Dans la perspective de l’élaboration de la carte définitive de la frontière terrestre entre le Cameroun et le Nigéria — conformément à l’arrêt de la Cour internationale de justice de la Haye (CIJ) - puis de la pose des bornes, l’équipe technique mixte, chargée de superviser sur le terrain les activités des entreprises devant réaliser ce travail, s’est réunie du 7 au 9 février derniers à Abuja (Nigeria). Composée notamment d’experts en cartographie, cadastre… l’équipe technique mixte a été créée par la sous-commission de la démarcation de la frontière terrestre entre les deux pays, qui est elle-même une création de la commission mixte Cameroun-Nigéria.
Conduits respectivement par Martin Belinga Eboutou, représentant permanent du Cameroun aux Nations Unies, SM Diggi de la République Fédérale du Nigéria et Mme Christina Meindesma, expert des Nations Unies dans le tracé des frontières, les membres de l’équipe technique mixte ont adopté une série de résolutions.
1- Adoption d’un calendrier de travail sur la base duquel ils vont descendre sur le terrain dès le 7 mars prochain, pour sillonner à pied le tracé arrêté pour la pose des bornes.
2-Adoption d’un guide technique (code de conduite) susceptible de permettre à tout le monde de parler le même langage lors de la descente sur le terrain.
3- Mise à la disposition des entreprises éventuelles pouvant réaliser le bornage, des informations relatives à la sécurité, à la santé et à l’hébergement tout le long de la frontière à démarquer.
Bon à savoir, les distances à respecter entre les différentes bornes ont été arrêtées. Elles sont de 5 km entre les bornes principales et de 500 m entre les bornes intermédiaires. Dans les zones habitées, l’on placera une borne tous les 100 m. Pour une meilleure compréhension du travail qui se fait actuellement au niveau de la frontière terrestre, il importe de rappeler que la sous-commission de la démarcation avait confié le travail du tracé de la frontière à un tiers, à savoir la section cartographie des Nations Unies. Cette section produit des cartes au fur et à mesure. Les cartes produites à ce jour ont été examinées par les deux parties et déclarées conformes à l’arrêt de la CIJ.
Pas de problème de populations
La sous-commission de démarcation de la frontière terrestre n’est pas la seule à avoir été créée dans le cadre du suivi de la mise en œuvre de l’arrêt de la Cour internationale de justice. En effet, pour faire face au problème des populations concernées, une sous-commission technique y relative a été mise en place. Cette sous-commission a remis son rapport qui a été approuvé par les deux parties. S’agissant du Cameroun, il laisse à la discrétion des Nigérians qui, du fait du tracé de la frontière, se retrouvent en territoire camerounais, le choix entre rester là où ils sont, en se conformant simplement aux lois nationales, ou de retourner dans leur pays d’origine. Quant aux problèmes culturels et consulaires éventuels qui se poseraient, ils devraient trouver des solutions dans le cadre de structures existantes à l’instar de la grande commission mixte bilatérale. Pour Yaoundé, il n’y a pas de problème majeur de populations à régler au niveau de la frontière. D’où l’étonnement de la partie camerounaise, lorsque Abuja évoque des problèmes de populations à régler avant le retrait de la péninsule de Bakassi.
Quant aux domaines restants et relevant de la commission mixte Cameroun-Nigéria proprement dite, ils sont de deux ordres. Le retrait de Bakassi et la frontière maritime. Un groupe a été créé pour chacun de ces derniers. Le groupe de retrait et de transfert d’autorité a bien fait son travail dans la zone du Tchad et sur la frontière terrestre. Au niveau de Bakassi, étape suivante, le retrait Nigérian qui devait avoir lieu depuis le 15 septembre 2004 est toujours attendu. Abuja prétexte des problèmes de populations à régler au préalable, d’où le blocage actuel.
|