Après l’épisode calamiteux de 2010 en Afrique du Sud, le football camerounais semblait bien décidé à repartir sur de bonnes bases : création d’un code de discipline, rappel de primes trop perçues, et exclusion des joueurs fouteurs de trouble : Achille Emana, Alexandre Song, Carlos Kameni.
Une stratégie qui n’a pas forcément payé, puisque après quatre journées en phases éliminatoires, le Cameroun pointe à une bien triste troisième place, ne devançant que l’Île Maurice au classement.
Après le match contre le Sénégal, la déception a une nouvelle fois été de mise tant sur et hors du terrain. Le Cameroun a quasiment hypothéqué ses chances de participer à la prochaine CAN, et a continué avec les conflits et un désordre ambiant entre joueurs, capitaine et sélectionneur.
Au fil du temps, il semble clairement se dessiner une bien triste réalité : aussi talentueux et dévoué à son pays que soit Samuel Eto’o, il est bien loin de la perfection en tant que leader, capitaine et surtout coéquipier en sélection. Son capitanat, qui ressemble à celui de Patrice Evra, est ennuagé par une suite incessante de conflits ; et parfois dans le zèle et l’envie de trop bien faire, ou dans un despotisme inconscient, le capitaine prend parfois des airs de monarque.
En effet, remettre en cause sa participation à un mondial tant attendu à cause d’une critique certes acerbe d’un ancien lion, frapper un journaliste, en menacer un autre en direct jusqu’à implicitement demander son renvoi, le meilleur buteur de l’histoire de la CAN a parfois dépassé les bornes, bien trop souvent pour un capitaine qui a la lourde tâche de rassembler et redonner un souffle à une équipe dont il est le dernier représentant de la période glorieuse.
Et cela, quoi qu’on en dise, doit alimenter les rancœurs des coéquipiers, qui doivent certainement se demander pourquoi on excuse tout à leur coéquipier, et surtout, pourquoi il prend tellement de place dans une équipe où tout le monde cherche à donner le maximum.
En convoquant Alexandre Song, Benoît Assou-Ekotto et Samuel Eto’o, la Fecafoot pouvait frapper un grand coup aussi médiatique que disciplinaire ; en effet, en sanctionnant officiellement trois des joueurs évoluant dans les meilleurs clubs parmi les internationaux camerounais, le message pouvait être clair : il n’y a pas de star en équipe du Cameroun, et tout le monde est soumis au même règlement.
Particulièrement en ce qui concerne Samuel Eto’o, l’occasion était donnée à la Fecafoot de montrer qui commande en équipe nationale, et surtout d’apaiser les rancœurs de bon nombres d’internationaux camerounais étouffés par l’omniprésence du capitaine. Il est fort à parier que du côté des observateurs comme des joueurs, on attendait beaucoup du verdict de la Fecafoot concernant les trois joueurs.
Opération totalement ratée, puisque le seul à avoir été puni, c’est Alexandre Song. C’est un très mauvais message qu’adresse la Fecafoot. En effet, même si Samuel Eto’o a reçu un soutien aussi miraculeux qu’inattendu de Javier Clemente, ce qui ressort dans le verdict de la Fecafoot, c’est que tout est excusable, sauf le crime de lèse-majesté au capitaine. Et cela ne pourra que faire augmenter le malaise au sein de l’équipe.
En effet, Alexandre Song a écopé d’une amende d’un million de francs CFA payable en travaux d’intérêt sportifs pour ne pas avoir serré la main de Samuel Eto’o ; il avait déjà été exclu de l’équipe à la suite de cet incident. Un mépris inacceptable pour la fédération, qui a donné un simple blâme à Assou-Ekotto qui ne s’était présenté ni à un rassemblement convoqué par Clemente, ni au fameux conseil de discipline.
Et concernant Samuel Eto’o, qui a manqué un entraînement après ce fameux incident, et qui s’est opposé en plein match à un changement demandé par Clemente, c’est un non-lieu. Ce n’était pas un non-respect des autorités de la part d’Eto’o, c’était une tentative de correction d’une erreur commise par les arbitres du match. Et quant à l’entraînement, il avait un mot d’excuse de son entraîneur.
Une erreur tactique d’une Fecafoot qui cherche à ramener la discipline et à rétablir son autorité au sein des lions indomptables ; l’avenir donnera l’amplitude de l’erreur.
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