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Cameroun : Nouvelle lettre de Marafa à Paul Biya
(06/06/2012)
L'ancien ministre a produit une quatrième lettre ouverte adressée au président de la République. Il y est cette fois-ci question du crash du Boeing de la Camair en 1995
Par Marafa Hamidou Yaya
Monsieur le Président de la République,

Je vous écris de la prison centrale de Kondengui où je suis incarcéré. Avant tout, je réitère solennellement mon innocence pour les faits qui semblent m'être reprochés et j'espère bien avoir l'opportunité de le prouver devant les tribunaux compétents.

Si je vous saisis aujourd'hui, c'est pour solliciter à nouveau que justice soit rendue dans une autre affaire d'avions (déjà!) où j'avais injustement été incriminé il y a plus d'une dizaine d'années. Décidément, l'histoire a l'art de bégayer ou plutôt de se répéter. Rendez-moi enfin justice et indemnisez les victimes. Car seule une application saine de la justice permettra à notre Pays de bâtir une SOCIÉTÉ DE CONFIANCE.

D'emblée, permettez-moi de présenter mes très sincères excuses à nos compatriotes qui ont perdu des êtres chers dans le crash du Boeing 737 de la CAMAIR à Douala en 1995. Je ne réveille leur douleur que pour demander à nouveau que justice soit enfin rendue et que les ayants-droit des victimes de cet accident soient adéquatement indemnisés. C'est aussi cela le rôle de l'Etat. En mai 1994, des accords écrits avaient été conduits à Paris, en France, par lesquels la South African-Airways (SAA) s'engageait à assurer la maintenance des Boeing 737 et 747 appartenant à la défunte CAMAIR.

Du fait de la défaillance et de la grossière négligence dans l'exécution de ces contrats, le Boeing 737-200 immatriculé TJ-CBE et baptisé Le Nyong, s'est écrasé à Douala le 03 décembre 1995, coûtant la vie à soixante et onze (71) personnes. De même, en 1997, le Boeing 747-200 Combi, Le Mont Cameroun, a perdu un réacteur en plein vol, aux environs de Paris, en France. Un de nos compagnons de détention à Kondengui était un des passagers de ce vol.

Il en est encore traumatisé. Les deux (02) pilotes du Boeing 737 étaient des amis. Le commandant de bord, Monsieur Younoussa AMAN SALI et moi nous nous connaissions depuis l'enfance. Nous avons partagé le même banc en classe Terminale "D" au lycée de Garoua. Puis nous avons partagé la même chambre à la Cité Universitaire de l'Université de Yaoundé. Après son décès, j'ai été dans son village à Bé, non loin de Garoua, et en compagnie de son frère le lamido, nous avons prié sur sa tombe qui se trouve à l'intérieur de la concession du lamidat. J'ai connu le pilote, Monsieur Lombo, lorsque je travaillais à la SNH et que je voyageais beaucoup.

Nous nous sommes rencontrés sur son lieu de travail, c'est-à-dire dans les avions. C'était également un camarade d'enfance de mon épouse à Douala. Cela a contribué à nous rapprocher encore plus. Après son décès, mon épouse et moi sommes allés réconforter sa mère et ensemble, nous avons prié sur sa tombe qui se trouve dans la cour de leur maison à Douala.

En 1999, alors que j'étais Secrétaire Général de la Présidence de la République, le Ministre d'Etat délégué à la Présidence, chargé de la Défense, Monsieur AMADOU ALI vous a fait parvenir une note résultant d'un entretien qu'il a eu avec son ami MILA ASSOUTE, d'où il ressort que la négligence de SAA était due au fait que cette entreprise corrompait des autorités du Gouvernement camerounais et de la CAMAIR. Cette corruption mise à nu, rendait juridiquement nuls les contrats conclus entre SAA et CAMAIR.

De ce fait, les paiements de soixante-cinq (65) millions de dollars US (soit au taux de 1$US = 500 frs CFA, Trente-deux milliards cinq cent millions (32.500.000.000) francs CFA) perçus par SAA dans le cadre de ces contrats devraient être restitués à CAMAIR. En outre, des dommages et intérêts devraient être exigés. A l'époque le Ministre d'Etat, qui m'a toujours jalousé pour des raisons qui lui sont propres et avec qui j'ai entretenu des relations heurtées pendant notre cohabitation au Gouvernement, ainsi que les autres intervenants camerounais dans ce dossier, m'ont présenté comme le principal bénéficiaire des fruits de cette corruption.

Dès lors, tout a été mis en œuvre pour que ma "culpabilité" soit connue de tout le monde. Les mêmes journaux qui ont préparé l'opinion en vue de mon incarcération avaient été mis à contribution, dans le cadre d'une campagne haineuse et particulièrement violente à l'époque.

Imaginez-vous, Monsieur le Président de la République. J'étais votre principal collaborateur. Vous me receviez en audience tous les jours. J'étais supposé être au centre de ce tragique scandale, et je devais vous regarder dans les yeux tous les jours! Imaginez-vous, Monsieur le Président de la République. Par ma supposée prévarication, je devenais responsable des décès de deux (02) amis proches et d'une soixante dizaine de nos compatriotes!

La conscience tourmentée, j'ai cherché à me rapprocher de ceux qui ont survécu à cet accident. C'est ainsi que j'ai reçu à ma table l'hôtesse de l'air Mademoiselle WELISSANE. De même, chaque trimestre, je recevais à mon bureau, Monsieur NDONG TOUNG, adjoint au directeur des affaires générales à la Présidence de la République également rescapé de ce crash. Je lui établissais des ordres de mission pour aller effectuer ses contrôles médicaux en France et y rencontrer son psychiatre.

Au-delà du regard de ces deux compatriotes, j'essayais de sonder leur âme pour savoir ce qu'ils pouvaient penser du monstre que j'étais supposé être. Ce fut une torture permanente pour moi. Je me suis alors juré de ne rien ménager afin que la vérité soit connue au sujet de cette affaire et que justice soit rendue. La providence m'y aidera. Sur vos instructions, j'ai saisi par correspondance en date du 26 août 1999, le Directeur Général de TRANS-NET Ltd de cette affaire (cf. Annexe 1). Par la suite, j'ai signé un arrêté en date du 14 novembre 2000 portant création d'un comité de suivi de l'exécution des contrats de maintenance des avions entre CAMAIR et TRANS-NET-SAA (cf. Annexe 2).

Ce comité avait pour mission entre autres, «d’ester en justice et défendre les intérêts de CAMAIR et de l'Etat du Cameroun dans les différends pouvant naître à l'occasion de l'exécution de ces contrats». Dans le cadre du travail de ce comité, le mécanisme de cette corruption a été mis à nu, les différents acteurs et bénéficiaires ont été identifiés et certains l'ont reconnu formellement, au vu du rapport de mission en date du 07 décembre 2000 que le comité vous a adressé.


A aucun moment mon nom n'a été associé à cette scabreuse affaire
.
Je vous avais alors proposé que le gain financier que notre pays devait tirer de l'action engagée en justice puisse être utilisé de la manière suivante:
a) Indemniser les ayants-droit des victimes de l'accident du Boeing 737 à hauteur de cent millions (100.000.000) de francs CFA par personne.
b) Renflouer la CAMAIR avec la différence afin de consolider les fonds propres de cette compagnie.

Dès lors, j'étais devenu le témoin gênant. En effet, ceux qui avaient intérêt à ce que je sois présenté comme le bénéficiaire des fruits de cette corruption avaient été formellement démasqués et ont été pris de panique. Non seulement la presse ne parlera plus de cette affaire, mais une stratégie insensée et diabolique sera mise en œuvre pour me discréditer définitivement. C'est ainsi que les concernés ont pris langue avec Monsieur BANTU HOLOMISA, à l'époque membre du parlement sud-africain, président du parti politique "United Democratic Movement" et en mal de notoriété.

Celui-ci a écrit une lettre ouverte en date du 27 mars 2002 adressée à Son Excellence THABO MBEKI, alors Président de la République d'Afrique du Sud et à vous-même (cf. Annexe 3); lettre qu'il a lue en séance plénière du parlement sud-africain, demandant la constitution d'une commission d'enquête judiciaire sur l'affaire de corruption impliquant la société TRANSNET. Dans cette lettre, Monsieur BANTU HOLOMISA reprend, selon lui, les allégations faites dans la presse camerounaise selon lesquelles mon épouse (Nommément citée) aurait fait plusieurs voyages en Afrique du Sud pour recueillir les pots de vin de la société TRANSNET. Effectivement, à l'époque, mon épouse avait fait plusieurs voyages en Afrique du Sud pour des raisons de santé. Elle y a subi plusieurs hospitalisations et opérations chirurgicales dans des formations sanitaires et par des praticiens également connus. Elle continue d'ailleurs à s'y rendre et à s'y faire suivre; son dernier voyage remonte au mois de mars 2012.

Mon épouse ne connaît ni TRANSNET ni ses dirigeants et n'est en rien concernée par les élucubrations du député sud africain Bantu Holomisa.

Après la stupéfaction, j'ai par correspondance en date du 12 avril 2002 à lui adressée (cf. Annexe 4) et transmise par DHL (Lettre de transport aérien n° 358.2947.141), informé Monsieur BANTU HOLOMISA que j'ai pris connaissance de sa lettre ouverte avec beaucoup d'intérêt que je la considérais comme une diffamation et qu'à l'issue des procédures judiciaires en cours, je me réservais le droit de le poursuivre en justice.

J'ai également porté à sa connaissance que copies de ma correspondance seraient envoyées au Président THABO MBEKI et à Vous-même. La vôtre vous a été transmise le même jour par mes soins (cf. Annexe 5). Celle du Président THABO MBEKI l'a été par DHL (Lettre de transport aérien n° 358.2947.701). Après plusieurs années, j'ai été informé que l'affaire a été jugée, que TRANSNET a été condamné et que le Cameroun a été indemnisé.

A ma grande surprise, aucun des bénéficiaires connus des fruits de cette corruption n'a été inquité, ni sur le plan administratif, encore moins sur le plan pénal. Même Monsieur AMADOU ALI qui était pourtant à l'origine du déclenchement de cette affaire ne s'y est plus intéressé, en qualité de Ministre de la Justice pendant plus de dix (10) ans, alors qu'une soixante dizaine de nos compatriotes ont perdu leur vie! Afin de restaurer un tant soit peu mon honneur et celui de mon épouse durablement salis et dont personne ne semblait se soucier, j'ai saisi Monsieur TEM Emmanuel, Avocat camerounais du Cabinet "LAPIN ATTORNEY" basé à Johannesburg, pour engager une action en justice pour diffamation contre Monsieur BANTU HOLOMISA. Je vous en ai rendu compte par note en date du 18 juin 2005 (cf. Annexe 6)

Après avoir étudié le dossier que je lui ai confié et effectué quelques démarches préliminaires, Monsieur TEM m'a assuré de la justesse de ma démarche et de sa conviction d'une issue qui me serait favorable d'un procès éventuel (cf. Annexe 7.). Il m'a cependant mis en garde contre le retentissement médiatique qu'entrainerait ce procès en Afrique du Sud, ce qui ne manquerait pas de porter un préjudice certain aux relations entre ce gays et le nôtre. J'ai sollicité une audience au cours de laquelle je vous ai fait part de cette mise en garde de mes avocats. Vous m'avez demandé de mettre fin à cette procédure afin de préserver les intérêts de notre pays. A mon corps défendant, j'ai dû suspendre cette procédure, me privant ainsi de l'opportunité de restaurer mon honneur et celui de mon épouse. Je vous ai réitéré, à l'occasion de cette audience, la nécessité d'indemniser les ayants-droit de l'accident du Boeing 737 à hauteur de cent millions (100.000.000) de francs CFA par personne, comme je vous l'avais déjà proposé. Ce qui serait justice. Quelle ne fut ma consternation lorsque quelques années plus tard, les bénéficiaires de cette corruption ont été promus dont certains à des fonctions gouvernementales! Je vous avais alors fait part de Mon refus de collaborer avec Monsieur ISSA TCHIROMA en particulier, par respect pour la mémoire de mes deux (02) amis et des autres victimes du crash du Boeing 737 de la CAMAIR en 1995.

Monsieur le Président de la République,
Rendons justice à ces victimes. Car seule la justice nous permettra collectivement de BATIR UNE SOCIETE DE CONFIANCE.
Les tergiversations pourraient excéder et exaspérer nos compatriotes, comme elles ont excédé et exaspéré Cromwell à son époque pour moins que cela. En effet, en 1653, après avoir appris que le parlement essayait de continuer à siéger malgré un accord de dissolution et après avoir échoué à s'entendre sur un règlement intérieur applicable, Cromwell perdit patience. Le 20 avril, il prit part à une session et écouta une ou deux interventions. Puis il se leva et harangua les membres du parlement. Ce discours n'a malheureusement pas été préservé mais il a été souvent paraphrasé.Ainsi a t-il dit: “...you have sat too long here for any good you have been doing. Depart I say, and let us have done with you. In me name of God, go!"


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