Encore un évènement à Bakassi
Les deux individus, qui feraient partie du groupe d’agresseurs qui s’attaquent avec virulences aux forces armées camerounaises depuis quelques mois, avaient réussi à tromper la vigilance des forces de maintien de l’ordre en se fondant parmi les pêcheurs, en majorité des ressortissants nigérians.
« C’est en inspectant de près leurs pirogues que nous y avons constaté un contenu suspect, qui s’avèrera plus tard être des armes », a indiqué à APA, sous le sceau de l’anonymat et au téléphone, un soldat en poste dans la zone ayant participé à leur arrestation.
Les personnes ainsi interpellées sont actuellement en «exploitation» dans les brigades de gendarmerie de Limbe et d’Isobo, indique la même source.
Lors des interrogatoires, les enquêteurs auraient appris que les membres d’un certain Mouvement de libération du Delta du Niger (NDDSC) s’apprêteraient à perpétrer d’autres attaques d’envergure dans les zones d’Isanguele, Barracks et Munyia pour amener le gouvernement camerounais à ouvrir des négociations directes avec leur groupe.
L’une des mises en exécution de ces menaces est sans doute la nouvelle agression signalée samedi dernier à la base armée de Munyia, qui n’a échouée que grâce à la vigilance de militaires camerounais qui, cette fois, n’ont pas été surpris par l’attaque et ont repoussé les agresseurs venus en pirogue et qui ont pris la fuite.
Dans son édition de lundi, le quotidien privé Le Messager publie une interview d’un certain « commandant Dari », qui se présente comme l’un des représentants du NDDSC, qui a déjà publié deux communiqués vengeurs les 12 juin et 14 juillet derniers, revendique les attaques antérieurs et annonce d’autres actions d’envergure.
" C’est toujours nous qui avions attaqué. Nous avions averti. En fait nous étions fâchés parce que nous nous sommes adressés au consulat du Cameroun à Calabar ", explique au téléphone le présumé rebelle.
Nous avons dit que nous voulions parler avec les autorités camerounaises. On a promis de nous mettre en contact avec elles. Quelque temps plus tard, on nous a dit que les choses avançaient. Mais à un moment, quand nous appelions au téléphone, la ligne était coupée».
Pour le «commandant Dari», il n’y aura jamais de paix dans la péninsule de Bakassi tant que les autorités camerounaises ne discutent pas avec le mouvement rebelle qui compterait quelque 500 hommes.
Le NDDSC en voudrait particulièrement aux autorités camerounaises et nigérianes, qui ont réglé leur conflit frontalier sans se référer à lui.
« Nous disons que Bakassi c’est pour nous. Mais comme les Nations Unies ont décidé que le territoire revient au Cameroun, on ne discute pas ; c’est clair. Mais ce qu’ils ont oublié, c’est que pour que les deux pays-là aient la paix, il faut d’abord que les deux pays voient les habitants parce que certains vont se déplacer », indique celui qui affirme défendre les intérêts des ressortissants nigérians dans la péninsule.
Le «commandant Dari» annonce d’autres attaques dans une trentaine de jours : « Et cette fois, ça va aller fort. On va attaquer deux camps et ça va aller mal avec vous. »
Voici une semaine, des inconnus avaient déjà pris d’assaut la base militaire camerounaise à Munya, sur le fleuve Akwa Yafé, faisant sauter une poudrière sur pilotis, laissant 3 blessés du côté camerounais et emportant une dizaine de Kalachnikov.
Le 12 novembre 2007 et le 9 juin dernier, deux attaques attribuées par les autorités camerounaises à « des pirates puissamment armés (qui) écument la région du Delta du Niger » avaient fait respectivement 21 et 9 morts dans les rangs de l’armée camerounaise.
Bakassi avait été au centre d’un conflit armé entre le Nigeria et le Cameroun. Le 10 octobre 2002, la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye avait reconnu la souveraineté du deuxième pays cité sur cette zone de mangroves, présumée riche en hydrocarbures et en produits halieutiques.
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