La population défonce les portes de la cellule du commissariat et bat à mort deux de quatre présumés malfrats interpellés par la police.
Bali, chef-lieu d’arrondissement du même nom, localité située à une vingtaine de kilomètres de Bamenda, chef-lieu de la province du Nord-ouest. Il est environ cinq heures en cette matinée de mercredi 20 avril 2005, quatre présumés malfrats interpellés quelques heures plus tôt et gardés au commissariat de sécurité publique, sont passés à tabac par une population en furie. D’eux d’entre eux vont trépasser pendant que les deux autres, grièvement blessés, seront conduits à l’hôpital de Bamenda.
Tout serait parti d’un taximan surpris d’entendre les quatre hommes lui proposent une course à 10.000 Fcfa sur la distance Bali – agence Garantie Express à Bamenda (longue de 23 kilomètres environ) ; un parcours qui normalement coûterait 2.000frs. Le taximan décline l’offre. De mémoire, à en croire l’un des assaillants du commissariat qui a requis l’anonymat, “ nous avons enterré il y a moins de trois jours, un des nôtres, un benskineur, assassiné par deux malfrats inconnus qui l’avaient pris en course pour Mbengwi. Jusqu’à nos jours on n’a pas retrouvé sa moto ”. Suffisant pour le taximan de suspecter ces individus hors du commun. Il alerte de ce fait la patrouille de contrôle non loin du poste de police.
Interpellés à bord du second taxi, les quatre suspects sont incapables de décliner leur identité. Ils ont pris le soin de cacher deux armes de fabrication locale sous le tapis au niveau du siège arrière dudit taxi. C’est ainsi qu’ils sont conduits au poste de police. La nouvelle, comme un parfum d’été, fait le tour de la localité. La population se regroupe immédiatement. Coïncidence ou pas, un homme arrivé de Ngiemewah, village voisin de Bali, laisse entendre qu’il a été agressé cette même nuit par de gros bras qui l’ont délesté de la somme de 30.000 Fcfa. Largement suffisant pour déclencher la montée d’adrénaline. Le commissariat est pris d’assaut. La poignée d’éléments de maintien de l’ordre de cette unité de police en poste est impuissante face à cette foule en furie.
Sans se faire prier, les bidasses sont mis à l’écart. La porte de la cellule, à en croire le sous-préfet Francis Mbinglo, est défoncée. “ La population en colèr a envahi le poste de police, forcé l’entrée ”, précise le chef de terre.
Les quatre présumés braqueurs sont extirpés de ce gîte sécuritaire et passés à tabac. Ange Nelson décède sur place ; le deuxième, Larron Fru Festus, rendra l’âme en cours de route alors qu’il est conduit en compagnie de ses deux complices (Eric Zama et Tetuh Chrispus) à l’hôpital. Ces deux derniers rescapés, grièvement torturés et blessés, sont sous soins intensifs à l’hôpital provincial de Bamenda. Il se raconte que Eric Zama serait un repris de justice bénéficiaire de la dernière grâce présidentielle de décembre 2004. Si le sous-préfet Mbinglo condamne cette justice populaire, il invite tout de même sa population à rester vigilante, à collaborer avec les forces de maintien de l’ordre mais surtout à laisser la justice suivre son cours. “ Dans ces circonstances, l’enquête semble un peu entrecoupée. Si elle était conduite jusqu’au bout, on aurait eu des révélations qui pouvaient conduire au démantèlement de tout le gang ”, précise le chef de terre. Mais quand on sait que ces malfrats conduits à la police se retrouvent le lendemain dans la rue entrain de narguer et menacer la population, On peut comprendre la réaction des populations de Bali. Mais en tout état de cause, force devrait demeurer à la loi.
Source: Le messager
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