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Prise en charge : Ce que coûtent les soins de santé
(14/03/2005)
Des prix prohibitifs Une démission de l’Etat. Une assurance maladie quasi inexistante. Le royaume de la débrouille. Les éclairages du Pr Monekosso
Par Quotidien Mutations
Apartheid médical

Ces responsables restent conscients de ce que, malgré leur obligation de trouver des ressources financières propres, de nombreux malades n'ont pas toujours moyen de couvrir leurs frais médicaux

Le présent dossier entend répondre à la question centrale de la manière dont s'organisent les Camerounais pour financer leurs soins de santé. Il présente quelques pistes offertes, relève le règne de la débrouillardise, rend compte des limites de l'offre des assurances professionnelles, s'inquiète du retard en la matière d'une structure comme la Cnps, et s'entretient avec le Pr Monekosso, précurseur de la mutualisation du risque maladie, que tente de remettre au goût du jour l'actuel ministre de la Santé publique, Urbain Olanguena Awono.


Question chiffres, le ministère de la Santé publique se porte bien. Enquêtes et études se succèdent, donnent un tableau détaillé de l'état de santé de la population, et permettent aux pouvoirs publics d'affiner leur politique dans ce secteur. Le Rapport préliminaire de L'enquête démographique et de santé (Eds), publié en 2004 n'est pas très affriolant. Il traduit une inégalité dans l'accès des populations aux services de santé. Prenons les femmes, la couche la plus vulnérable de la population, hormis les enfants et les vieillards. La proportion des femmes qui reçoivent les soins prénataux d'un agent de santé est de 59% dans l'Extrême- Nord, 64 % dans le Nord et 72% dans l'Adamaoua. A l'inverse, ces taux sont respectivement de 96% à l'Ouest, 98% dans le Nord-Ouest et 99% dans le littoral . Selon la même source, les trois provinces du septentrion ont le plus faible taux de femmes ayant reçu une injection anti-tétanique ou du sirop de fer au cours de la grossesse. Plus poignantes sont les données sur celles qui accouchent à la maison et sans l'assistance d'un agent de santé: plus de 60% dans l'Adamaoua, de 70% dans l'Extrême-nord, de 75% dans le Nord.
Cet apartheid médical est inscrit dans la répartition géographique des structures publiques et équipements de santé. Le Cameroun compte 147 districts de santé et 1832 centres de santé, auxquels il faut ajouter les nombreuses structures hospitalières construites par les églises protestantes et catholiques, les cliniques privées, et les autres placées sous la tutelle d'institutions publiques telles que le ministère de la Défense, l'ex ministère de l'Eucation nationale, la délégation générale à la Sûreté nationale, et la Cnps. Mais, les sept hôpitaux nationaux, les plus équipés du pays, sont concentrés à Yaoundé et à Douala : les hôpitaux généraux, Laquintinie, le Chu, l'hôpital central de Yaoundé, l'hôpital gynéco-obstétrique de Ngousso
Les hôpitaux provinciaux, qui auraient pu éviter aux malades de l'arrière-pays les désagréments de l'éloignement des hôpitaux de référence, sont sous équipés. Selon le Document sectoriel du secteur de la santé (Dsss), seuls deux des neuf hôpitaux provinciaux et assimilés disposent d'un appareil d'anesthésie et d'un respirateur; quatre manquent d'Ecg, d'échographie, de fauteuil dentaire avec fraiseuse; deux fonctionnent sans unité de radiologie et trois sans table d'accouchement; aucun ne dispose d'une table de réanimation du nouveau-né. De manière générale, la vétusté des équipements disponibles est telle qu'il faudrait 350 ingénieurs et techniciens en génie-biomédical pour les entretenir et/ou les réhabiliter, contre 50 en poste actuellement.
Le sous-équipement des formations hospitalières et l'indisponibilité de certains services sont encore plus criards au niveau des départements et des centres de santé. Le sous équipement n'exprime cependant pas entièrement les causes de cette santé à deux vitesses. Dans certaines parties du pays, les pesanteurs culturelles éloignent souvent les patients du chemin de l'hôpital. La mauvaise qualité de l'accueil et, surtout, l'enclavement, sont aussi pour beaucoup dans le faible taux de fréquentation des hôpitaux. Faute de route pour accéder au médecin, nombre de patients s'abandonnent aux mains de tradipraticiens. Faute d'un service de santé et d'hygiène mobile efficace, dont la mission est d'aller au devant des malades des coins le plus reculés, ils se livrent à l'automédication , ou se contentent de la première poudre de perlimpinpin que vend le boutiquier du village. Paludisme
Mais, en ville comme à la campagne, l'argent reste le plus grand frein à l'accès à la consultation, aux examens, aux soins et aux médicaments. En dehors de la tuberculose, de la poliomyélite et des infections à vih, désormais en partie prises en charge par l'Etat, il faut bourse délier pour se soigner au Cameroun. Une crise de paludisme, maladie qui constitue 40 à 50% des cas cliniques au Cameroun, vous coûtera 1600 F en frais de consultation à l'Hôpital central de Yaoundé, sans compter les examens et les frais d'hospitalisation qui varient selon le standing de la chambre. Acheté à l'hôpital ou dans une pharmacie, l'anti paludéen efficace vous reviendra entre 3500 et 5000 F. Un kit en gynécologie est payé à 61.000 F, 200.000 F en cas de césarienne. L'extraction d'une dent: 3500 F. Un scanner : 75 à 100 000 F. Une opération de la cataracte : 50 000 F. Le suivi d'une insuffisance rénale, d'un diabète ou d'une hypertension n'a pas de tarif.
Ces prix, qui ne concernent que les maladies courantes, sont hors de portée du Camerounais lambda. Ce dernier doit, d'après les données du Minsanté, dépenser en moyenne 13 900 F par an pour les soins de santé. Chaque ménage dépenserait 83 500 F. C'est rien, comparé au richesses potentielles du Cameroun. C'est excessif, au regard du pouvoir d'achat réel des Camerounais, tel qu'il apparaît dans le dernier rapport d'évaluation du niveau de réalisation des Objectifs du Millénaire au Cameroun: environ 40% des Camerounais vivent en dessous du seuil de pauvreté, c'est-à-dire avec moins de 637 F de revenu journalier. Même pas de quoi s'offrir un cachet de maloxine, l'un des antipaludéens les moins chers, qui coûte 700 F. La solution ne viendra pas seulement de la multiplication des pharmacies, un secteur qui brasse un chiffre d'affaires de plus de 100 milliards de francs Cfa. A elle seule, Yaoundé en compte une bonne centaine, qui s'installent maintenant à des distances de plus en plus rapprochées. Le lancement, en 2002, des activités de l'Unité camerounaise pharmaceutique, porte à cinq le nombre de centrales de distribution des médicaments, sans pour autant favoriser l'accès au médicament de manière significative.
Au-delà de la prévention, l'un des remèdes pourrait résider dans l'équipement des formations sanitaires, la multiplication des pharmacies de proximité, la reprise des recrutements dans le secteur de la santé, la motivation du personnel, la généralisation du générique et sa disponibilité dans les centres de santé de brousse, les subventions aux oeuvres hospitalières missionnaires, la réorganisation du marché du médicament. En attendant la mutualisation du risque maladie, dont on parle beaucoup au ministère de la Santé publique. Et surtout, le retour, sans cesse différé, de la croissance, qui éviterait au paysan de Amvam-Yevol, dans le sud du pays, de rester au bord de la route de l'hôpital.




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