Plus d’une centaine d’étudiants ont envahi hier la devanture des services du Premier ministre, pour revendiquer l’amélioration du fonctionnement de l’université.
Tous assis à même le sol, pancartes ou branches d’arbre à la main et sous un soleil ardent, c’est avec un enthousiasme débordant que les étudiants majoritairement de l’Université de Yaoundé I ont fait un sit-in hier devant les services du Premier ministre pour exprimer leur mécontentement. Ils exécutaient de temps en temps, comme pour signifier leur patriotisme, l’hymne national du Cameroun. “ Non au sacrifice des étudiants ”, “ La situation de l’étudiant va de mal en pis ”, “ Où vont nos 50.000Fcfa ? ”, “ Pardon, il faut privatiser les universités d’Etat ”, “ Non aux grandes embuscades ”, voilà quelques morceaux choisis des messages qui étaient inscrits sur les pancartes que tenaient ces étudiants grévistes. Il s’agissait en fait des membres de l’Association de défense des droits de l’étudiant au Cameroun.
Ceux-ci disent avoir beaucoup de problèmes et la suppression des 50.000Fcfa de frais exigibles serait un début de solution. Ils demandent la ré-instauration des bourses pour faciliter les recherches, l’augmentation du nombre d’amphis et des places assises dans ces amphis, la création et l’équipement des laboratoires pour les filières scientifiques. Aussi, ces étudiants souhaitent que le problème de manque d’eau et d’insalubrité soit résolu. Du côté des cités universitaires, la situation serait encore plus préoccupante à les entendre parler. “ Les chambres de nos cités universitaires deviennent de plus en plus des maisons de familles. Nous n’avons plus de toilettes, car c’est dans les toilettes que certaines familles résident. Et pour se mettre à l’aise, il faut leur reverser une certaine somme, ce qui n’est pas toujours facile pour nous étudiants. ” Un autre problème qui “ fatigue ” les étudiants de nos universités d’Etat, c’est la publication tardive des notes. Ce qui a amené un étudiant à affirmer que “ les universités d’Etat tuent les génies. Nous voulons que nos dirigeants nous permettent de poursuivre nos études dans les mêmes conditions qu’eux, il y a des années. Nous ne voulons pas devenir des sectaires. ”
Le recteur ne nous a pas écouté
En effet, selon les déclarations des manifestants d’hier, leur intention au départ n’était pas de faire une grève. “ Nous sommes allés rencontrer le recteur hier, mercredi matin, pour lui présenter nos doléances. Ce qu’il a trouvé mieux à faire a été de signer une note d’arrêt de grève, sans même nous avoir entendu. C’est ce qui nous a irrité. Nous avons besoin d’une oreille pour nous entendre. Nous ne sommes pas les partisans de la casse ”, ont-ils fait entendre. Et à la même difficulté qu’ils ont été confrontés à la Primature. Durant tout le temps qu’ils ont passé là sous un soleil ardent, personne n’a cherché à savoir pour quelle cause ils luttaient. Ce sont les forces de l’ordre qui, comme d’habitude, sont venues exercer leur rôle d’intimidation. C’est après le départ de ces étudiants qu’un individu, se présentant comme attaché des services du Premier ministère est venu, timidement, collecter les doléances auprès de la poignée d’étudiants restés sur la place du sit-in pour des interviews.
Dans l’après-midi, les étudiants grévistes ont perturbé la conférence sur Haïti qui se déroulait dans l’amphi 700 du campus de Ngoa-Ekélé. Le campus a été quadrillé par la gendarmerie. La circulation a aussi été perturbée dans toute la zone l’université dans l’après-midi.
Source: Le messager
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