Paul Biya a finalement modifé la constitution
Envers et contre tout, la constitution a ete modifiée
On ne dénombre plus les bouleversements qu'il y a eu dans l'actualité du Cameroun
depuis quelques mois. Emeutes, soulèvements, arrestations et condamnations d'éventuels
révolutionnaires, voilà en quelques mots l'actualité politique du Cameroun. Comment
est-ce que tout cela a commencé ?
Tout a commencé lorsque Paul Biya, comme tout président qui se respecte a fait son
discours de fin d'année 2007. Si habituellement, le peuple camerounais n'a pas grande
écoute de cet évènement devenu banal, cette fois-là le discours du chef de l'Etat
avait une teneur différente, puisqu'il a déclaré vouloir (une énième fois) mofidier
la constitution du Cameroun, ayant entendu les voix du peuple qui voulaient qu'il
reste au pouvoir. Depuis, beaucoup de choses ont été dites et faites, mais dans
quel intérêt ? Quelle a été la finalité des tremblements qu'a connus le Cameroun
depuis Janvier ? C'est une question à se poser.
Dans une interview, Lapiro de
Mbanga avait tôt fait de déclarer que Paul Biya s'était contredit. Aujourd'hui,
le même
Lapiro est en prison. Longue Longue avait aussi réagi en chanson pour aborder
le problème des modifications abusives de constitutions qui gangrène l'Afrique,
dans un tube intitulé 50 ans au pouvoir. Il a rapidement
été interdit de CRTV, et le pauvre Billy George Karson, ex-animateur de
la CRTV qui avait diffusé la chanson, a été suspendu.
Plus de 100 personnes ont perdu la vie
En Février, des voix ont commencé à s'élever ouvertement contre cette modification
de constitution à l'instar de Mboua Massock, et de quelques émeutiers à Bépanda.
Des vidéos de ces derniers ont été diffusées sur Equinoxe TV. Peu après,
Mboua Massock était porté disparu, et le groupe
Equinoxe (Télévision, Radio) était fermé.
Fin Février, les choses s'emballent au Cameroun. Vie chère ? Prix de l'essence ?
Toujours est-il qu'au départ une simple grève des transporteurs se transforme en
véritables émeute où de Douala à Yaoundé, jeunes comme moins jeunes sont dans la
rue. Le pouvoir en place réplique par la force militaire, et les villes ont tôt
fait de s'embraser. Stations d'essence, boulangeries, librairies, rien ne résiste
à une vague de peuple qui n'en peut simplement plus. On ne sait réellement s'il
veut manifester son hostilité à une reconduction au mandat de Paul Biya, ou simplement
dire qu'il a faim, mais le message est très clair :
le peuple camerounais n'en peut plus.
Existe-t-il une solution alternative ?
Au terme de ces quelques jours d'émeutes,
entre 44 et 100 morts selon les différentes sources seront à déplorer au Cameroun.
Selon des témoins, les corps jonchaient ça et là les rues de Douala ou Bonabéri,
comme dans un vulgaire pays en guerre civile. Les mères ont pleuré leurs enfants,
certains ont perdu des amis, d'autres encore des frères, et les Camerounais ont
perdu des compatriotes.
Pire encore, on dénombrera après le retour au calme plus de 1500 arrestations, et
des condamnations plus loufoques les unes que les autres : 2 ans de prison pour
une douzaine de jeunes pour attroupement ou incendie sur la voie publique,
et bien d'autres encore. Si chacun regardait, impuissant, son pays sombrer, on pouvait
quand même entrevoir une note positive dans tout cela : le peuple camerounais s'était
fait entendre, et avait réussi à dire non.
Les organisations telles que le CODE et beaucoup d'autres, ont diffusé moults communiqués,
appelant au blocus des ambassades, à des boycotts de tous genres. Des journalistes
se sont exprimé sur Internet, et critiquaient tous d'une voix unanime le président
de la République, sur les forums les Camerounais semblaient d'une seule voix autant
compatir aux jeunes ayant perdu la vie que vouloir le départ du président. La communauté
internationale avait elle aussi manifesté sa désapprobation de ce projet entamé
par le RDPC. En un mot, beaucoup de choses ont été dites et faites, chacun a dépensé
à sa manière son énergie pour contribuer à ce but commun : le départ démocratique
du président de la République, en exercice depuis plus d'un quart de siècle.
Aujourd'hui, cela en valait-il la peine ? Malgré tout ce qui s'est passé, la constitution
a bien été modifiée. En langage de chez nous, on pourrait dire on a fait tout notre
bruit, n'est-ce pas voilà Popaul qui va se représenter ? Il est vrai que
2011 est encore loin, et que des choses peuvent se passer d'ici là. Mais on a bien
l'impression que toutes ces actions, arrestations, morts ou emprisonnements ont
été bien inutiles, et que le président de la République partira quand il voudra.
Dès lors, est-il encore utile que d'autres jeunes perdent la vie ? On ne peut même
plus parler de respect et de sauvegarde de la constitution, nous en avons déjà une
nouvelle.
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