Comme tous les autres, ils tiennent en main quelque marchandise, ce qui leur permet de s’approcher à leur guise des véhicules — qui roulent généralement au ralenti à cet endroit — et de bien scruter l’intérieur. Un automobiliste se rappelle ainsi du regard fureteur d’un vendeur de douceurs, qui avait eu l’air plus intéressé par l’habitacle que par les envies de bonbons du conducteur…
Un vendeur de livres installé le long du mur de la Poste — et qui a donc le loisir d’observer le site à longueur de journées — confirme la présence de ces voleurs d’un autre genre. " Il y en a qui guettent les contrôles de police. Quand le chauffeur interpellé sort de son véhicule, généralement sans bloquer ses portes, ils s’en approchent " et volent ce qu’ils peuvent. D’après notre témoin, les taxis font partie des proies préférées, surtout si les clients, ne voyant pas le chauffeur revenir, sortent du véhicule. Le chapardeur s’approche alors à pas de loup, surveillant du coin de l’œil le conducteur présentant ses papiers aux forces de l’ordre. La recette en cours, l’autoradio et éventuellement le téléphone portable du taximan changeront de propriétaire.
Les voleurs s’attaquent aussi aux passagers des véhicules roulants. La technique ici consiste à répérer un bon produit pendant l’arrêt au feu rouge : un sac à main, un téléphone cellulaire, des billets de banque dépassant d’une poche, une chaîne ou tout autre bijou, etc. Quand le feu passe au vert, les chapardeurs passent à l’attaque : une main rapide passe par-dessus la vitre et happe l’objet convoité. Puis le délinquant place une accélération, dans le sens inverse du véhicule, qui aurait du mal à s’arrêter dans le flot de la circulation. Heureusement, ils ne l’emportent pas toujours au paradis : le vendeur de la poste se rappelle que l’un des voleurs avait été rattrapé, déjà du côté de l’immeuble de la mort, par un policier alerté.
Qui sont ces petits voleurs ? Sans qu’on ait la confirmation véritable, un doigt accusateur est pointé en direction de certains enfants de la rue, qui passent leurs nuits à la belle étoile et, pour quelques-uns, se shootent à la colle. En passant par là, chacun serait bien inspiré de se coller à ses biens. Pour éviter tout mal.
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