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L'assemblée nationale du cameroun paralysée?
(26/03/2005)
Les députés veulent être moins déconsidérés par l’Exécutif. Le retrait des passeports diplomatiques aux membres de la représentation nationale, la goutte d’eau qui fait déborder le vase
Par Redaction

Il va falloir que quelqu’un au sommet de l’Etat s’en inquiète un jour. Du moins publiquement. Interrogé le 15 mars 2005 à la sortie de l’Assemblée où il venait d’assister à l’ouverture de la session, le premier Ministre Ephaïm Inoni, à propos de l’élection attendue du Bureau de la Chambre s’est contentée d’un placide “le moment venu, le parti (Rdpc, ndlr) se réunira ”. Entendez pour investir ses candidats. En fait le Pm, théoriquement le chef de la majorité au parlement camerounais, avouait de fait ne pas en savoir plus que quiconque sur la configuration future du Bureau de la Chambre. De même pour le timing du déroulement des opérations dans cette chambre dont l’ordre du jour est pourtant très tributaire du calendrier du gouvernement.


Introuvable bureau

Certains députés s’en émeuvent à voix basse. Et à raison. A la date d’aujourd’hui, près d’une dizaine de jours après l’ouverture de la première session annuelle du parlement, – une session d’ordinaire consacrée au renouvellement du Bureau de la Chambre –, la composition de l’équipe devant diriger la deuxième institution de la République pendant l’année 2005 n’est toujours pas connue. Et aucune indication sérieuse ne filtre sur la date où cette incertitude prendrait fin.

Même si des sources officieuses citées par notre confrère La Nouvelle Expression (23 mars 2005) croient savoir que la séance consacrée à l’élection du Bureau de l’Assemblée pourrait enfin se tenir le week-end, prenant pour indication le retour au Cameroun depuis lundi dernier du président de la république et Président du Rdpc, parti majoritaire à l’Assemblée, cela n’enlève rien à l’impression de blocages qui couvre le fonctionnement de la représentation nationale. Selon nos correspondants à Yaoundé, nombre de députés, dégoûtés et dépités par cette situation qui les contraint à se tourner les pouces à Yaoundé, ont carrément déserté leurs chambres à l’hôtel des députés pour retourner à des occupations plus utiles, à tout le moins, pour leurs familles. Ils veulent ainsi éviter l’ennui dans lequel ce qui apparaît manifestement comme des manœuvres de l’Exécutif en général et le sommet de l’Etat en particulier semblent inexorablement les confiner, les infantilisant au passage.

Et pourtant les élus du peuple, tous bords politiques confondus, croyaient, avec les professions de foi et engagements de campagne du candidat Paul Biya, reconduit en octobre 2004 à la fonction suprême de l’Etat, que “ les choses allaient vraiment changer”. Notamment au niveau des méthodes de gestion du pays et de ses institutions, histoire de traduire cette prétention à la modernité en une réalité concrète. Que non.


Imbroglio juridico-politique

Rien, mais absolument rien, n’est fait dans le sens du respect des dispositions constitutionnelles et législatives régissant le fonctionnement des différents pouvoirs de l’Etat. La représentation nationale est ainsi réduite à fonctionner au gré des caprices de l’Exécutif et de son Chef. Au point que la république est ainsi restée pratiquement sans tête pendant une semaine (entre le 15 et le 21 mars) lorsque le chef de l’Etat Paul Biya, absent depuis plusieurs semaines du territoire national pour des raisons non communiquées au public, n’avait pas de suppléance formelle. Et nul n’ose ici imaginer ce qui aurait pu arriver à notre si “ stable ” pays si pendant cette absence, un cas de force majeure ouvrant lieu à une éventuelle vacance à la tête de l’Etat, comme dans certain pays de l’Afrique de l’Ouest, se posait. En tout cas la voie était grande ouverte pour une aventure.

Le mandat de l’actuel président de l’Assemblée nationale qui assure en effet les pouvoirs du président de la république en cas la vacance, selon les dispositions transitoires de la Constitution révisée de janvier 2001, a expiré 48h avant l’entrée en session des députés. Selon l’esprit et la lettre du règlement intérieur de l’Assemblée, les pouvoirs du Doyen d’âge qui a présidé l’ouverture de la première session annuelle se limitent à cette cérémonie protocolaire suivie de l’élection du Bureau dont il en dirige le scrutin. Or depuis l’ouverture officielle de la session le 15 mars, l’élection du Bureau de la Chambre n’a pas suivi. On se retrouve de plain-pied dans un véritable imbroglio juridico-institutionnel. Nul ne sait en effet si c’est le Doyen d’âge qui assume les fonctions de Président “ intérimaire ” de l’Assemblée ou plutôt le président sortant de l’Assemblée qui, faute de la désignation formelle d’un remplaçant, continue de “ représenter ” la Chambre aussi bien dans ses actes civils et que dans les affaires de l’Etat. L’absence d’un représentant de l’Assemblée nationale à l’aéroport lundi dernier, pour l’accueil habituel du président de la République, a pu clairement rendre compte d’un vide au sommet du parlement que personne ne veut expliquer aux Camerounais.

Mais de manière évidente cette absence traduit à suffire l’imbroglio que les laxismes - pour dire le moins - du parti présidentiel (c’est lui qui doit investir ses candidats aux postes ouverts et par conséquent débloquer la situation à l’Assemblée), imposent au fonctionnement régulier et harmonieux de l’institution parlementaire. Un tel état des choses est susceptible, derrière les grenouillages actuellement en cours dans les coulisses du groupe Rdpc pour le contrôle du Perchoir et des postes juteux ouverts, d’ouvrir le champ à une aventure coûteuse. Et personne ne doit se convaincre que la dictature du (des) parti (s) en vigueur en ces lieux durera éternellement.



Grogne sourde chez les députés

Selon des sources dignes de foi, nombre de députés qui prennent leur fonction un peu au sérieux – pas tous ces feymen propulsés à l’Assemblée et qui n’ont d’autres objectifs que de se servir de l’ écharpe tricolore de la République pour mener en toute quiétude et impunité leurs activités crapuleuses et criminelles – s’apprêtent à confectionner une pétition contre certains abus dont ils sont victimes. En fait ils entendent protester contre cette déconsidération dont l’institution parlementaire est ainsi insidieusement l’objet de la part de l’Exécutif. Et qui finit par donner du député l’image d’un garçon de course de l’Exécutif ou de simples démarcheurs de petits marchés publics dans les ministères à Yaoundé.

Certes la goutte d’eau qui semble avoir débordé le vase est la décision du gouvernement (déjà effective) du retrait des passeports diplomatiques aux députés ordinaires. Mais nombre d’élus du peuple confient mezza voce qu’ils en ont marre d’être traités avec mépris par l’Exécutif. S’achemine-t-on ainsi vers un bras de fer à l’assemblée entre le gouvernement et les députés ? Ou plutôt se déroule-t-il en une bataille feutrée entre une institution parlementaire qui veut s’émanciper de la permanente domination de l’Exécutif et un gouvernement qui ne sait pas comment aborder cette session parlementaire après celle chaotique de novembre dernier ? Nul ne peut répondre avec certitude au regard des habitudes de retournement de situation sous le Renouveau.

Ce qui est par contre certain, c’est que nombre de députés se rappellent qu’en votant les yeux fermés le budget 2005 qui impose tant de mesures difficiles pour leurs électeurs, ils avaient bien indiqué au gouvernement qu’ils le faisaient uniquement pour ne pas entraver l’entrée en fonction de l’équipe Inoni dont l’essentiel des membres, nouvellement nommés, n’avaient eu connaissance du contenu du projet de loi budgétaire qu’au moment où ils le “ défendaient ” devant les députés. Rendez-vous fut donc indirectement pris pour la session actuelle en vue d’une première évaluation de l’ action de la nouvelle équipe gouvernementale dit “ gouvernement des grandes ambitions ”. Qui sait alors si ce n’est pas cette échéance que l’Exécutif redoute en réalité, et par cynisme, paralyse le fonctionnement de l’institution parlementaire ? Les prochains jours éclaireront forcément.

Source: Le messager




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