Tous les téléspectateurs rencontrés à Yaoundé sont unanimes que les contenus des programmes diffusés sur nos chaînes de Tv, radio et publiés dans les journaux et même sur internet ne protègent pas les enfants.
«Tous les clips diffusés sur la chaîne Trace à longueur de journée mettent en exergue les images indécentes. Et c’est dommage parce que ces vidéogrammes sont de plus en plus servis à nos enfants. C’en est trop et c’est pourquoi il était temps que le Conseil national de la communication (CNC) tire la sonnette d’alarme », confie Annie Ondja’a, assistante sociale. C’est une situation vécue dans les familles. « Au Cameroun, on diffuse des séries ou des films sans prendre la peine de signaler qu’ils sont interdits en fonction à certains âges . Et les parents sont étonnés de voir leurs filles ou leurs garçons développer une sexualité précoce», ajoute Mirabelle Ngono, coiffeuse. C’est pour rectifier le tir que le Conseil national de la Communication vient d’organiser un séminaire national sur la protection de l’enfance au Cameroun. Une protection qui passe forcément par le contrôle des contenus à diffuser, dont elle a la charge.
Dans les médias, c’est chacun qui veille au grain à sa manière. « Nous avons un comité de contrôle au niveau de la chaîne de production. Il a pour rôle de donner des consignes aux cameramen sur les images à filmer sur le terrain lors des tournages. Le deuxième tri se fait au niveau du banc de montage. Mais, malgré ces efforts il y a souvent des éléments qui échappent et arrivent à l’antenne. Avec notre participation à cet échange sur la protection des jeunes téléspectateurs, nous allons redoubler de vigilance », a expliqué Carole Yemelong, coordonnatrice de la Rédaction de Canal 2 International. A la CRTV, Robert Ekukole, directeur des programmes, rassure que tous les programmes diffusés sur la télévision nationale passent au crible du pré-visionnage avant toute diffusion. « Nous avons des difficultés avec des programmes externes parce qu’ils ne respectent pas notre ligne éditoriale. Et c’est pourquoi nous nous rassurons sur leur qualité en les regardant avant de les mettre à la disposition des téléspectateurs. Il en est de même pour les clips où nous avons des difficultés avec le Bikutsi où les danseurs utilisent une partie du corps dans leur expression corporelle », explique-t-il. Et de conclure : « Tous les médias sont fautifs et nous en excusons auprès du CNC ».
Pour un contrôle plus efficace, le Pr. Christian Abolo Mbita, panéliste a dans son exposé développé les mécanismes de protection de l’enfance et de la jeunesse dans les médias audiovisuels. C’est ainsi qu’il a proposé entre autres au régulateur de mette en place un comité de visionnage au sein de chaque chaîne de Tv afin de faciliter son travail de chien de garde, une signalétique jeunesse qui doit s’étendre à toutes les chaînes et appliquer à tous les programmes. Ceci à travers des campagnes annuelles de sensibilisation. Comme autres propositions figurent aussi l’avertissement par les présentateurs au public sur la diffusion des images choquantes. « Le régulateur doit imposer aux distributeurs la diffusion d’un message d’avertissement parce que nos enfants et nous ne voyons pas la même chose à la télé », a rappelé le Pr Christian Abolo. Des propositions qui seront prises en compte dans l’élaboration du guide stratégique des médias en vue de la protection des enfants au Cameroun. « Cet outil de travail sera remis à tous les médias lorsqu’il sera disponible afin de les sensibiliser et les rappeler à l’ordre en cas dé dérapages », a conclu Peter Essoka, vice-président du CNC.
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