L’interpellation par les forces de l’ordre hier, mardi 21 février 2006, de certains anciens directeurs généraux de sociétés à capitaux publics (Gilles Roger Belinga, Joseph Edou et Emmanuel Gérard Ondo Ndong), mis ensuite à la disposition du procureur de la République près les tribunaux de Yaoundé centre administratif a produit des dégâts collatéraux. Les trois entreprises concernées, notamment la Sic, le Crédit foncier et le Feicom, récemment dirigées par ces hommes aux qualités managériales très peu convaincantes ont été prises d’assaut dès la matinée par des éléments des forces de l’ordre.
Il n’y a pas eu travail hier à l’immeuble-siège du Crédit foncier du Cameroun. A peine deux heures seulement après l’ouverture des bureaux, les forces de l’ordre spécialisées ont pris d’assaut les locaux. Outre les perquisitions des bureaux, les forces de l’ordre ont interpellé trois hauts responsables de cette institution. Il s’agit respectivement du directeur financier, du directeur des réseaux et de l’inspecteur général chargé des finances. La destination prise par ces derniers est restée inconnue. Selon des sources introduites, les forces de l’ordre ont emporté des documents comptables du Crédit Foncier du Cameroun. D’autres collaborateurs de ces ex-Dg sont tombés dans les mailles des forces de l’ordre dont la descente sur le terrain a surpris toutes les personnes ciblées par l’opération.
En se rendant à son bureau ce mardi 21 février 2006, monsieur Ossombo Bidjang Simon, caissier principal à la Sic n’a pas imaginé que cette journée connaîtrait un revirement dramatique pour lui, ou du moins qu’il connaîtrait le même sort que son ancien patron. Car, au lieu de son bureau au confort douillet, ce cadre s’est plutôt retrouvé dans une cellule de la police à Yaoundé. Cet employé de la Sic était l’une des cibles des éléments de la police. Les forces de l’ordre ont aussi embarqué d’autres responsables de la Sic, parmi lesquels : Nana Nsime Patrice, chef de service de la maintenance, Atéba Enobo Jeanne, chef de service adjoint de la coordination et le directeur technique, Soppo François-Roger. Amougou Jules, le chef de service de gestion locative quant à lui serait sorti de son domicile de la Cité Verte très tôt ce mardi 21 février 2006 directement pour une cellule de la police, sans transiter par son bureau comme ses autres collègues.
Complicité
Selon certaines sources proches de la Sic, ces cadres auraient participé à toutes les mauvaises manœuvres managériales de Gilles Roger Belinga, l’ex directeur général de cette entreprise à la santé financière précaire et au service chaotique. Au siège de la Société immobilière du Cameroun, malgré une journée de travail traumatisante marquée par l’intrusion des policiers qui ont bloqué tous les postes téléphoniques, fixes et portables, en immobilisant tout le personnel auquel se greffait tout usager présent à la Sic ce mardi matin, ces arrestations sont plutôt accueillies avec une certaine dose de fierté. Selon certains employés rencontrés à la Sic, Gilles Roger Belinga, en plus de quinze ans de gestion, n’a pas été à la hauteur des attentes. “ Monsieur Belinga n’a jamais été un bon gestionnaire, il a brillé par la gabegie. Sa direction était la pire des choses qui pouvaient nous arriver ”, lâche un employé en se réjouissant de ces arrestations qui sont “ comme une épine enlevée de notre pied. ”
Selon un autre cadre de la Sic, sous le couvert de l’anonymat, ces employés arrêtés “ étaient indexés depuis, car c’est eux qui géraient les fonds de l’entreprise ”. Il se réfère notamment à une mission de contrôle qui aurait interrogé les documents comptables de la Société immobilière du Cameroun il y a quelques années, en y relevant une bagatelle de malversations. Selon lui, ses collègues arrêtés hier, au même titre que l’ex directeur général, paient les frais d’une “ gestion catastrophique ” à laquelle ils ont participé activement en contrepartie de quelques dividendes, aux détriments des intérêts des autres employés dont les moindres avantages et avancements auraient été gelés par Gilles Roger Belinga. Visiblement gai, un employé de la Sic essaie de galvaniser ses collègues sidérés par l’expédition de la police. “ Vous êtes traumatisés pourquoi ? On s’y attendait ”, affirme-t-il sereinement. Un autre lâche : “ nous autres, ça ne nous dit rien ; ils ont très mal géré la Sic. ”
Au siège du Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale, Feicom, la morosité est au rendez-vous. Le portail est hermétiquement fermé. Le vigile filtre toutes les entrées ; il rejette avec rigidité les sollicitations de toute personne étrangère à l’entreprise. Avec un manque de vigilance on aurait cru que la situation était moins turbulente qu’à la Sic. Mais à regarder attentivement entre les entrebaillements du portail, l’on se rend compte que les policiers sont massivement présents dans les locaux du Feicom, ex empire d’Emmanuel Gérard Ondo Ndong, le tout puissant Dg dont le sort est aussi entre les mains de la justice. Le siège du Crédit foncier n’a pas échappé à la visite des éléments de la police et de la gendarmerie.
Après avoir récolté les honneurs dus au rang de directeur général, ces personnalités et leurs acolytes sont appelés à se familiariser désormais avec les cellules infectes de la prison centrale de Kondengui ou du secrétariat d’Etat à la Défense (gendarmerie nationale) avec au passage le mépris des gardiens de prison. Une vraie descente aux enfers.
Source: Le Messager
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