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Lapiro de Mbanga : Paul Biya s’est contredit !
(16/01/2008)
Dans une interview accordée au Quotidien Mutations, Lapiro de Mbanga alias "Ndinga Man" revient sur l'éventualité d'une modification de la constitution.
Par Eric Roland Kongou

C’était l’icône du petit peuple au cours des années de braise au début de la décennie 1990. "Ndinga man", en raison des thèmes abordés dans ses chansons s’était bâti une notoriété qui était allée au-delà de son public cible : vendeurs à la sauvette, étudiants… Et puis il y a eu ces rumeurs sur une " récupération " de l’artiste par l’ancien chef de la police de l’époque, un certain Jean Fochivé, qui aurait, disait-on à l’époque, " acheté l’artiste à coup de millions ".

Il n’en fallait pas plus à l’époque pour que Lapiro de Mbanga se fasse railler par ses fans d’hier et qu’il sombre presque dans l’oubli. Les albums sortis après la divulgation de ces informations n’eurent pas le succès des " Kop Nyè ", " Toss Tara ",…

Lapiro de Mbanga essaya de se refaire une virginité dans le monde la politique, avec le succès qu’on lui connaît. L’homme a tenu à rebondir à la faveur du débat en cours sur la modification de la constitution, en se fendant d’un single pour dire son opposition à la démarche des militants du Rdpc qui militent pour une modification de la loi fondamentale.

Il revient sur ses dernières initiatives, en invitant les Camerounais à le suivre dans sa démarche pour éviter un clash qui à son avis pourrait survenir, à son avis, avant l’échéance de 2011.

Quelle est votre réaction au lendemain de l’annonce par le Président de la République de modifier l’article 6. Alinéa 2 de la Constitution?

Je ne dirais pas que je suis déçu ou surpris. L’homme est resté égal à lui-même. Monsieur Biya a prétexté que toutes les provinces lui ont écrit pour lui demander de modifier la Constitution. Or, il me souvient que les manœuvres des voleurs à col blanc du Rdpc qui n’est qu’un parti politique parmi tant d’autres, ne sauraient être la volonté de tout le peuple camerounais. Paul Biya lui-même est conscient que c’est un faux prétexte car au sein de son propre parti, ce sont quelques personnes aux affaires qui veulent perpétuer leurs basses manœuvres. Donc, ces motions de soutien ne sont pas l’expression de tous les militants de son parti. D’ailleurs, M. Biya qui est élu sait que par rapport au nombre de suffrages valablement exprimés, si on fait le décompte de "one man, one vote", il n’a même pas eu 4 millions de voix, il devrait donc savoir qui il gouverne. Si M. Biya peut comprendre que son gouvernement est incapable de gérer le prix du pain, du carburant ou de l’électricité, il est donc normal que les populations descendent dans la rue. Et qu’il est anormal que ces mêmes populations lui envoient des motions de soutien.

Qu’à cela ne tienne, on s’achemine visiblement vers une révision de la Constitution en vue de l’échéance de 2011…

Mais les Camerounais ne sont pas dupes! Le Chef de l’Etat s’est contredit en l’espace de deux mois. Ce qu’il a dit à la télévision française France 24 et son discours du 31 décembre sont complètement contradictoires. Mais je pense qu’il a encore une porte de sortie : qu’il dise aux Camerounais que la Constitution sera modifiée, mais moi, Paul Barthélemy Biya, je ne serais pas candidat en 2011! Après 25 ans de pouvoir, M. Biya n’a rien fait et il fait encore modifier la Constitution pour être président à vie. Je dis que c’est une injure à tous les intellectuels du Cameroun, c’est une gifle à tous les intellos qui sont nombreux dans le Rdpc. Qu’on ne nous dise pas que tous ces gens ne sont pas ambitieux.

N’est-ce pas un échec pour vous qui avez sorti un single le 10 décembre pour combattre justement la modification de la l’article 6.2 de la Constitution?

Le gouvernement et moi n’avons jamais eu le même langage. Ce serait trop tôt que dire que c’est un échec de ma part. J’avais effectivement sorti ce single "Constitution constipée" pour sensibiliser l’opinion nationale et internationale sur la dérive vers laquelle le Cameroun est train de glisser. Il se trouve malheureusement que le Chef de l’Etat vient de confirmer qu’il va modifier la Constitution. Si on s’obstine à modifier cette Constitution et que le pays s’enflamme, on dira à la fin qui a connu l’échec? Il vaut mieux ne pas jouer sur cette brèche sensible. M. Biya a aujourd’hui 75 ans et a une jeune épouse, des enfants et beaucoup d’argent à côté, il peut aller jouir de tous ces biens hors du pouvoir, faire le tour du monde par exemple et continuer à faire les fondations qui luttent contre le sida, ce sera une bonne chose pour tout le monde. Sachant peut-être qu’il ne vivra pas longtemps sans le pouvoir car M. Biya n’a jamais vécu comme tout le monde, il refuse de partir. A défaut de ne pas aimer les Camerounais et leur refuser à manger, que Paul Biya évite de les pousser à la charcuterie.

La charcuterie peut-elle arriver?

Je vous jure (il lève la main droite vers le ciel) que je vis dans le peuple et connais très bien ses réalités. A Mbanga, je vis dans le quartier le plus peuplé et j’entends les gens parler, je comprends et vois leurs gémissements. Si les commissaires spéciaux font bien leur boulot, et envoient à Biya les informations vraies et les sondages, M. Biya lui-même va connaître la vraie vérité. Dernièrement, un jeune à Loum dans le Moungo, pour lutter contre la Constitution, a déjà récolté plus de 4.000 signatures, vous les journalistes faites des vox-pop, interrogez les gens, faites un sondage et vous verrez la vérité. Peut-être que monsieur Biya est coupé de la réalité. Je dis comme M. Biya que cette Constitution n’est pas bien. Moi Lapiro de Mbanga, je dis que cette constitution n’est pas également bien. Et cela depuis 1961. Seulement, au Cameroun, on modifie la Constitution que lorsque cela nous arrange.

Maintenant que le président Biya confirme qu’il va modifier la Constitution, allez-vous retirer votre single du marché?

Je ne peux pas retirer mes Cd sur le marché. Au moins aujourd’hui, l’opinion nationale et internationale comprendra que Lapiro de Mbanga qui est la voix des sans voix a dit non à la modification de la Constitution. Ce n’est pas parce qu’il y a un référendum que les gens du "oui" ont gagné que ceux du "non" doivent disparaître.

Vous avez chanté que "Biya est pris en otage par un lobby". Or, dans son discours du 31 décembre, il dit qu’il était plutôt sensible aux appels populaires…

Je vous jure que M. Biya est pris en otage ! Figurez-vous que si M. Biya quitte le pouvoir aujourd’hui, Joseph Désiré Engo, Mounchipou et Etonde Ekoto,…qui sont en prison et qui ont peur de révéler certaines choses pourraient les balancer sur la voie publique. Vous pensez que ceux qui sont en prison aujourd’hui sont les plus grands voleurs de la République? Il y a des voleurs à col blanc qui roulent librement dans de grosses cylindrées, des gens qui ne payent pas la douane, qui ont des sociétés fictives, etc. Donc, tous ces gens là font tout pour que leurs intérêts ne soient pas menacés. Pensez-vous qu’avant la privatisation des sociétés comme la Sonel, la Camrail, la Snec, etc. On ne pouvait pas aussi arrêter les dirigeants pour mauvaise gestion? Dans ma chanson, je dis il y a "des marches de soutien le jour et de contre- soutien la nuit". Autrement dit, il y a des gens qui sont au pouvoir mais qui préparent déjà les plans B.

Dans la chanson, vous dites également libérez "big katika", le "repé" est fatigué…

Il y a deux mois, il dit 2011, c’est certain mais lointain et les priorités sont ailleurs. Et c’était intelligent de dire ça. Maintenant, personne ne sait pas où se trouvent les priorités de M. Biya et le voilà qui revient pour se contredire. Biya lui-même a peur d’être poursuivi par les tribunaux internationaux quand il ne sera plus au pouvoir car ce monsieur n’a jamais été dans les milieux où on prend des décisions qui concernent un arrondissement, il a toujours été au sommet de l’Etat où on prend des décisions qui concerne tout le pays. Et cela dure depuis près de 40 ans.

“Two thousand and eleven, Cameroon must change…”, dites-vous dans la chanson…

Oui! Sauf que j’ai bien peur que les choses ne se gâtent avant 2001. J’ai été dans beaucoup de pays où il y a soulèvement populaire et je vous dis c’est triste et lamentable.

Quelle est votre motivation dans ce combat où vous êtes impliqué à fond pour lutter contre la révision de la Constitution?

Mais je suis Camerounais, artiste musicien et leader d’opinion. Je suis chef de quartier et je vois les populations souffrir. Il y a un déficit de policiers, de magistrats, d’enseignants, de médecins, d’eau, d’électricité, etc il y a un déficit partout. Rien que pour ça, je ne peux pas accepter que la personne qui est la cause de tout ce malheur soit président à vie!

Certaines mauvaises langues disent que pendant les années de braise au Cameroun, vous avez retourné votre veste et qu’aujourd’hui, vous faites beaucoup de bruit pour que le Rdpc achète votre silence…

(Gros éclats de rires). Retournez ma veste pour quoi faire? Depuis près de 20 ans, je suis la voix des sans voix et je le suis toujours. Avez-vous entendu un politicien prendre une position claire par rapport à ce débat? Non! Et puis tous ceux qui se disent opposants étaient dans le Rdpc avant le multipartisme. Jusqu’à ce que les habitants de Mbanga m’achètent une carte du Sdf. Même John Fru Ndi et Paul Biya, c’est eux qui ont acheté leur carte de leur parti respectif. D’ailleurs, je précise que Paul Biya a apporté le multipartisme et moi Lapiro, j’ai emmené la démocratie. Car il faut bien le souligner pour l’histoire, c’est bien moi qui ai demandé à la population de descendre dans la rue lors du procès Pius Njawe et Célestin Monga du journal Le Messager et autres, le 6 janvier 1991, on n’aurait jamais eu un tel soulèvement car c’est cette descente massive dans la rue qui accouche la démocratie au Cameroun et la suite des villes mortes autres que les camerounais ont connu. Pour revenir à votre question, si j’avais retourné ma veste, je ne serais plus populaire comme je le suis aujourd’hui. Partout où je passe, les gens ont beaucoup de respect pour moi.

Donc, vous n’avez jamais été abordé nuitamment par les émissaires du Rdpc?

Jamais! De jour comme de nuit, je n’ai jamais été abordé par qui que ce soit. Cependant, j’ai des amis qui sont dans le Rdpc comme les Grégoire Owona, Mme Foning, etc.



Source : Quotidien Mutations








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