Ces régularisations qui embrouillent
Qu’est-ce que peut bien vouloir
dire «régularisations au cas par cas» dans une démarche «positive»? De nombreuses
voix s'élèvent à gauche et à droite pour réclamer une clarification, voire une révision
des critères de régularisation des dizaines de milliers de salariés sans papiers
en France, après la grève de 600 d'entre eux menée depuis une semaine en Ile-de-France.
Si le processus de régularisation de ces quelque 600 travailleurs sans papiers,
en grève depuis le 15 avril, paraît en bonne voie, la question reste entière pour
tous les autres dont on ignore le nombre exact.
Le credo du ministre de l'Immigration, Brice Hortefeux, «pas de régularisation massive»,
seulement «du cas par cas» au niveau des préfectures, est battu en brèche au sein
même de
sa majorité. Pour le député UMP Etienne Pinte, interviewé mercredi dans
«Le Parisien», les déclarations gouvernementales expliquant que les dossiers seront
examinés au «cas par cas» sont «une posture pour éviter d'être accusé de vouloir
régulariser en nombre». «La plupart de ces gens seront effectivement régularisés,
ça me paraît évident», ajoute-t-il, estimant par ailleurs qu'«il faut régulariser
ceux qui sont là depuis de nombreuses années et qui ont des attaches très fortes
avec notre pays».
Une «formule passe-partout»
Le député PS Jean-Louis Bianco remarque aussi que l'examen au cas par cas
«est une position en trompe-l'œil». «S'il n'y a pas de critères, cas par cas veut
dire arbitraire [...] Au lieu de faire du chiffre, il faut au contraire afficher
des critères précis: un travail régulier, un logement, une ancienneté et une bonne
intégration», explique-t-il dans «Le Parisien».
Le président de la Cimade, Patrick Peugeot, a lui aussi réclamé mercredi une clarification
des critères de régularisation pour éviter toute «iniquité» de traitement. «Cette
formule passe-partout du ”cas par cas“, a-t-il dit sur France Inter, c'est la porte
ouverte à beaucoup d'aléas dans les décisions.»
D’autant que mardi, sur 20minutes.fr, Thierry Coudert, directeur de cabinet de Brice
Hortefeux, déclarait: «Les préfets verront si les dossiers qui leur seront transmis
collent à l'esprit de la circulaire.» Une circulaire où le ministère précise
la trentaine de métiers concernés par d'éventuelles régularisations, des postes
très qualifiés, loin de ceux occupés par les sans-papiers grévistes: informaticien
expert, géomètre, dessinateur du BTP...
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