Cette manifestation est un avertissement : «Nous allons bloquer l`entrée des véhicules de transport camerounais si d`ici le 8 février nos autorités ne trouvent pas une solution aux difficultés que nous éprouvons sur l`axe Tchad-Cameroun», annonce le président de l`Union nationale des transporteurs du Tchad, Abdelkerim Abbas, qui a adressé une lettre au ministre des Transports, Adoum Younousmi. Abdelkerim Abbas poursuit son argumentaire en relevant : «Depuis deux mois, ce sont 70 camions-citernes camerounais qui ont traversé notre frontière alors que seulement 10 camions-citernes tchadiens ont franchi la frontière». Il ajoute : «60 camions tchadiens sont actuellement bloqués à Douala, la capitale économique du Cameroun, et ne peuvent charger des produits pétroliers».
Les transporteurs tchadiens accusent l’administration camerounaise des douanes d’être à l’origine de cette situation. M. Abbas fait allusion notamment à une note du directeur des douanes qui interdit le chargement de tous les camions-citernes d`une capacité inférieure à 35.000 litres. Selon lui, «cette mesure vise en réalité à empêcher la grande majorité de transporteurs tchadiens de charger au Cameroun, sachant que plus de 80% du parc national tchadien est constitué de camions-citernes d`une capacité de 33.000 litres».
A la douane, on ne conteste pas l`existence de cette décision même si on indique qu`elle est de «portée nationale» et n’a rien à voir avec les Tchadiens. «C’est une mesure qui consiste à lutter contre la fraude. Nous avons déployé des équipes aux frontières, celles-ci ont pu démontrer que certains camions ne traversent jamais les frontières et reversent leur contenu dans les stations d’essence sur le territoire national», indique le directeur des Douanes, Goni Mal Adji.
Colère à Kousséri
Ce n’est pas d’ailleurs le seul grief relevé. Les conducteurs tchadiens subissent également, disent-ils, des «humiliations et autres brimades», citant notamment les «frais de routes» réclamés aux «barrières illégales». Le ministre tchadien des Transports a, de son côté, indiqué qu`il avait pris contact avec son homologue camerounais, Dakolé Daïssala, «pour pouvoir justement trouver une solution à ce problème».
Alors que leurs homologues du Tchad exposent ces problèmes administratifs, ceux de Kousséri dans l’Extrême-Nord sont plutôt en colère contre les autorités du département du Logone et Chari. Depuis que le président du syndicat départemental des transporteurs par camions du Logone et Chari, Elhadji Emma Abdoulkarim, a été destitué le 01 octobre 2003 de ses fonctions, les camionneurs de ce département se disent à bout de ressources.
D’après la note du président du syndicat des transporteurs par camions de l’arrondissement de Goulfei, Abouna Abaganama, adressée aux autorités, l’argent collecté auprès des camions en transit pour le Tchad et en provenance du Nigeria, et qui constitue l’essentiel des fonds du syndicat, serait depuis lors détourné par d’autres personnes n’appartenant pas au syndicat et installées au niveau de l’entrée de la ville de Kousseri, plus précisément au lieu dit Douane.
Cette situation perdure depuis presque deux ans, à en croire les correspondances adressées au préfet du Logone et Chari par le président provincial de ce syndicat, l’influent homme d’affaires et membre du comité central du Rdpc, El Hadj Issa Balarabe, et la réponse envoyée au président déchu. Pendant ce temps, les 50.000 Fcfa prélevés sur chaque camion en provenance du Nigeria et 25.000 Fcfa auprès de ceux en provenance de Ngaoundéré pour le Tchad, sont donc simplement détournés vers d’autres destinations. Un doigt accusateur est pointé sur le préfet, à qui Abouna Abaganama attribue également la sortie de trois millions de francs Cfa du compte du syndicat domicilié au Crédit du Sahel à Kousseri suivant le chèque n°0071259 du 27 octobre 2003 par une lettre adressée au chef d’agence sous le n° 068/Lk/23Basc.
|
