Le Camerounais est même peut-être déjà le meilleur attaquant du monde. Mais il est bien plus que ça encore.
Damia, le jeune arrière droit du FC Barcelone, a trouvé une formule pour résumer l'impact de Samuel Eto'o sur le jeu du leader de la Liga. "C'est simple, dit-il. Il tire, il marque, on gagne". Lapidaire, mais tellement vrai. Lassé des tâtonnements de Javier Saviola et du salaire exorbitant de Patrick Kluivert, le Barça a trouvé son bonheur en Samuel Eto'o, arraché pour 24 millions de dollars à l'ennemi de toujours, le Real Madrid, à l'été 2004.
En six mois à peine, le Camerounais est devenu l'idole de la Catalogne. Sur le terrain, il aligne des buts plus époustouflants les uns que les autres et vole vers le titre de meilleur buteur, avec déjà 17 réalisations. Au rayon merchandising, Eto'o se montre tout aussi efficace puisqu'il supplante déjà Ronaldinho au classement des maillots vendus. Mais le Brésilien ne lui en tient pas rigueur. "Sammy est un joueur fantastique et un très bon ami, lance l'ancien Parisien. Je crois qu'il est heureux ici. Il s'est tout de suite senti chez lui. C'est important." "C'est un jeune homme très fier et très talentueux, mais aussi un gros travailleur", ajoute son coach, Frank Rijkaard.
"J'avais un coeur de lion"
Sa réussite actuelle n'étonne en fait personne. Samuel Eto'o est un phénomène. Le football, il l'a appris dans les rues de Nkon, sa ville natale, dans la banlieue de Yaoundé. Un football de rue, sans chaussures mais pas sans coups, où ses aptitudes naturelles ont appris à se mâtiner d'une certaine résistance physique. De là, il intègre rapidement les sélections de jeunes du Cameroun, jusqu'au jour où, au cours d'un tournoi, un émissaire du Real Madrid le repère. Il n'a pas 16 ans, mais le géant espagnol a déjà une option sur lui.
Cette incroyable précocité ne le lâchera plus. Le jeune Samuel débarque en Espagne lors de l'été 1997. " J'étais un gosse mais j'avais un coeur de lion et j'étais prêt à dévorer le monde entier J'étais si fier de moi, confiait-il récemment dans le magazine anglais Four Four Two. Prêté à Leganes, il attire l'attention du sélectionneur national Claude Leroy, qui le retient pour le Mondial 1998, dont il devient à 17 ans et quatre mois le plus jeune joueur. Il jouera même 30 minutes face à l'Italie. "Là, j'ai vraiment touché le paradis ", se souvient-il.
Eto'o a trop de talent pour n'être qu'une étoile filante. Deux ans plus tard, le Cameroun est sacré champion olympique à Sydney. Sammy n'a pas encore 20 ans, mais il est déjà un leader. Pourtant, tout n'est pas si rose. A son grand dam, le Real ne lui fera jamais confiance et c'est du côté de Majorque, où il est prêté durant plusieurs saisons, qu'Eto'o fait ses armes. Il y rencontre Luis Aragones, sans doute un des hommes qui a le plus compté dans sa vie.
Aragones, la figure paternelle
Nous avions des rapports père-fils", confirme Eto'o. Des rapports parfois conflictuels, comme en novembre 2000, lorsque Aragones, accusant son poulain de paresse à l'entraînement, l'écartera momentanément du groupe. Capable de péter les plombs (il a notamment été suspendu quatre matches pour avoir donné un coup de tête à un joueur de Valence), le buteur mallorcan irrite son coach. Mais quand Aragones a été nommé sélectionneur espagnol après l'Euro 2004, le premier à lui envoyer un texto fut Eto'o.
Autant dire que la perle noire peine à s'expliquer la polémique qui entoure son mentor, pris en flagrant délit de propos raciste à propos de Thierry Henry. "Luis n'est pas raciste, jure-t-il en bon avocat. J'ai travaillé avec cet homme pendant deux ans. Il a peut-être commis une erreur, mais je peux vous assurer qu'il n'est pas raciste." Eto'o sait de quoi il parle. Le racisme, il le côtoie tout au long de l'année en Liga. Il y a dix jours, lors de la victoire du Barça à Saragosse, il a d'ailleurs célébré son but en faisant le singe, comme pour prendre les abrutis des tribunes à leur propre jeu.
"Un garçon intelligent"
Mais il faudrait bien plus que ça pour l'empêcher de profiter pleinement de son bonheur. Aujourd'hui, Samuel Eto'o possède tout ce dont il rêvait, l'argent, la gloire et les belles voitures, son pêché mignon. Mais ne le croyez pas superficiel. " C'est un mec bien, confie son coéquipier Xavi. Il donne l'impression d'être un amuseur qui ne pense simplement qu'aux grosses voitures, aux filles et à faire la fête, mais c'est un garçon intelligent. Il est surtout très responsable, car il sait que vu sa situation, il peut aider ses proches."
Ses amis camerounais à qui il a trouvé du travail, et qui vivent toujours dans sa maison à Majorque, peuvent en témoigner. "Ce qui me motive, c'est de pouvoir aider les miens, confirme-t-il. C'est pour cela que je veux aller le plus loin possible. L'argent ne m'a pas changé. Mais il peut ouvrir des portes à des gens, il peut aider mes amis de toujours." Grand joueur et chic type, pas étonnant qu'il ait conquis tout le monde aussi vite !
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