La nouvelle d’hier matin, c’est le désistement du candidat égyptien, Ismael Hassan Mohamed. Le conseil des gouverneurs, organe suprême de la banque, constitué d’un représentant de chaque pays ou institution membre, s’est réuni en milieu de matinée pour constater cette défection. Autre candidat très mal parti, c’est Simba Hebert Stanley Makoni, le zimbabwéen, qui figure sur la liste noire établie par les pays de l’Union Européennne, comme appartennant à la nomenclatura du régime de Robert Mugabe, et interdits de voyage en Europe. Pour les cinq autres, les dés sont jetés et, les équipes se debrouillent comme elles peuvent, tel cet éminent membre de la délégation camerounaise, arrivé seuleument hier en fin de matinée avec les autres, et qui, dans le bar du Nicon Hilton d’Abuja, essayait peniblement de se procurer les numéros de chambre des gouverneurs…
Mais avant que la journée fatidique de demain n’arrive, avec le vote que les habitués annoncent épique, il est bon de se défaire de quelques idées reçues, concernant cette élection : d’abord, les soutiens annoncés et affichés ou proclamés de tel ou tel pays pour tel ou tel candidat ne veulent absolument rien dire, le vote étant secret. Ensuite, nous ne sommes pas dans une assemblée où un homme est égal à une voix. Chaque gouverneur pèse exactement le poids des actions détenues par le pays ou l’institution qu’il représente. Pour en avoir une idée, il faut savoir que le Nigeria, avec ses presque 10% de parts, pèse de loin plus que toute la zone Cemac reunie. On ne reviendra pas sur le cas du Cameroun qui détient moins de 1% du capital de l’institution…
Seulement, les chances de notre compatriote, Théodore Nkodo, restent considérables, selon les habitués. En effet, l’élection se déroule à plusieurs tours, et tant qu’un candidat n’a pas obtenu la majorité, aussi bien chez les membres dits “régionaux” (les Etats africains) que chez les membres “non régionaux” (les Etats non africains et autres institutions membres et actionnaires), il ne sera point déclaré gagnant. Pour mémoire, il a fallu pas moins de 9 tours, pour l’élection d’Omar Kabbaj, le président sortant de la Banque…
Désistement
En général donc, lors du tout premier tour, le vote est politique. C’est-à-dire que les gouverneurs appliquent les instructions et recommandations reçues de leurs gouvernements. Le deuxième tour aussi est souvent teinté de ces relents-là. Mais après, ce sont les équations personnelles des candidats qui jouent, et c’est sur ce registre que le candidat du Cameroun s’avère solide. D’autant plus que des éléments comme l’indice de cotation de la Banque, qui est en hausse ces dernières années, tient à coeur un certain nombre de membres. Ce travail de relèvement a été abattu par Omar Kabbaj, avec pour bras droit… Theodore Nkodo, et bien des options penchent pour la continuité. Et si le personnel de la Banque avait un mot à dire, ce serait dans le même sens, car tous apprecient les résultats du président sortant, mais abhorrent son approche humaine, un point fortement apprecié chez le candidat Nkodo. Mais ce n’est point le personnel qui vote, ce sont les gouverneurs, dépositaires du mandat des propriétaires de l’institution.
Autre clé, c’est ce désistement du candidat egyptien, dont le pays détient tout de même près de 8% du capital de la Banque. En général, l’Egypte et le Nigeria sont les pays qui, dans une élection à la Bad, font incliner la balance. Pour l’ambiance, la délégation du Cameroun a de la couleur : Mme Francoise Foning, dans le bar du Hilton, n’arrête pas de recevoir et de donner des bisous, en portant sur elle la candidature du Cameroun. C’est très spectaculaire, on espère que cela peut avoir de l’impact au moment crucial de la décision des gouverneurs.
Source: Mutations
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