés avaient laissé penser qu’ils détenaient une kyrielle d’éléments de preuve pour soutenir leurs «informations». Ils avaient d’ailleurs transporté au tribunal, dans une précédente audience, du matériel vidéo (écran et lecteur) qui semblait indiquer qu’un film allait les aider à confondre leur adversaire. Ce qui a participé à accroître la foule des curieux.

La plupart de ces curieux ont été surpris à l’audience d’hier. Et la première surprise est venue des avocats de Biloa Ayissi, le directeur de publication de Nouvelle Afrique. Ces derniers ont introduit une lettre récusant le tribunal, au prétexte que le juge avait fait fi des problèmes de forme, relevés sur l’acte de saisine du tribunal (la citation directe) pour passer à l’examen des questions de fond. Pour Biloa Ayissi et ses conseils, le tribunal avait ainsi montré sa partialité. Après un bref débat, le juge a rendu un «jugement avant dire droit», une espèce de sentence sur la forme, qui ordonne «le sursis à statuer» et renvoie la prochaine audience au 14 mars 2006. Biloa Ayissi a bénéficié d’un jugement similaire dans la cause qui l’oppose, pour les mêmes faits, au directeur de l’Hôpital de la caisse et au Dr Wamba, pédiatre dans le même centre hospitalier.



Enregistrement

La seconde surprise est venue de Jean Pierre Amougou Bélinga, le patron du groupe L’Anecdote. Les éléments de preuve attendus de ce dernier, pour justifier la publication du nom de Grégoire Owona, dans le Top 50 des présumés homosexuels du Cameroun, se sont limités à une conversation téléphonique enregistrée sur un support audio. Dans cet entretien, un personnage anonyme conseille au journal de publier le nom du ministre dans la liste des homosexuels, en arguant, entre autres, qu’il aurait divorcé de son premier lit pour pratiques de l’homosexualité. L’enregistrement s’achève sur une promesse de l’informateur anonyme, qui s’engage à fournir les preuves de ses allégations le moment venu. Ces preuves restent toujours attendues.

L’écoute de cette bande a jeté l’émoi dans la salle d’audience. Le public, qui avait hué l’entrée du ministre et applaudi les premières déclarations de l’avocat du journal, a sombré dans le silence devant l’absence des preuves. Les avocats de M. Owona et le juge ont donc entrepris d’interroger le directeur de publication sur le processus qui l’a amené à glisser le nom du ministre dans sa liste à controverses. On retiendra des déclarations de M. Amougou Bélinga en personne qu’il ne disposait pas des preuves permettant de dire que Grégoire Owona était homosexuel. «C’est pour ça que nous sommes restés professionnels en disant qu’il est présumé homosexuel», a-t-il déclaré. A la question de savoir s’il avait recoupé son «information», Jean Pierre Amougou Bélinga a répondu, passablement agacé : «Vous voulez que je recoupe ça comment ?»


«Experts»

Certaines réponses de l’accusé ont semblé indiquer que son journal avait été en urgence, trois jours après ce coup de fil anonyme. Or, comme l’a relevé un avocat, l’Anecdote avait pris soin de dire dans ses colonnes que son enquête avait été menée pendant près de trois ans. Et que leurs investigations avaient été recoupées à de multiples sources.
Pour sa défense, M. Amougou Bélinga avait fait venir «deux experts» en journalisme pour éclairer le tribunal sur la pratique du métier de journaliste. En réalité, il s’agissait de deux employés de l’accusé (Gilbert Tsala Ekani et François Bikoro).

Seul Gilbert Tsala Ekani sera autorisé à exposer son expertise. Et, à la question de savoir s’il était en mesure, en tant qu’expert, de publier une « information » donnée par un anonyme à son journal au risque de diffamer une quelconque personnalité, la réponse de M. Tsala Ekani sera ambivalente : si je travaille pour le compte d’un journal gouvernemental, je ne la publierai pas parce ce que ce n’ai pas là-bas qu’on trouve des journalistes courageux. Mais, si j’ai mon journal, je la publierai, a-t-il dit en substance. La suite du procès a été renvoyée à ce 1er mars à 12h.




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