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Cameroun : Lettre ouverte de Ngassa Happi à Iya Mohamed
(08/06/2012)
L'ancien président de l'Union sportive de Douala a écrit au président de la Fecafoot pour dénoncer les dérives du football camerounais
Par Ngassa Happi
Monsieur le Président,

Je me permets de vous adresser cette lettre aujourd’hui pour manifester ma grande déception relative au très peu de cas, je dirais même à l’amnésie totale que la Fédération Camerounaise de Football manifeste à l’endroit des anciens dirigeants sportifs qui ont pourtant hissé très haut le drapeau de notre pays sur le toit du continent à plusieurs reprises.

Sans vouloir remuer mes souvenirs, je me réfère au cas récent des obsèques de Martin Raphaël Ndongo Alega qui se sont déroulées le samedi 12 Mai 2012 à Ngoumou (Chef lieu du Département de Mefou et Akono), et où je n’ai malheureusement vu aucun membre du Bureau Exécutif de la Fecafoot, encore moins un dirigeant du football à quelque niveau que ce soit, que je connaisse, à l’exception du PCA du Canon de Yaoundé, accompagnée de deux dirigeants et une dizaine de joueurs.

Si je suis parti expressément de Douala ce jour pour être à ces obsèques, c’était pour la raison profonde de faire un témoignage, que dis-je, pour y rendre un hommage plus que mérité à un ami d’abord, et ensuite à un ancien rival sportif avec lequel nous avons mis du nôtre, par notre engagement personnel, notre disponibilité et plusieurs sacrifices financiers, parfois au détriment de nos familles et de nos affaires, pour impulser vers l’avant la marche du football camerounais.

Monsieur le Président,

Faudrait-il vous rappeler que M. Martin Raphaël Ndongo Alega a valablement servi le football national pour avoir été tour à tour membre et Président de la Ligue provinciale de football du Centre (80-93), Membre du Comité Central et Vice président de la Fecafoot (90-94) ?
Que dans le Canon sportif de Yaoundé, il a occupé avec bonheur les postes de Trésorier Général (70-78) et de Président Général (78-80), et qu’après avoir subi avec son équipe, des agressions physiques et morales dans plusieurs stades africains, M. Martin Raphaël NDONGO ALEGA a eu la joie et le grand honneur de remporter les deux plus prestigieux trophées continentaux de la Coupe d’Afrique des vainqueurs de Coupe (79) et des Clubs champions en 1980 à Kinshasa au Zaïre, contre Bilima, l’une des meilleures équipes africaines.

Devrais-je vous rappeler aussi que cette dernière victoire historique de 1980 avait fait bénéficier aux Camerounais d’une journée fériée ? Que cette victoire mémorable avait amené le Chef de l’Etat, Son Excellence Ahmadou Ahidjo à prendre une décision exceptionnelle et très rarissime dans notre pays, d’élever le Canon de Yaoundé, une association, au grade de Commandeur de l’Ordre de la Valeur, et dont la précieuse médaille avait été accrochée au cou du Président Martin Raphaël Ndongo Alega ?


Faudrait-il encore que je vous rappelle que ce sont ces hauts faits sportifs avec son club et surtout pour le compte du football camerounais et la nation camerounaise, qu’il est devenu membre d’une Commission permanente de la Confédération Africaine de Football (CAF), et celle de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) en 90, en reconnaissance de son mérite et des services rendus pour le développement du football africain ? Que de 2004 à son décès, il a été Président du Jury d’appel de la CAF et membre du Tribunal Arbitral du Sport (TAS).

Faudrait-il en plus que je vous rappelle vos propres propos lors de votre discours le 15 Mai dernier, à l’ouverture de la réunion du Comité Exécutif de la fédération ? Je vous cite «…J’ai une pensée particulière et émue pour Monsieur Martin Ndongo Alega qui aura été tour à tour dirigeant de club, président du mythique Canon de la fin des années 70 et du début des années 80, responsable fédéral et personnalité ressource au sein des instances faitières du football.»

Vous connaissiez donc pourtant son élogieux itinéraire sportif, mais vous avez préféré lui
consacrer juste quelques lignes dans votre discours du 15 Mai, au lieu d’aller lui rendre hommage à ses obsèques le 12 Mai 2012, trois jours plus tôt, à Ngoumou.

N’est-ce pas regrettable ?

Je m’en voudrais, si je ne vous rappelle pas qu’en 2009, M. Martin Raphaël Ndongo Alega a été inscrit au Panthéon de la Gloire du Sport Camerounais par le CNOSC, qui y était aussi invisible, comme Meilleur Dirigeant sportif des 50 dernières années. Pauvre Martin !
Au vu de tout ceci, j’ai donc par conséquent été très choqué, mais pas surpris que la Fecafoot
n’ait pas été représentée à ces obsèques qui se déroulaient pourtant à moins de 50 km du siège de la maison du football. Cette absence était d’ailleurs prévisible, car c’était bien sûr une mission peu juteuse par rapport à celles effectuées en Europe.

Monsieur le Président,

Le devoir de mémoire, s’il incombe à la nation tout entière à l’endroit de ses fils et filles méritants, il incombe aussi à ses amis, à sa famille, aux proches et surtout à une institution comme la Fecafoot à laquelle M. Martin Raphaël Ndongo Alega a rendu d’énormes services pour y avoir été membre au plus haut niveau.
Personnellement, en allant à ces obsèques, je m’attendais à y trouver une délégation du MINSEP, du CNOSC et de la Fecafoot. Au lieu de tout cela, aucun représentant de la Fecafoot, même au niveau de la Ligue Régionale. Je sais que le sport est ingrat, mais tout de même.

Monsieur le Président,

Le constat que j’ai fait à Ngoumou, me fait croire que des dirigeants émérites du football camerounais, encore en vie comme Mbous Paul Morand de Dynamo, Koungou Edima Ferdinand du Canon, Paul Panka de l’Aigle de Dschang, et j’en oublie, qui appartiennent au passé, un passé plus que glorieux et nostalgique, n’auront pas le privilège ou la faveur, sous votre règne, comme notre regretté collègue Martin Raphaël Ndongo Alega, de l’hommage et de la reconnaissance de la Fédération Camerounaise de Football. C’est extrêmement grave.
Et parce que nous le savons déjà, cela ne nous fera plus mal. La déception sera plutôt celle des néophytes et des milliers de supporters que nos succès d’antan avaient éblouis, et qui ne comprendront pas votre attitude négative et votre ingratitude, celles des autres dirigeants de la Fédération et celles de nos dirigeants sportifs, voire du Ministère. Qu’à cela ne tienne, les images de nos succès historiques accrochées à nos murs, que personne n’effacera, et qui nous rappellent encore des moments extraordinaires de notre football, nous rendront forcément tous les hommages et toute la reconnaissance qui nous sont dus. C’est notre seul réconfort moral, surtout que nous n’aimons pas l’hypocrisie de la décoration à titre posthume.

Monsieur le Président,

En pleurant Martin Raphaël NDONGO ALEGA, nous pleurons aussi notre football, qui est passé de l’Excellence de notre époque à la médiocrité d’aujourd’hui.

Sportivement vôtre.

Prince Emmanuel Ngassa Happi
- Ex-Secrétaire général et ex-président général de l’Union Sportive de Douala de 1968 à 1982
- Ancien Administrateur de la Fecafoot (1976-1982)
- Président du Conseil Supérieur des Sages de l’USD de 1982 à nos jours

© Via La Nouvelle Expression : Prince Emmanuel Ngassa Happi


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