Cela fait déjà 2 ans que la société de BTP SATOM SOGEA rénove l'axe routier dit
"ancienne route", qui relie le pont du Wouri, dessert Bonaberi pour rejoindre
Sodiko, et plus loin, la route route de l'Ouest. Cette route, qui devrait être
bientôt terminée, ne fait pas l'unanimité et est sous le feu des critiques : le
manque des moyens mis à disposition des ouvriers qui a étiré en longueur la
durée des travaux, les souffrances qu'on subies au quotidien les riverains, mais
au delà de tout, le caractère pratique d'une route jugée trop étroite.
Si de nombreuses habitations ont été détruites pour faire de l'espace, le tracé
final de la route paraît étroit et se voit encore rétréci par ses aménagements
qui serviront d'espaces verts dans un quartier ne manquant pourtant pas de
verdure.
Pourtant à l'attribution du marché de la rénovation de la route, les populations
riveraines s'attendaient à un axe digne de ce nom, n'ayant rien à envier aux
plus belles routes de Yaoundé, ou aux nouvelles nationales du Nord. D'une part
par sa position stratégique - l'ancienne route constitue l'axe routier le plus
important pour le commerce et l'industrie, desservant l'Ouest et le Sud-Ouest -,
d'autre part par les nombreux déperguissements ordonnés par le délégué qui
laissaient présager une route assez large faisant des légendaires embouteillages
de Bonabéri de l'histoire ancienne.
Si la qualité de l'asphalte, du goudron et tous les matériaux nécessaires à la
construction de la route n'est pas remise en question, c'est l'étroitesse de la
route qui inquiète, et de nombreuses questions fusent : pourquoi une route si
petite ? Que se passera-t-il si deux grumiers de taille imposante se croisent
d'une part et d'autre de la route ? A quoi servira l'espace restant ?
Interrogés, les utilisateurs sont indignés par la nouvelle "ancienne route" de
Bonabéri. Antoine M., chauffeur de moto-taxi, se dit outragé par le manque de
discernement des pouvoirs publics : "une fois de plus l'intérêt général a été
préféré à celui des personnes". "Il n'y a qu'au Cameroun que l'on voit
des routes plus étroites que les trottoirs, que voulez-vous que je vous dise ?
Une fois de plus on fera avec, est-ce qu'on a le choix ? Le haut décide et le
bas obéit", ajoutera Paul, taximan.
Pour Joël, la Communauté urbaine a bien préparé son coup. Les déguerpissements
n'auraient été qu'un prétexte pour déloger les populations, gagner de l'espace
qui sera revendu plus tard au plus offrant. Un étudiant ironise sur la route,
estimant que les espaces non utilisés sont peut-être de futures pistes
cyclables, réservés aux byciclettes.
Et la route cause déjà des soucis. Un grumier voulant éviter les contrôles de
police a préféré emprunter l'ancienne route. Les embouteillages qui s'en sont
suivi ont duré des heures. La moindre panne de voiture peut être fatale,
l'étroitesse de la route obligeant déjà les automobilistes à ne pas dépasser les
40 km/h.
Explications
Selon des sources proches des pouvoirs publics, il y aurait déjà une première
précision, un équivoque à lever : l'ancienne route n'est pas considéré comme une
route nationale : la route nationale est celle qui commence à la jonction des
ancienne et nouvelle routes, à partir de la station d'essence Sodiko. La
croyance considérant les ancienne et nouvelle routes comme nationales sont selon
ces derniers des croyances populaires mais erronées.
De plus, du fait de la présence de deux lycées - Lycée Polyvalent et Lycée
Bilingue de Bonabéri - impliquant la présence de nombreux jeunes aux abords des
routes, une route plus large n'était pas envisageable au vu des dangers
d'accidents que cela aurait impliqué. Une explication qui ne convainc pas,
certains évoquant la route longeant l'Univesité de Douala et ne causant aucun
problème.
Selon d'autres sources, la route telle qu'elle a été construite ne
correspondrait pas aux attentes du délégué Fritz Ntonè Ntonè, qui aurait demandé
à l'entreprise responsable des travaux de recommencer et d'élargir la route.
Affaire à suivre.
Voir aussi :
L'enfer des routes de Bonabéri
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