L’édition de Juillet 2011 de Cahiers économiques du Cameroun intitulée Vers de meilleures prestations de services : Point sur la situation économique du Cameroun, est parue il cette semaine.
Une étude en profondeur sur la conjoncture économique camerounaise, avec un zoom
sur la décentralisation et la qualité des services publics. Concernant la
conjoncture économique, le rapport est en ligne avec la
Beac, qui estimait un gain de croissance pour la sous-région : la croissance du PIB a gagné 1.2 points pour passer de 2% en 2009 à 3.2% en 2010, une croissance provenant essentiellement du secteur tertiaire : transport du bois, bulle de la téléphonie mobile, coupe du monde, ont contribué positivement.
Une croissance qui aurait pu être meilleure avec une production de pétrole robuste,
mais qui est en déclin depuis quelques années : tarissement des puits, piraterie au large de Bakassi, ont négativement contribué.
Malgré une bonne croissance couplée à une diminution de l’inflation, relativement spectaculaire d’ailleurs à Garoua, la performance budgétaire a été décevante : l’émission obligataire a limité l’investissement et l’endettement engendré a donné un déficit budgétaire de 2.3% du PIB, en dessous des 3.5% voulus par le gouvernement.
Les perspectives pour 2011 sont plutôt bonnes, avec une continuité de la reprise de l’activité économique ainsi que de la croissance qui devrait atteindre 4%, dans un contexte de reprise de l’économie au niveau mondial. En revanche, cette croissance économique pourrait se trouver freinée par le manque d’infrastructures, et par une marge de manœuvre limitée de l’Etat au vu du taux d’imposition très élevé.
Autre point à maîtriser pour les années à venir d’après le rapport, les dépenses de fonctionnements qui corrodent la part du budget allouée à l’investissement proprement dit.
Mais ce paysage globalement positif à l’échelle
nationale, pèche quand on observe région par région : des disparités très
marquées sont alors constatées, la faute selon le rapport à un système de
décentralisation peu performant.
Un système inscrit dans la constitution depuis 1996 mais réellement dans les
textes de lois de l’Assemblée depuis 2004. Une décentralisation appliquée
partiellement dans certaines régions, ce qui d’après le rapport freine
l’amélioration des services fournis à la population et la réduction de la
pauvreté.
Incompétence, manque de ressources et d’expérience des fonctionnaires, associés
à une lenteur dans le processus de transfert des compétences et des finances
publiques rendent difficile la maîtrise du budget à l’échelle nationale.
Une analyse très représentative de la situation, les indicateurs des services au
Cameroun sont inférieurs à ceux des pays de revenus similaires, et inférieurs à
la moyenne de l’Afrique subsaharienne en ce qui concerne le taux de
scolarisation au-delà du primaire ou de la mortalité juvénile. Autre point
marquant l’inefficacité de la décentralisation, la disparité de « bien-être »
Douala et Yaoundé et l’Extrême-Nord ou l’Est.
En effet, on constate qu’à Douala, la mortalité juvénile a chuté de presque 20%
entre 1998 et 2004 tandis qu’elle a augmenté de 50% au Sud-Ouest.
Par ailleurs, si le principe de décentralisation est appliqué au Cameroun en
théorie, dans la pratique les collectivités locales gardent un manque
d’autonomie assez marqué, avec une marge de manœuvre sur les impôts dits locaux
très faible, ce qui donne un niveau de recettes propres très faible.
En conclusion, pour une amélioration du bien-être au niveau microscopique au
Cameroun, le rapport préconise un audit en profondeur du système de
décentralisation afin d’améliorer son efficacité, pour donner aux
administrations locales une réelle autonomie pour l’élaboration de projets
adaptés aux besoins locaux, aux transferts et à la redistribution des
ressources, et la compétence pour donner un service de qualité, afin de profiter
pleinement des perspectives économiques prometteuses.
Voir l'édition Juillet 2011 de Cahier économiques du Cameroun
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