En effet, du 6 au 9 février le navire Uss Emory S. Land a patrouillé dans les eaux du Cameroun. Pendant 4 jours donc, ce gigantesque bâtiment de guerre doté d’une large capacité de maintenance à flot, et qui fournit des missiles de croisière comme le Tomahawk et le Mk-48 rénové a mouillé le Littoral camerounais. En outre, les capacités matérielles de ce bâtiment de 169,3 mètres de long sur 25,9 mètres de large et d’une puissance de 20.000 cheveaux lui permet d’effectuer un large éventail de réparations allant des maintenances complètes à des travaux de routine sur toutes les classes de navire. On aurait beaucoup plus appris sur ce navire si la visite guidée initiée par l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique n’avait pas été annulée à cause des conditions météorologiques défavorables.
Néanmoins, à en croire le colonel du corps marin des Etats-Unis R. Barry Cronin, commandant du groupe de travail 60.5 qui conduisait la mission “ le navire est au Cameroun dans le but d’une assistance technique à la marine camerounaise dans le cadre de la coopération et des relations militaires qui existent entre les deux pays. ” Au fait c’est depuis le 25 janvier dernier que ce grand bateau qui est venu d’Espagne mouille le Golfe de Guinée. Son périple qui a commencé par le Nigeria devra se terminer par Sao-Tomé et Principé en passant par le Gabon, le Ghana, le Togo et le Bénin. Rien cependant n’a filtré quant à sa destination après ce déploiement qui “ est semblable en nature aux croisières africaines occidentales régulières programmées de formation (Watc), conduites depuis 1978 ”, selon l’ambassade des Etats-Unis au Cameroun. On aura également appris que ce “ déploiement est le résultat direct de la conférence sur la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée tenue à Naples en Italie en octobre 2004. Cette conférence a abordé des sujets d’intérêts communs, des défis et des menaces régionaux aux 17 marines de guerre ayant participé. ”
L'odeur du pétrole
Officiellement donc, le séjour du navire Uss Emory S. Land sur le littoral camerounais n’était pas que pour renforcer la coopération militaire entre les Etats-Unis et le Cameroun comme l’a reconnu Niels Maquardt, ambassadeur du pays de l’oncle Sam à Yaoundé, mais cette visite a aussi permis de démontrer le visage humanitaire de l’armée américaine. Le 8 février, les marines ont effectué des séances d’investissement humain et livré un match de football à l’Ecole des orphelins et handicapés de Douala que dirige Dieudonné Mengela dans la zone industrielle de Bassa à Douala. Cette école qui accueille les handicapés et les enfants des handicapés a reçu d’abord une somme de 7.650 dollars (environ 4 millions Fcfa) de l’ambassade des Etats-Unis dans le cadre du projet “ Self help funds ”. Autant d’actions de bienfaisance qui bénéficient aux pays traversés par ce déploiement américain tel que prévu par le commandant de la sixième flotte des Etats-Unis, le vice Amiral Harry Ulrich.
Cependant le déploiement de la flotte américaine le long du Golfe de Guinée avec ses 1400 marins à bord, n’a pas la même signification à l’analyse des propos du commandant Ulrich. “ Le but est d’augmenter la coopération de sécurité entre les Etats-Unis et les pays du Golfe de Guinée en leur fournissant l’occasion d’agir l’un sur l’autre et d’améliorer la familiarisation avec la manière dont nous opérons dans les environnements réels ”, a-t-il affirmé. Du coup, on se pose des questions sur la mission réelle de “ Emory ” dans le Golfe de Guinée reputé pour ses ricesses en or noir. Surtout que ce n’est pas la première expedition militaire américaine dans la zone. A la fin de l’année dernière, une mission américaine avait sillonné la presqu’île querellée de Bakassi jusqu’à la zone de conflit. Pour nombre d’observateurs Uss Emory S. Land fait partie du dispositif de prépositionnement des Etats-Unis dans le Golfe de Guinée où chaque puissance cherche à marquer sa présence à travers une base militaire. Le Cameroun qui demeure le seul pays stable ou presque serait très convoité par rapport à son positionnement dans la région. Les Etats-Unis qui exploitent déjà le pétrole nigérian et qui ont des intérêts certains au Cameroun, notamment avec le passage du pipeline Tchad-Cameroun dont ils ont financé la construction, n’entendent pas laisser la France continuer à jouer les premiers rôles dans ce Golfe de Guinée. La course est rude et serait à qui consolidera le premier et le mieux son implantation lorsqu’on se rappelle que le 8 janvier dernier – un mois auparavant – le chef d’Etat major des Armées françaises, le général Henri Bentegeat a été au Cameroun pour entre autres la création d’une école de guerre dont les travaux débuteraient en septembre prochain. D’autres missions du genre sont annoncées dans les mois à venir.
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