Les journalistes du Messager, le plus vieux quotidien privé camerounais, ont
entamé mercredi une grève illimitée pour exiger le paiement de sept mois
d'arriérés de salaire, a appris jeudi l'AFP auprès des grévistes et de la
direction du journal. "Nous observons un arrêt de travail depuis mercredi" pour
revendiquer le paiement de sept mois d'arriérés de salaires, a déclaré un
journaliste du quotidien ayant requis l'anonymat. La grève, qui se poursuivait
jeudi, est suivie par "un très grand nombre de journalistes et d'agents du
service technique", a-t-il assuré.
Le journal, qui a fêté en novembre ses 30 ans d'existence, était cependant dans
les kiosques jeudi, mais avec peu d'articles signés par des journalistes de la
rédaction, a constaté un journaliste de l'AFP. Dans un éditorial, Pius Njawé,
fondateur et directeur de publication du quotidien, a reconnu le mouvement la
grève, tout en évoquant des difficultés financières. "La salle de rédaction est
restée déserte" mercredi, écrit-il. "L'accumulation des arriérés de salaires au
Messager est récurrente depuis quelque temps (...) Elle est la conséquence d'une
baisse drastique des revenus du journal", liée à un "environnement économique
des plus hostiles", explique-t-il. Joint par l'AFP, M. Njawé a indiqué que la
société qui édite Le Messager, Free Media Group, employait "46 personnes dont
une vingtaine de journalistes".
Selon lui, la masse salariale mensuelle (journalistes et pigistes) et les
charges liées au fonctionnement de la rédaction sont estimées à 7 millions de
FCFA (10.671 euros). Les problèmes de salaires sont "récurrents et
catastrophiques" dans la majorité des médias privés camerounais, a commenté le
président du Syndicat national des journalistes employés du Cameroun (SJEC),
Norbass Tchana Ngante. "Les journalistes sont le plus souvent mal payés. Très
peu ont des contrats de travail et sont affiliés à la sécurité sociale", les
patrons des organes de presse "se +sucrent+ sur le dos de leurs journalistes", a
dit à l'AFP M. Tchana Ngante.
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