Asta Djoumaï est une squatteuse malgré elle.
Comment êtes-vous arrivés dans cette maison ?
Mon mari a été contacté par un monsieur, un matin dans son laboratoire photo à Nkongmondo. Ce monsieur, paix à son âme, était un cadre de la Société anonyme des brasseries du Cameroun (Sabc). Il recherchait une personne pour garder son chantier à Logpom. Le métier de photographe ne rapportant pas beaucoup, mon époux qui était seul à accepter son offre. Cet emploi lui a permis de nous faire venir ici en 1999.
Pourquoi acceptez-vous de vivre dans une maison dont les travaux ne sont pas à terme ?
On n’a pas le choix parce qu’il faut bien qu’on vive. Non seulement trouver une maison dans cette ville est un vrai parcours de combattant, mais aussi il faut avoir les moyens. Comment un débrouillard comme mon mari qui a à peine 30.000 francs le mois peut-il espérer avoir son propre domicile ? Et si vous en trouvez, on vous demande de verser six mois d’avance. J’ai les petits enfants qui vont à l’école et il faut payer leur scolarité, les nourrir et les vêtir.
La demeure n’étant pas encore achevée, comment vivez-vous après votre installation ?
Nous avons procédé à quelques aménagements. Nous avons creusé les fosses septiques qui n’existaient pas, construit un semblant de cuisine parce que nous faisons la cuisson sur le feu de bois. Grâce à certains vieux linges, nous avons confectionné des rideaux que nous avons installés. Nous avons occupé deux pièces sur la dizaine dont disposait la maison parce que ce quartier n’était pas encore habité. La lampe tempête était notre compagnon de nuit.
Quelles sont les clauses de votre contrat avec votre employeur ?
Au départ, il nous versait une somme de 25.000 francs Cfa tous les mois. Nous en contre partie, devrions entretenir son domicile.
Quels sont les rapports que vous entretenez avec votre employeur ?
Je dirai de très bonnes relations, parce qu’il a toujours été reconnaissant envers nous. Pendant six ans, il a pris en charge, la santé et l’éducation de mes enfants. Après son décès, sa femme a achevé les travaux et a voulu occuper les lieux. A notre grande surprise, elle nous a dédommagé et nous a trouvé dans le même secteur, une autre concession encore en construction.
Source: Quotidien Mutations
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