Jacques Lobe, escroc camerounais
C’est la dernière nouvelle qui défraie la chronique dans la presse française : Le Point, Purepeople et d’autres médias parlent de Jacques Lobè, Camerounais à mi-chemin entre Christophe Rocancourt et Bernard Madoff qui aurait escroqué près d’un million et demi d’euros à Laurence de Bourbon Parme, une quinquagénaire française descendante d’une lignée noble.
Interdit de sortie du territoire français depuis 1992, le présumé escroc camerounais a pourtant continué de voyager depuis, et a rejoint la franc-maçonnerie, se faisant initier à la l’atelier « Les Compagnons Ecossais de la Grande Loge de France » où il se présente comme "banquier dans les hautes finances internationales en Amérique".
Il crée alors tout un personnage, parlant de sa société qui financerait – preuves à l’appui – le Pentagone, jouerait un rôle clé dans la vente d’hélicoptères Boeing ou encore financerait la campagne, excusez du peu, de Barack Obama.
Un de ses compagnons, impressionné par le background conséquent de Jacques, envisage de s’associer à lui et songe à le présenter à la princesse Laurence qui cherche à réunir des fonds pour œuvrer dans le social dans les pays défavorisés, notamment en Inde. Elle qui dit avoir un « formidable sens de l’empathie, voire de la télépathie » est immédiatement séduite par « James » : « Je me suis trouvée face à un homme très respectueux, très posé. Il m’a raconté qu’il avait travaillé pour plusieurs personnalités politiques de haut niveau dont Charles Pasqua. Il ne courait pas grand risque à me raconter tout cela : comment pouvais-je vérifier ? Cette rencontre a eu lieu au moment de mon anniversaire. J’y ai vu un signe. Je suis retournée en Inde et, à mon retour, fin Mai 2008, j’ai repris contact avec lui. »
Lorsque la princesse reprend contact avec Jacques, c’est alors le grand jeu qui est de mise : il affirme à la princesse que Tom – Daschle, ancien sénateur du Dakota du Sud et conseiller de Barack Obama – souhaiterait qu’il rejoigne le cabinet d’Obama s’il est élu – nous sommes en 2008 avant l’élection de l’actuel président des Etats-Unis –, estimant qu’il serait un allié de poids vu son « importance dans le milieu bancaire ».
Une information appuyée par un cadeau singulier : un t-shirt de la campagne de Barack Obama dédicacé par en main propre. En parallèle, Jacques parle à la princesse de fonds éthiques qu’il a montés avec des milliardaires indiens, et passe enfin à l’action avec une information capitale : « Je vais devoir partir quinze jours à New York. Je travaille pour Goldman Sachs. Il va y avoir une crise très grave, vendez tout », confie-t-il a la princesse qui possède près d’1.5 millions d’euros placés en assurance-vie. Une information qui renforce définitivement l’emprise du Camerounais sur la princesse puisque le lendemain, la faillite de Lehman Brothers, un géant de la finance, est officialisée.
Laurence de Bourbon Parme, victime du Camerounais Jacques Lobè
Cette dernière suit donc le conseil avisé et liquide toute son épargne et attend logiquement les directives de son « sauveur » pour savoir où placer son argent. Il lui conseille de l’investir au Canada, un pays où tout est calme et où il connait du monde – à la Royal Bank of Canada. Pour ce faire, le mieux est de virer l’argent sur le compte de l’Anglo-American Credit Union, une des structures de Jacques qui s’occupe de microcrédit avec Tom Daschle. Ainsi, l’argent de la princesse pourra servir en attendant d’être placé à la Royal Bank of Canada, servir à des causes justes.
Et la séduction continue : les places pour la cérémonie d’investiture de Barack Obama étant complètes, Jacques invite la princesse en Sologne où il possède une propriété de chasse, reçoit désormais avenue Montaigne – où il paie un loyer de 8000€ ¬– et passe un après-midi au téléphone avec Washington devant un de ses collègues initiés, discutant du poste qu’il occupera. La sauce prend, ce dernier raconte à toute la loge que Jacques ira sous peu à Washington.
Pourtant, les choses vont basculer. Laurence qui a besoin de liquidités, relance Jacques pour pouvoir retirer de l’argent. Si elle a depuis patienté, là le besoin est urgent et elle envoie un mail à son contact présumé à la Royal Bank of Canada. Un geste que Jacques n’appréciera pas et le fera savoir à la princesse qu’il jugera trop intrusive.
Dès lors, le doute s’empare de la princesse qui contacte une amie de son fils commissaire de police. Quelques jours plus tard, elle est contactée et on lui demande immédiatement si Jacques lui a pris de l’argent. Elle nuance, précisant qu’ils doivent monter une fondation caritative ensemble. Une démarche contre laquelle la police la met immédiatement en garde.
L’embrouilleur embrouillé
Pourtant, Laurence garde son sang-froid et décide d’en avoie le cœur net. Elle décide d’obtenir des preuves : elle engage des détectives privés, fait venir l’air de rien Jacques chez elle pour boire du champagne et enregistre plus de trois heures de conversation.
Une fois qu’elle a assez d’éléments, elle porte plainte et la police perquisitionne le domicile de Jacques : 25 clés USB, des faux papiers, de fausses lettres à en-tête de plusieurs ministères et de nombreux livres sur la manipulation mentale.
Il est aussitôt arrêté et poursuivi pour abus de confiance et escroquerie, surtout qu’après l’éclatement de l’affaire, de nombreuses plaintes sont déposées contre lui. Il est en prison depuis plus d’un an.
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