Ils se trouvent en ce moment à Ambam et attendent d’être remis à leurs familles.
Ils sont au nombre de dix. Visiblement fatigués et amaigris, le regard hagard et les yeux vitreux, ils ont encore du mal à réaliser qu’ils sont libres et n’arrivent pas encore à se remettre des traumatismes subis pendant plus de deux mois de douloureuse captivité en Guinée Equatoriale. Ils s’expriment de façon saccadée, et passent pour l’instant plus de temps à se faire soigner et à faire les premiers examens médicaux, parce qu’ils portent encore les traces de torture sur leurs corps mutilés. Et promettent d’être plus diserts lorsqu’ils auront retrouvé leurs émotions.
Ils sont au nombre de dix, et ont été libérés le 10 mai dernier, le jour même où Mutations signalait la disparition de deux des otages retenus à Bata. Ils confirment globalement toutes les informations indiquées dans ce numéro, précisant simplement que les deux " disparus " se sont évadés il y a environ deux semaines. Jean Aicard Mengue, le chef d’équipe et Sidonie Mibé, la cuisinière du groupe, auraient en effet profité d’une erreur d’inattention de leurs bourreaux pour prendre la poudre d’escampettes. Ils n’ont jamais plus être rattrapés. Une information confirmée par des sources de gendarmerie à Ambam, qui reconnaissent avoir vu passer les deux fugitifs qui, en ce moment, auraient déjà retrouvé leurs familles.
Difficile donc de savoir qu’elle a été la portée de l’article publié par Mutations dans le dénouement finalement inattendu de cette ténébreuse affaire, puisque les dix rescapés signalent qu’ils n’y croyaient plus. Compte tenu du mépris et de la rudesse avec lesquels ils ont été traités à Bata. Jusqu’à mardi dernier lorsque, sans explications supplémentaires, leurs bourreaux leur ont demandé de les suivre et les ont conduit au consulat du Cameroun à Bata, où les attendait le consul en personne.
Ce dernier, qui désespérait aussi de pouvoir régler cette curieuse affaire, les a aussitôt reconduit à la frontière, en les confiant aux autorités compétentes de la ville d’Ambam, chef lieu du département de la Vallée du Ntem, qui ont aussitôt pris des dispositions au plan logistique mais surtout, pour régler les nombreux problèmes de santé. En ce moment, les élites d’Ambam seraient également en train de s’organiser pour leur trouver des moyens, des sortes de " primes de réinsertion " avant de les remettre à leurs familles, au cour d’une cérémonie qui sera fortement médiatisée.
Source: Mutations
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