Assis sur des tabourets à l’entrée de leurs boutiques au
quartier Briqueterie à Yaoundé, le regard évasif, des commerçants musulmans
attendent impatiemment un potentiel client. Devant des ateliers de vente de
pagnes, les tissus de différentes catégories sont superposés sur des battants
dans l’attente de clients qui, pour l’heure, se font rare. C’est en désespoir de
cause que les commerçants appellent les passants pour leur proposer des
articles. Cette façon de faire est plus accentuée en cette période de fin de
Ramadan. C’est que, pour certains, les moyens financiers ne sont pas suffisants
pour préparer la fête de Ramadan prévu en début de semaine prochaine. “ J’ai
trois femmes et dix enfants. Les économies dont je disposais se sont épuisées
dans les préparatifs de la rentrée scolaire. Et, à l’heure qu’il est, tous ne
sont pas encore inscrits à l’école. Mais, je suis obligé de faire quelque chose
pour la fête. Les enfants insistent pour avoir des habits neufs ”, explique
Aboki, un commerçant de pagne.
Les activités commerciales qui parfois battent leur plein à
cette période au quartier Briqueterie sont au ralenti. Pourtant, la plupart des
commerçants espéraient tirer leur épingle du jeu à cette occasion du Ramadan.
Chez “ Darou Salam ”, couturier spécialisé dans les tenues féminines, il n’y a
aucun client dans son atelier. Aidé par son apprentie, Darou Salam ajoute un
autre mannequin vêtu d’une gandoura rouge au milieu de sa collection de
mannequins. “ C’est ma dernière création que je baptise “ Joker ”. Car, je
n’ai pas eu autant de clients comme à l’accoutumée ”, précise-t-il avant
d’ajouter : “ A cette heure l’année dernière, j’étais saturé par les
commandes. Cette année c’est grave, C’est avec beaucoup de peine que j’ai pu
retenir une dizaine de clients depuis presque un mois. Ceux-ci proposent des
prix très bas, parce qu’ils préparent en même temps la rentrée scolaire. C’est
dans l’espoir d’attirer plus de clients que j’ai cousu cette gandoura ”.
Chez les ménagères, le rythme des préparatifs varie d’une maison à une autre. “
Nous achetons le nécessaire à savoir : les poulets, pagnes et bien d’autres
au fur et à mesure que l’argent réservé à cet effet est disponible. Pour ce qui
est des aliments nous les conservons au congélateur en attendant le Jour J
”, raconte Aïssatou, une ménagère.
Source : Le Messager
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