Que dire alors des relations conflictuelles de Zeus avec son épouse Héra, à cause de ses nombreuses infidélités avec des mortelles et des servantes ? Un peu comme pour perpétuer l’histoire, ce phénomène est devenu assez récurrent au sein des couples et des familles. Ça commence généralement par un geste de philanthropie, à la réflexion, mal placé. Une petite cousine qu’on fait venir du village pour aider aux tâches ménagères, ou une " pauvre fille " désœuvrée qu’une voisine, une amie ou une collègue vous présente. Et à la fin, dans bien des cas, elle devient l’invitée insoupçonnée du ménage à trois.
Pourtant au départ, tout est bien. Autour du repas du soir, le couple s’extasie sur les qualités de la nouvelle bonne : " Elle prépare vraiment comme nos mamans du village. Mais il faut quand même qu’elle apprenne encore à bien faire la lessive et le ménage… " Il arrive très souvent que la femme se prenne d’une sorte de tendresse pour cette petite cousine, qui n’a pas eu la chance d’aller à l’école, mais qui est pourtant si intelligente. Ou qu’elle se sente le besoin d’aider la protégée de son amie, qui a elle-même un enfant à charge.
Elle se fait même le devoir de la " laver " : vêtements et chaussures neufs, toilettes de la ville, petits conseils et instructions… La vie en ville est différente de celle du village. A ce moment-là, le clignotant n’est pas encore au rouge. D’ailleurs, l’attitude de l’homme est détendue. Il participe volontiers à la conversation et se montre même paternaliste... C’est lui qui suggère de faire inscrire la petite aux cours du soir, ou de la mettre en apprentissage dans un salon de coiffure, etc.
Il n’y a vraiment pas encore le feu. Puis, au fil des jours, on se rend compte que la petite, jadis docile a complètement changé d’attitude. Et le mari n’y répond plus, préférant garder une réserve qu’on ne comprend que plus tard, lorsqu’on découvre le pot aux roses.
Là, la femme se dit qu’elle a vraiment été aveugle. C’est vrai qu’elle faisait entièrement confiance à la petite, au point qu’elle n’était plus traitée comme une bonne. Elle lui avait confié les clés de sa chambre, et même celles de ses placards… Mais tout de même, elle aurait dû comprendre, le jour où elle était revenue à la maison, avant l’heure habituelle de retour du travail.
Elle avait trouvé la petite, gaillardement couchée dans son lit, habillée d’une de ses robes de nuit, maquillée et parfumée de ses toilettes. Elle aurait encore pu comprendre, à la complicité de plus en plus évidente, et au mutisme de son homme, toutes les fois qu’elle se plaignait de la subite désobéissance de la bonne. Cela lui aurait évité la disgrâce des moqueries et des commérages qu’elle a dû essuyer dans le quartier.
Ce n’est pas tant la supercherie elle-même que le fait d’avoir été le dindon de la farce qui la froisse le plus. Il aurait quand même pu aller chercher ailleurs. C’est l’amie, celle-là même qui lui a présenté la jeune fille qui lui a " ouvert les yeux " sur le fait que son mari allait souvent récupérer la petite à la sortie des cours du soir. Le fait était bien connu de tout le cercle d’amies, mais personne n’osait la mettre au courant. Pour le cas de la cousine, c’est une grossesse indésirée, ou une tentative d’avortement qui alerte la cocue. Il ne lui reste souvent plus qu’à faire le ménage : réexpédier la petite au village et, au meilleur des cas, recoller les morceaux de son mariage.
source: Cameroon-tribune, Serges Olivier OKOLE
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