Ces propos tenus hier en fin de journée dans la salle de conférences de la direction de la Camair sifflaient la fin d’une partie rude entre la direction et le personnel de la compagnie aérienne nationale. En milieu de matinée lundi, un mot d’ordre de grève a en effet circulé, rencontrant facilement l’adhésion de l’ensemble du personnel.
Un accord a finalement été trouvé : sur les 697 millions de francs payés par le gouvernement la semaine dernière, le personnel recevra 534 millions au titre du salaire du mois de décembre 2004 tandis que 29 millions seront payés aux agents FNE. Le reste étant laissé à la direction de la compagnie. A condition tout de même qu’elle paie le reliquat des salaires de novembre 2004 d’ici à demain, soit 95 millions de francs.
Alors d’où vient cette crise subite ? De l’argent payé par le gouvernement la semaine dernière. Selon l’administrateur directeur général de la Camair, Thomas Dakayi Kamga, le ministre de l’Economie et des Finances a demandé que lui soit présenté un état des besoins les plus urgents de la compagnie. La liste ainsi confectionnée rassemble des besoins pour un montant de plus d’un milliard trois cent millions de francs CFA. Le ministre Abah Abah fait payer la somme de 697 millions de francs. Et le ministre en charge du Travail, Robert Nkili annonce que cet argent ira aux salaires du personnel.
En fin de semaine, le 14 janvier 2005, l’administrateur directeur général demande au personnel de désigner certains qui seraient impliqués dans la gestion de cette trésorerie. Et dès lundi matin, il affiche une note indiquant la répartition faite de cet argent. Le personnel y voit une sorte de provocation. Thomas Dakayi Kamga se défend : " notre souci majeur est de ne pas compromettre l’exploitation. Voilà pourquoi nous avons utilisé une partie de cet argent pour payer certains fournisseurs. On ne peut affecter les recettes au seul paiement des salaires ". La tension est tant et si bien montée qu’il a fallu une rencontre de plus d’une heure dans l’après-midi entre les délégués du personnel et l’administrateur directeur général. D’où les propos apaisant de Réné Bernard Ekedi au milieu de ses collègues.
En attendant l’échéance de demain, l’heure était à la mise en œuvre du compromis, le paiement du salaire de décembre 2004. Mais pour Thomas Dakayi Kamga, la préoccupation était déjà de savoir comment assurer l’exploitation. Seuls deux avions sont disponibles en ce moment, un Boeing 757-200 et un 737-800. Alors, on négocie pour remettre en vol un 737-200 qui assurerait les vols domestiques tandis que le 757-200 ferait le long courrier sur Paris et le 737-800 se consacrerait au régional.
Quant au Dja, toujours bloqué à Abidjan, Thomas Dakayi Kamga fait le pronostic de le voir reprendre les vols à la mi-février. Pour cela, il faudra trouver un million de dollars (environ 600 millions de francs) pour remplacer le réacteur endommagé. Cette somme servira à faire un dépôt de garantie auprès du propriétaire du réacteur à louer, au transport et à l’installation de ce réacteur de même qu’à sa location pour au moins un mois. Pour le réacteur endommagé, il faudra attendre que le diagnostic soit établi. Mais les indications déjà disponibles auprès de la direction laissent penser qu’il faudra débourser près de cinq millions de dollars (trois milliards de francs).
Quand on vous dit que la Camair traverse une véritable zone de turbulence.
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