Malgré les pressions internationales, Faure Gnassingbé a été porté au pouvoir par l'armée togolaise et nommé chef de l'Etat, après une réforme rapide de la Constitution, au lendemain du décès le 5 février de son père, Gnassingbé Eyadéma. La communauté internationale rejette catégoriquement ce processus et la Cedeao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) a tenu hier à Niamey par l’entremise du président Mamadou Tandja, une conférence extraordinaire pour examiner la situation au Togo. Conférence à laquelle participait aussi le président de l’Union africaine le Nigérian, Olusegun Obasanjo. L'Organisation internationale de la Francophonie, quant à elle, a décidé de suspendre le Togo de ses instances, ainsi que la coopération multilatérale avec ce pays. Le conseil permanent de la Francophonie réuni hier à Paris en session extraordinaire, a condamné selon une dépêche de l’Afp, "avec la plus grande fermeté le coup d'Etat perpétré par les forces armées togolaises et les violations caractérisées et répétées de toutes les dispositions constitutionnelles en vigueur, au mépris absolu des principes de l'Etat de droit". Ces décisions sont prises en raison de "la distorsion ainsi marquée avec les engagements souscrits au titre de la déclaration de Bamako sur le respect des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés dans l'espace francophone". Après avoir interrompu son aide au Togo en 1993, l'UE avait décidé en novembre de normaliser partiellement ses relations avec le Togo, qui avait pris en avril ces 22 engagements, dont certains, tels que l'ouverture du dialogue avec l'opposition, ont déjà été mis en oeuvre. Les choses vont donc forcément se gâter entre l’institution européenne et les nouvelles autorités togolaises.
Des élections législatives " dès que possible "
Le nouveau président togolais Faure Eyadéma s'est adressé pour la première fois à la nation lors d'une allocution radio-télévisée mercredi, promettant des élections législatives "dès que possible".
"Pour l'apaisement de la nation, nous avons ordonné la libération de tous les prisonniers de droit commun et accordé l'amnistie à tous les dirigeants politiques exilés pour leur permettre de se joindre, s'ils le souhaitent, à l'effort de reconstruction nationale", a-t-il déclaré lors de cette adresse de dix minutes. "Nous avons demandé au chef de gouvernement de poursuivre la mise en oeuvre de la promesse et de l'engagement en faveur de réformes démocratiques. En vue d'organiser des élections législatives dès que possible", a ajouté M. Eyadéma. Il n'a fixé aucune date pour le scrutin et n'a pas évoqué la possibilité de nouvelles élections présidentielles.
A Lomé, la capitale togolaise, de nombreux commerces étaient fermés pour la deuxième journée consécutive. Ceci en vue de dénoncer le remplacement par l'armée du président Gnassingbé Eyadéma, décédé samedi, par son fils Faure. Les partis d'opposition ont appelé leurs partisans à la grève générale. Le haut commandement militaire a installé le nouveau président au pouvoir samedi quelques heures seulement après le décès soudain d'Eyadéma père.
La conférence de Niamey, initiée par la Cedeao aura sûrement pour corollaire une décision importante en défaveur de Lomé. Les autorités ouest africaines ayant déjà qualifié la prise de pouvoir lundi dernier de " coup d’état ". Quand on sait le traitement réservé par la communauté internationale aux régimes accédant au pouvoir par ce moyen, il y a fort à parier que le règne du nouvel homme Faure ne sera pas de tout repos.
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