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Cameroun : un corps traffiqué pour 5 millions de FCFA
(28/11/2009)
Un des morguiers à demi enterré en lieu et place du défunt, lâche du lest pour se sauver.
Par Le Messager (Donat Suffo)

Suhbeneba Maurice Suh, 41 ans, directeur adjoint de Naslan Company à Douala, décédé le 6 novembre dernier à Bafoussam, n’a pas été inhumé dans son Bafut natal vendredi dernier 20 novembre, comme initialement prévu. Son corps est porté disparu. La découverte est faite, lorsqu’on s’apprêtait à transporter, après les différents témoignages, le corps vers le caveau. Un des fils du défunt, apprend-on de sources crédibles, souhaite dévisager le corps avant qu’il ne soit porté sous terre. Grande est la stupéfaction de tous, de constater que le corps dans le cercueil n’était pas celui de Suhbeneba Maurice Suh, mais celui d’un certain Joseph Kuitche, originaire de Bamougoum par Bafoussam.

Dans un premier temps, on croit à une erreur, même si certains s’interrogent a priori comment on peut lever un corps de la morgue sans l’identifier au préalable. Du coup, ce corps apparemment confondu effectue le chemin retour à la morgue de l’hôpital Holy Family Care de Akum. Ici, toutes les chambres froides sont passées au peigne fin. Point de corps du regretté Suhbeneba Maurice Suh. Las d’attendre l’arrivée du vrai corps au lieu de l’inhumation à Njinteh Bafut, certaines personnes qui sont venues rendre un dernier hommage à l’illustre disparu, se déportent aussi à la morgue. La tension monte d’un cran. Sans se poser mille et une questions, la famille et les amis décident de se rendre justice.

Ils mettent à sac, mieux vandalisent les installations du centre hospitalier Holy Family Care. Une femme qui y était internée sous réanimation en oxygène, décède à la suite de cette violence, apprend-on de sources dignes de foi. C’est le sauve-qui-peut. Les malades sous perfusion quittent leur lit en catastrophe, afin de se sauver de cette furie. Bref, c’est la débandade totale.  Les forces mixtes de la légion de gendarmerie du Nord-Ouest et les éléments du groupement mobile d’intervention (GMI) numéro 6, informées, arrivent sur lieux. Ils ne peuvent que constater les dégâts. Néanmoins, par mesure de sécurité, ils y passent la nuit.

Mais c’était sans savoir que l’adjoint au morguier avait été ligoté comme une bête qu’on mène à l’abattoir et conduit manu militari par les « révoltés >» au lieu de l’inhumation à Njinteh Bafut. Le morguier principal ayant pris la poudre d’escampette. L’adjoint au morguier est mis dans la tombe destinée au défunt Suhbeneba Maurice Suh. Les mottes de terre sont versées sur lui jusqu’au niveau du thorax. Sentant sa vie menacée, il décide de lâcher du lest.  De sources concordantes, il aurait affirmé « qu’il n’est qu’une simple victime et que deux membres de la famille auraient approché deux jours auparavant son collègue (le morguier principal) à qui ils auraient remis 10 mille dollars (environ 5 millions Fcfa) pour récupérer le corps ». Le pot aux roses ainsi dévoilé, la nouvelle est portée à la chefferie où est également conduit l’adjoint au morguier.




Deux membres de la famille interpelés

Les déclarations du morguier adjoint ont jeté des suspicions au sein de la famille du défunt. Mme Suh Catherine Manka’a ( célibataire, enseignante en service à la délégation départementale du ministère des Enseignements secondaires de la Mezam) cousine du défunt, résidant à Mile 6 Mankon ( Bamenda), sent l’étau se resserrer autour d’elle. Elle quitte nuitamment vendredi le lieu du deuil. Au lieu de se rendre chez elle à Mile 6 Mankon, elle se réfugie chez l’une de ses amies au quartier Abangoh. Samedi matin, certains membres de la famille se rendent  à son domicile de Mile 6 Bamenda, avec pour mission de l’emmener vaille que vaille à Bafut. Malheureusement, elle ne s’y trouve pas. Ils rencontrent tout de même  Che John (homme d’affaires à Bamenda), amant de Suh Catherine Manka’a. Ils usent de ruse et informent ce dernier qu’il est convoqué dare-dare à la chefferie par le Fon Abumbi II de Bafut. Il est quelque peu réticent, surtout qu’on exige qu’il emprunte le même véhicule que ceux venus le chercher. Il consent à partir, à la seule condition qu’il emprunte seul son propre véhicule. Le principe est acquis. Il se met en route pour Bafut. A Mile 7 Mankon, il effectue un virement brusque et spectaculaire au commissariat de police du 4earrondissement où il fonce tout droit au bureau du commissaire à qui il dira qu’il est poursuivi par des personnes qui veulent attenter à sa vie.

Ses poursuivants alertent la population de Bafut (distant d’environ 5 kilomètres) qui, sans perdre de temps, envahit le commissariat. Le commissaire, via le téléphone de Che John, joint la suspecte Suh Catherine Manka’a. Il demande à cette dernière de venir au commissariat. Elle rétorque qu’elle craint pour sa sécurité; sa vie étant menacée. Le commissaire rassure cette dernière qu’il a pris toutes les dispositions nécessaires pour assurer sa sécurité. Elle emprunte une moto taxi et débarque en catastrophe au commissariat.

La tension monte. Les éléments du GMI sont appelés en renfort. Le délégué régional de la Sûreté nationale pour le Nord-Ouest, le commissaire divisionnaire Dr. Jean Louis Messing, informé, arrive sur les lieux. Il est accompagné des éléments de l’ESIR. Ils parviennent à extirper Suh Catherine Manka’a et son copain Che John qu’ils conduisent en trombe au Gmi no 6 où ils sont gardés à  vue. Ils seront entendus plus tard par les éléments de la police judiciaire et le procureur de la République.

Entre temps, la foule qui avait pris d’assaut le commissariat de 4e arrondissement décide de répartir à Akum transformer en ruine ce qui restait comme installation de l’hôpital Holy Family Care. Les Akum informés, se mettent en alerte maximale, prêts à en découdre avec les Bafut. Heureusement, les Bafut seront bloqués au lieu dit Finance Junction Bamenda par les forces policières.

A l’origine, un rite dangereux

A l’origine de ce trafic, se trouve un rite dont la famille du défunt avait projeté  effectuer sur le corps avant l’inhumation. Lequel rite, extrêmement dangereux, devait venger en décimant mortellement toute personne qui aurait causé le décès de Suhbeneba Maurice Suh. Toujours est-il que le défunt gérait Naslan Company, structure appartenant à son cousin qui serait basé aux USA. Lorsqu’il (Suhbeneba) tombe malade quelque mois auparavant, il fait le tour des hôpitaux à Douala. Le diagnostic est négatif. Son épouse l’emmène à Bafoussam, chez la sœur du défunt. A l’Ouest, l’hôpital ne dépiste pas toujours l’origine du mal. On conclut à une maladie mystique et l’emmène chez les tradi-praticiens.

Le cousin vivant au pays de l’oncle Sam, vient lui rendre visite à Bafoussam. Après son départ, Suhbeneba Maurice Suh décède. Au sein de la famille, on conclut « qu’il est venu le tuer » et décide de « gâter », selon l’expression utilisé par ladite famille, le corps du défunt. C’est ainsi qu’une rumeur folle est venue envenimer la situation, faisant état de ce que ledit cousin aurait instrumentalisé, contre de forte somme, la disparition du corps de Suhbeneba de la morgue.

L’avocat dudit cousin, venu s’enquérir de la situation, aurait été aussi pris en otage et gardé à  la chefferie. L’adjoint au morguier est actuellement gardé la légion de gendarmerie alors que le morguier principal court toujours. Le corps de Suhbeneba Maurice Suh reste introuvable. Une enquête a été ouverte.




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