Londres, que Brice Nitcheu, leader de la Cdc (Cameroun Diaspora Coalition) appelle " La Capitale de la Résistance active contre la clique à Biya " n'a pas failli ce vendredi à cette réputation qu'elle s'est taillée grâce à son activisme intransigeant.
Des Camerounais déterminés et implacables, une centaine environ, bravant une température que les chaînes de télévision disait mortelle, étaient en rang de bataille devant l'ambassade. Venant pour la plupart des villes de province comme Birmingham, Manchester, Leeds, Wakefield, Coventry etc, rien n'a pu les dissuader " de venir rappeler à Biya que nous le tenons à l'oeil " à déclaré Patrick Njomo, un ancien " Parlementaire " qui a décidé de quitter l'Allemagne il y a quatre mois pour rejoindre Brice Nitcheu à Londres, et " renforcer l'étau autour de Biya ", comme l'affirme le leader de la Cdc. Parmi les manifestants, il y avait une dizaine de femmes, tout aussi déterminées. " Nous ne pouvons pas laisser les hommes seuls au front, qu'il pleuve ou qu'il neige " a déclaré Sylvie Chancel Djomou, membre du Comité de la Cdc.
Paul Biya déclaré persona non grata en Europe
A 12 heures, les policiers ont appelé Brice Nitcheu pour se rassurer que les manifestants ne vont pas forcer l'entrée de l'ambassade. Ce à quoi Nitcheu a répondu " Vous en faite pas ! Aujourd'hui, nous voulons rester dehors, mais un jour, nous entrerons " Et sous la cadence des chansons guerrières entonnées par Didier Nana Tchounga et Kemta, les manifestants se sont rapprochés et ont fait un cercle autour de l'ambassade, paralysant complètement son accès. " Paul Biya Assassin ; Wanted ! voleur ; corrompu ; Libérez Freedom FM ; Arrêtez le test du Sida ; etc " clame la foule. Des pancartes fusent de partout, et des posters de Biya sur lesquels on pouvait lire : " Paul Biya persona non grata en Europe ; 500 000 cfa a celui qui aidera à trouver Biya ; Le Cameroun n'est pas le Togo ; Arrêtez les crimes dans les commissariats... "
Après près de deux heures du siège de l'ambassade, deux agents sont sortis pour protester auprès de la police de la manière dont elle laisse les manifestants paralyser l'ambassade, et ont entrepris de négocier la levée du siège. " La police n'a rien à y voir. Allez négocier directement avec leur leader " a rétorqué le chef de la police. " Nous n'avons rien à négocier avec des agents qui travaillent pour un dictateur corrompu ", a répondu Brice Nitcheu.
Deux journalistes britanniques indépendants ont rejoint la manif, et Patrick Njomo, particulièrement actif, a expliqué le bien fondé de la décision d'interdire Biya de séjourner en Europe. " Depuis 23 ans qu'il vient en Europe, il n'a rien appris des principes de la démocratie, des droits de l'homme et du développement qui sont à la base de la réussite de l'Europe. " Et Nitcheu d'ajouter " Ses nombreux longs et courts voyages, privés ou officiels, coûtent inutilement cher au peuple camerounais. Nous avons envoyé une Déclaration à toutes les missions diplomatiques occidentales à Yaoundé, dans laquelle nous leur demandons de geler l'octroi de visa à Biya et aux membres de sa famille pour leur pays respectif. Nous allons traquer Biya partout où il ira en Europe, et nous allons tout faire pour transformer son mandat actuel en un véritable cauchemar pour lui ".
Vers 15 heures, c'est l'heure de la remise de la Déclaration à l'ambassadeur. La police entre dans l'ambassade et négocie les conditions de la remise. L'ambassadeur refuse de prendre la Déclaration, et suggère à la police de demander aux manifestants de la passer par la boîte aux lettres. Ce que Brice Nitcheu fait sans hésiter, escorté par un policier. Les manifestants entonnent l'hymne national, et après un dernier mot de Brice Nitcheu, principal organisateur du siège, les activistes se dispersent en petits groupes, tous heureux d'avoir écrit une partie de l'histoire de leur pays sur la neige.
Rappelons que c'est la semaine que Paul Biya et toute sa famille ont quitté Yaoundé pour " un séjour privé en Europe " selon la formule consacrée ressassée par le communiqué du cabinet civil de la présidence de la République.
Sources: Le Messager
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