En mars, la police a interpellé 120 personnes présumées homosexuelles en Arabie saoudite : 35 ont été condamnées, en l'absence d'avocats, à des peines allant de 6 mois à 2 ans de prison et de 200 à 2.000 coups de fouet. Le tribunal islamique a infligé les plus sévères sanctions à un Saoudien et un Jordanien accusés de s'être "comporté comme des femmes"...
Dans cette monarchie conservatrice, "la peine de mort peut être effectivement appliquée" pour des pratiques homosexuelles, selon la Ligue française des droits de l'Homme, tout comme "en Afghanistan, en Iran, en Mauritanie, au Pakistan, au Soudan, au Yémen, en Tchétchénie".
Un appel "pour en finir avec la pénalisation de l'homosexualité dans le monde", a été diffusé samedi par trente associations en France (où les relations homosexuelles ont été complètement dépénalisées en 1982).
"Aujourd'hui, dans 80 Etats au moins, les pratiques homosexuelles sont condamnées par la loi (Algérie, Sénégal, Cameroun, Ethiopie, Liban, Jordanie, Arménie, Koweït, Porto Rico, Nicaragua, Bosnie...)", énumèrent-elles.
Elles restent taboues et illégales sur la majorité du continent africain, à l'exception de l'Afrique du Sud. "Les homosexuels sont pires que les porcs et les chiens", a déclaré il y a dix ans le président du Zimbabwe Robert Mugabe.
Mardi à Paris, des associations appelaient à manifester devant l'ambassade du Sénégal, "malheureusement un exemple parmi d'autres" de pays où l'homosexualité est passible de prison.
"Le Sénégalais Serigne Mbodji, responsable d'une association de lutte contre le sida, a été tabassé, menacé, après une campagne de presse homophobe", relate Louis-Georges Tin, chercheur à l'Université de Manchester (études gaies et lesbiennes), à l'initiative de la journée mondiale.
Les associations commémorent cependant un "événement positif": il y a 15 ans, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) décidait de retirer l'homosexualité de la liste des maladies mentales.
"De nets progrès" ont été enregistrés depuis, notamment en Europe, selon l'historien Pierre Albertini: "L'Union européenne a beaucoup contribué à améliorer la condition des homosexuels, en particulier dans les pays de l'Est".
"Le parlement tchèque a adopté en 2000 un nouvel article du Code du travail sanctionnant explicitement les discriminations en raison de l'orientation sexuelle de la personne", explique-t-il.
Jusqu'en janvier 2003, l'armée britannique pouvait révoquer en toute légalité les officiers homosexuels, mais un jugement de la Cour européenne des droits de l'Homme avait estimé que cette politique contrevenait au droit à la vie privée des individus. "Depuis lors, se réjouit M. Albertini, il est entendu que l'on peut être homosexuel et soldat au Royaume-Uni".
Dans l'armée américaine, en revanche, la sodomie reste un crime, a précisé le Pentagone fin avril. L'armée applique la politique "ne rien dire, ne rien demander", qui permet aux soldats homosexuels d'y rester s'ils ne font pas état de leur orientation sexuelle.
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