Choqués par les agressions et les viols commis dernièrement sur plusieurs Françaises, les expatriés installés dans la capitale économique du Cameroun interpellent le consulat et l`ambassade. Ils demandent notamment une meilleure prise en charge et un renforcement des mesures de sécurité.
Grève symbolique d`une demi-journée au lycée français Dominique Savio, réunion tendue avec le consul, déplacement à Yaoundé pour rencontrer l`ambassadeur de France : la communauté française de Douala -environ 4 000 personnes- est en émoi. La raison : l`insécurité grandissante dont elle est victime depuis le début de l`année.
Comme l`indique en effet le ministère des Affaires étrangères aux voyageurs sur son site Internet, "les risques liés à la criminalité sont très sérieux et ont tendance à s`aggraver nettement" au Cameroun, notamment à Douala, la capitale économique du pays. Il s`agit là des conséquences d`un contexte social qui tend à se dégrader.
Deux viols
La colère des Français a en fait pris une autre dimension après qu`aux vols et cambriolages "classiques" sont venus s`ajouter, pour la première fois, des violences physiques et surtout des viols. Au moins deux, ainsi qu`une agression sexuelle, ont été répertoriés depuis février, sur un modus operandi quasi-identique : des inconnus pénètrent en pleine nuit au domicile d`expatriés, ligotent les autres personnes présentes dans l`appartement avant d`abuser de leur victime. Ces dernières –une adolescente et deux adultes- fréquentent le lycée Savio, mais, a priori, il ne s`agit que d`une simple coïncidence.
Même si cette recrudescence de violence touche l`ensemble des communautés, surtout les étrangers qui disposent de revenus plus importants, certains expatriés, installés en Afrique depuis de nombreuses années, font remarquer que les violences, notamment verbales, contre les Français ont resurgi dans la foulée des troubles d`Abidjan de novembre dernier. Dans ce contexte très émotionnel, et afin d`éviter tout parallèle avec la Côte d`Ivoire, ils soulignent néanmoins qu`un éventuel racisme anti-blanc ne proviendrait que d`une infime minorité de la population.
"Faudra-t-il un mort ?"
La lettre des enseignants au consul
Le dernier viol, commis vendredi dernier, a été, selon les termes d`une expatriée, "la goutte d`eau qui a fait déborder le vase". Face à l`exaspération de la communauté, Michel Ferré, le consul général de France à Douala, a tout d`abord rencontré lundi soir une délégation du lycée Savio, en présence des victimes. Réunion à laquelle se sont invités d`office de nombreux parents d`élèves, la rendant houleuse.
"Le consul a parlé pour ne rien dire. Il ne semble pas prendre conscience de la situation et du danger qui nous guette. Son unique réponse a été de nous dire de nous barricader. Faudra-t-il un mort pour que les autorités réagissent ?" s`indigne une participante, en référence au meurtre de Gabriel Nourry -en 2000, ce commerçant, qui tenait une boucherie réputée, avait été tué dans un braquage alors qu`une période d`insécurité similaire à aujourd`hui sévissait à Douala. Plus mesuré, Gérard Wolber, le délégué des parents d`élèves du lycée, souligne pour sa part que Michel Ferré utilise un langage peu adapté au contexte passionnel qui se développe et qu`il a pu être desservi par son manque de communication.
Pétition
Dans la foulée de cette réunion, une pétition adressée directement à Michel Barnier, le ministre des Affaires étrangères, a commencé à circuler. Elle liste les revendications de la communauté comme la prise en charge des victimes par le consulat et la réactivation pleine et entière du système d`îlotiers, qui permet de faire le lien entre les ressortissants français et le consulat.
Pour tenter d`atténuer le malaise, l`ambassadeur, Jean-François Valette, a à son tour reçu une délégation mercredi à Yaoundé. "Il a été très à l`écoute. Il semble que certaines informations n`étaient pas remontées jusqu`à lui" note Gérard Wolber, présent à la table ronde. Il a accédé à plusieurs demandes, en promettant notamment que les services consulaires seraient disponibles plus rapidement à l`avenir et en mettant en place un suivi des victimes.
Toutes les inquiétudes n`ont cependant pas été dissipées, surtout celles liées à la prévention. Dans ce but, Jean-François Valette mettra le point en exergue lors de rencontres à venir avec les autorités camerounaises. Objectifs : leur relayer l`émotion et les sensibiliser sur les questions de sécurité pour limiter les risques d`agression. L`arrestation rapide des auteurs du viol de vendredi dernier montre d`ailleurs que la police camerounaise traite l`affaire de manière rigoureuse.
Source: Tf1.fr
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