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Gaston Kelman : Le Noir doit cesser de pleurnicher
(09/10/2005)
Pour la sortie de son deuxième livre "Au delà du Noir et du blanc", Gaston Kelman s'exprime sur la question de l'homme Noir dans les colonnes du quotidien mutations...
Par Serge A. Godong

Pour la sortie de son deuxième livre "Au delà du Noir et du blanc", Gaston Kelman s'exprime sur la question de l'homme Noir dans les colonnes du Quotidien Mutations.

Dans un langage venimeux, l’auteur à succès et à polémiques estime que l’autoflagellation est la pire des damnations.

N’est-ce pas précipité de produire un nouveau livre, deux ans après le succès retentissant du premier, Je suis noir et je n’aime pas le manioc?

Ce nouveau livre n’arrive pas comme une précipitation. C’est juste une suite logique; vous savez que sur le premier, six mois après sa parution, il était devenu un vrai sujet de débat. Et je pense que la littérature sur la question noire en France doit être présente, occuper l’espace qu’elle n’a pas encore pu occuper jusqu’ici. Dans le premier livre, je voulais mettre les Noirs et les Blancs dos à dos, et dans celui-ci, ce ne sont que les Noirs qui m’intéressent, principalement. Je crois que le plus urgent est, aujourd’hui, de convaincre le Noir de l’égalité qui le lie au Blanc en lui demandant de la conquérir. Le problème du Noir n’est pas tant celui de l’inégalité ou de ses complexes, que celui de son invisibilité. Le Noir doit donc lutter, sortir de ses tares, aller vers les autres, sortir de l’afrocentrisme, du syndrome de l’évolué, du «peuple maudit». Je m’en fous qu’on me dise que je fais le jeu des Blancs ; je me fiche de ce qu’ils lisent mon livre, parce que ma seule vraie cible, c’est les Noirs. J’estime que c’est là où j’ai une responsabilité.

Après toutes les polémiques au centre desquelles vous vous êtes retrouvé après le premier livre, vous n’avez donc pas peur de devenir un banni parmi les vôtres ?

Je n’ai pas peur de l’excéder. Elle est aujourd’hui dans une approche par laquelle elle veut s’exclure du monde; et c’est tant pis pour elle. Moi je ne me soucie pas outre mesure de la susceptibilité des gens: si un propos est faux dans mon livre, qu’on le relève ! Et là, je fais amende honorable. Le débat et l’espace démocratique dans lequel nous nous trouvons m’autorise de tout dire ce que je pense sur le comportement des Noirs. Il faut bien savoir que je ne suis pas un pionnie ; relisons pour cela Franz Fanon à la suite de qui je m’inscris complètement !





Justement, vous vous réclamez d’une très forte filiation intellectuelle et même morale, vis-à-vis de Fanon: Mais qu’apportez-vous vraiment de nouveau par rapport à lui? Quelle ligne de démarcation entre vous?

Je m’inscris justement dans une pensée qui n’a jamais été écoutée. J’estime que si Fanon avait encore été vivant, il y a des tas d’erreurs qu’on ne ferait plus : on ne serait plus en train de demander des réparations pour l’esclavage ou d’accuser les Blancs de tous les maux. Mais je n’ai pas du tout l’impression qu’il a été entendu : on m’a par exemple reproché de taper sur le Noir, mais il faut qu’on revienne à nos classiques, pour voir ce qu’ils ont été ! Il y a eu Franz Fanon, Francis Bebey et quelques autres. Etant donné qu’ils n’ont pas été suffisamment entendus, il m’a semblé légitime de rappeler leur pensée et de m’en inspirer autant que possible pour poursuivre leur «combat». Fanon, dans Peau noire masque blanc, commence son livre en disant, «moi je n’ai pas de certitudes, mais il y a des questions qui méritent d’être posées». Et si on l’avait compris, je vous assure qu’on ne serait pas dans cette approche de certitudes dans laquelle on est, sans recul.

Vous étonnez pas mal par votre position sur l’esclavage et la colonisation, demandant clairement que l’Africain n’en reste pas prisonnier: mais est-il réellement possible – et raisonnable – pour l’Africain de vivre aujourd’hui sans ces références?

Soit un passé est constitutif d’une identité positive, et on l’introduit dans le présent; soit il est traumatique et on essaie d’en guérir. Je n’imagine pas que mon passé qui est traumatique soit ce qui construit aujourd’hui mon présent. C’est de l’autoflagellation. Pourquoi vouloir qu’un jeune Hutu par exemple reste aujourd’hui prisonnier des combats que ses parents ont eus contre les Tutsi? Et pourquoi penser que la jeunesse juive doive nécessairement se donner le temps de se construire des rancunes sur la Shoah? Je n’ai jamais nié les méfaits de l’esclavage, comme certains ont eu à la dire. Mais mon problème est qu’on n’exagère pas sur son importance ou ses répercussions chez les Africains d’aujourd’hui. A vrai dire, mon plus grand problème, comme je l’ai toujours dit, est davantage la colonisation, qui a été une vraie tragédie, loin de quelques côtés positifs que quelques-uns croient devoir lui trouver aujourd’hui.


Source : Quotidien Mutations


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