Philippe est resté perplexe jusqu’à ce qu’un coup de fil vienne éclairer sa lanterne, répercutant une information diffusée à la radio : la terre venait de trembler à Yaoundé et dans des villes voisines. Le frémissement n’a pas été perçu qu’à Djoungolo. Florence B., assistante de direction habitant le quartier Nkol-Eton a senti sa maison trembler cet après-midi là. Même chose pour ce client d’un hôtel sis à Biyem-Assi, qui est descendu de sa chambre demander au réceptionniste si des travaux au marteau-piqueur étaient menés aux abords de l’établissement.
En fonction de témoignages supplémentaires, on peut étendre les secousses à plusieurs autres coins de la ville : deux journalistes vivant à Emana affirment que leurs murs ont tremblé, un commerçant résidant à Mini ferme (au quartier Melen) signale la même chose, bien que l’intensité décrite soit moindre ici. Une habitante de Nkolbisson, lieu dit " Entrée chapelle " déclare avoir connu une belle frayeur ce samedi, peur accentuée par le fait qu’elle était seule au domicile familial. Rentrés à la maison plus tard, ses frères ont soutenu avoir également " vibré " à l’endroit où ils étaient — au quartier Tsinga par exemple. Ancien du quartier Efoulan, Georges N., étudiant, a lui aussi senti le tremblement de terre. " La secousse a éteint mon ordinateur à deux reprises ".
Les réactions ont été diverses : un peu de frayeur, d’étonnement, et quelques allusions amusées au Tsunami — davantage pour amuser la galerie que pour autre chose. C’est rétrospectivement — après la confirmation du phénomène par les médias, l’intervention de quelques spécialistes, etc. — qu’une peur plus palpable s’est installée dans quelques esprits, certains pensant sans doute aux dégâts qu’un tremblement de terre de forte amplitude peut provoquer dans la vie des Hommes. Lesquels se rappellent, en de telles circonstances, qu’ils ne sont finalement que d’humbles créatures se mouvant à la surface de l’écorce terrestre. Qui peut, à un moment donné, s’ouvrir sous leurs pas pour refermer leur vie.
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