L'apprentissage des langues maternelles se développe au Cameroun.
Dans la région du Littoral, qui compte environ 200 lycées et collèges, seuls les collèges Libermann de Douala et Herbert de Souza ont intégré les leçons en langues maternelles dans les programmes des élèves. Au collège Libermann, par exemple, les leçons de géographie, des mathématiques et autres sont dispensées en langues bassa, duala et ghomala. Seuls les élèves de 6ème et 5ème ont droit à cet apprentissage, à raison de deux séances par semaine.
Il se pose alors un problème de suivi. « Certains élèves, après ces deux classes, retombent le plus souvent dans l’illettrisme des langues apprises », relève Gaston Sop, enseignant de ghomala au collège Libermann. Selon lui, l’enseignement des langues maternelles dans les écoles n’est pas encore faite sur une grande échelle, et il est difficile de doter tous les élèves, après les deux ans d’apprentissage, des manuels pour qu’ils grandissent dans la langue apprise. Certains responsables des lycées et collèges à Douala affirment qu’il est difficile de trouver les professeurs capables de dispenser les cours dans les langues locales. Le préfet d’études au collège Libermann affirme que depuis des années, il n’a pas pu insérer la langue béti au programme, faute d’enseignants.
L’expérimentation du Minesec
Elles ont été introduites cette année scolaire au programme dans cinq établissements pilotes.
Dans un monde où il est désormais question de globalisation, l’élève doit être certes ouvert au monde, mais aussi et surtout être enraciné dans sa propre culture, et nos langues sont les vecteurs de cette culture. C’est, en tout cas, l’avis de Prosper Djiafeua, chef de l’unité des Langues et cultures nationales au ministère des Enseignements secondaires (Minesec). Pour atteindre cet objectif, le Minesec a, au début de cette année scolaire 2008-2009, lancé un programme pilote d’enseignement des langues nationales dans certains établissements secondaires.
Le projet qui rentre dans le cadre de la réforme du système éducatif au Cameroun concerne cinq établissements publics que sont le lycée général Leclerc à Yaoundé, le lycée d’Akwa à Douala, le Lycée de Njilikom dans le Nord-Ouest, le Lycée Classique de Garoua et le lycée de Bafang. D’après Prosper Djiafeua, « il s’agira d’enseigner la phonétique et la grammaire appliquée et aussi les cultures nationales ». Pour le moment, seules les classes du sous cycle d’observation sont concernées, c’est-à-dire la sixième et la cinquième. L’inspecteur pédagogique national ajoute qu’il est question de promouvoir toutes les langues nationales, sans discrimination. Cependant, il existe deux critères de choix des langues à enseigner : « description scientifique de la langue et disponibilité des ressources humaines et didactiques ». Après quelques années d’expérimentation, le programme devra être évalué et documenté, puis généralisé dans l’enseignement secondaire et inscrit aux examens officiels.
Au lycée général Leclerc où, depuis vendredi dernier, une banderole qui rappelle l’importance des langues nationales trône, les cours de langues maternelles n’ont véritablement commencé qu’au second trimestre, en option. Mais d’ores et déjà, Prosper Djiafeua croit savoir qu’ici, comme dans les autres établissements pilotes, les élèves les accueillent avec beaucoup d’enthousiasme.
Source: Le Jour Quotidien
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