Quatre enfants sont morts noyés dans le Wouri Mardi dernier.Le bilan provisoire de cette triste noyade affiche quatre corps déjà repêchés et deux rescapés sur les sept enfants partis nager ce jour-là.
De la berge, on aperçoit, au loin, un navire, mouillant l’ancre contre le quai, vers Bonanjo. Debout dans ce site sablonneux, en zone industrielle, où toutes les saletés rejetées par la marée du Wouri viennent s’amasser aux pieds des arbrisseaux, Gilbert Mbatssam, vigile de la société Transports Blat a les yeux rivés sur les eaux. " Celui-là était âgé de 13 ans ", soupire-t-il, les sanglots dans la voix. Depuis la veille, mardi 2 mars, il déambule ici, dans l’espoir de retrouver, vivants, deux de ses cinq enfants, déclarés noyés. Pas de chance : toujours sous son regard larmoyant, des agents de la brigade maritime viennent de sortir du large, le corps inanimé de Guissangue François, son fils-aîné ! " Et quand vont-ils m’apporter Martin ? ", interroge-t-il, tout en se donnant bonne contenance. Martin, 11 ans, fait partie des victimes de cette noyage d’enfants, qui affecte plusieurs familles, à Douala. Certes, le bilan de ce drame n’est pas encore établi de manière exacte. Mais les circonstances de sa survenue s’avèrent de plus en plus claires.
Selon les premiers éléments d’une enquête conduite par la brigade de gendarmerie de Bonabéri, un groupe d’environ sept élèves inscrits dans un complexe scolaire privé du voisinage est au centre du triste événement. Mardi, vers 11 heures, ces enfants, probablement adeptes de l’école buissonnière, se retrouvent au bord du Wouri. A cause de la présence des surveillants du secteur, qui n’ont jamais cessé de leur adresser des mises en garde, ils choisissent d’entamer leur baignade à partir d’une façade maritime en partie couverte par la végétation. " Ils tenaient à tromper la vigilance des gardiens qui les chassent souvent ", affirme le commandant de brigade de Bonabéri. Après avoir caché leurs sacs, vêtements et chaussures, la décision est prise : il faut nager. Mais, dans cette équipe, quelques réticences se font jour.
Dans ces conditions, seuls les plus courageux et entêtés s’engagent, insouciants, les eaux s’étant retirées à une longue distance. Les plaisirs de cette escapade ne dureront pas : transis de peur à la vue du pire qui se dessine, leurs camarades restés sur la rive du fleuve lancent déjà des cris, en signe d’avertissement : " Attention, la marée ! " En effet, à ce moment précis, le mouvement journalier des eaux a repris en montant, par une oscillation brusque. Les petits nageurs sont ainsi surpris, et engloutis, raconte un rescapé interrogé pour besoin d’enquête.
Les recherches en cours ont déjà permis de repêcher quatre corps. La liste des victimes, communiquée par la brigade de Bonabéri, comprend Achu Alain, Bouye Williams, Guissangue François et Cho Pascal. Hier, avant midi, on signalait la présence d’un autre cadavre au port, coincé entre un navire et le quai. A l’heure actuelle, l’enquête s’intéresse aux raisons ayant amené ces élèves hors de leur établissement, pendant les heures de cours.
Source : Luc ANGOULA NANGA, Camerooon Tribune
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