Pour quelques importateurs rencontrés par Le Messager, c’est une véritable catastrophe économique, “C’est la mort programmée de notre activité, ce qui sera dommageable d’abord pour l’économie camerounaise, nos familles et de nombreux jeunes Camerounais que nous employons au quotidien. Avec les nouvelles taxes, il sera difficile pour un importateur de maintenir le cap de son activité “, s’écrie un importateur de liqueurs.
Ainsi, depuis le 29 décembre 2004, par décision n° 660 /cf/ Minefi, les cigarettes de marque Aspen, Fine, Business club, Delta entre autres se verront imposer une valeur de 60 000 fcfa / le carton. Les cigarettes de marque Benson, Marlboro, Dunhill, Craven, Rothmans quant à elles sont imposées à hauteur de 250 000 fcfa. La décision ministérielle précise que ces valeurs imposables minimales sont révisables tous les trois mois.
Les importateurs de boissons alcoolisées devront désormais verser 35 000 fcfa le carton de White Horse, Haig, Passport, Clan Campbell, Sir Edouard etc…, 50 000 fcfa le Carton de J Walker, red Label, Grants, J and B, 120 000 fcfa le Carton de Chivas, Dimple, 10 000 fcfa/bouteille de Laurent Perrier, 26 000 fcfa la bouteille de Grand siècle, 46 000 fcfa la bouteille Dom Perignon. Ces prix sont révisables tous les six mois précise la décision.
Dans une autre correspondance adressée au directeur des douanes le 22 décembre 2004, le ministre de l’Economie et des finances Polycarpe Abah Abah informe Goni Mal Adji de ce que l’octroi des moratoires pour le paiement des droits et taxes de douane est suspendu jusqu’à nouvel avis. Il s’agit, précise la note, “ de relever le niveau des performances base caisse attendue à l’administration des douanes” !
En outre le directeur de douanes doit prendre “toutes les dispositions utiles afin d’assurer non seulement le suivi régulier de l’exécution des moratoires en cours, mais aussi et surtout le recouvrement des arriérés accumulés depuis 1986 qui s’élèvent à 46. 973. 514.233 cfa”
Sur la raison d’être de ces décisions qui, pour la plupart ont été proposées par le directeur des douanes, un douanier explique que cela va en droite ligne de l’idéal de l’amélioration du niveau de performances des recettes non pétrolières telles que prévues dans la circulaire présidentielle relative à la préparation du budget 2005.
En l’espèce, il s’agit pour l’administration douanière de remplir sans coup férir sa part de contribution dans le budget 2005. Celle-ci étant estimée à quelque 375 milliards, en augmentation nette de 51 milliards par rapport à l’exercice écoulé.
Ces décisions, comme on pouvait s’y attendre, provoquent un vent de panique chez les importateurs des deux principaux produits sus-cités. “ C’est la mort pour nous autres importateurs qui avons choisi de faire dans ces produits. Il est impensable que du jour au lendemain on vous impose le paiement des montants aussi faramineux sans que vous ne vous y soyez préparés. En plus, on vous annonce que les moratoires sont suspendus. Où allons nous trouver les fonds pour régler dans les délais cette nouvelle taxe ? C’est la catastrophe” conclu un importateur de cigarettes.
Pour les importateurs c’est le consommateur final qui va payer le lourd tribut de ces nouvelles taxes. Il y a aussi une menace sur l’emploi des milliers de Camerounais qui finalement échappaient aux affres du chômage en revendant ces produits, notamment les cigarettes, moyennant commissions.
Table: L’adieu au champagne
Le champagne figure parmi les produits dont la classe aisée des Camerounais raffole. La grandeur d’une fête se mesure au nombre de bouteilles de champagne sabrés au cours d’une soirée, d’un anniversaire, des funérailles. Le Cameroun a même été classé parmi les plus grands consommateurs de champagne en Afrique. Malheureusement, avec la décision du ministre de l’Economie et des finances, les férus des Moet et Chandon, Chivas, Dom perignon, Grand siècle et autres devront désormais modérer leur consommation. Il est clair que les importateurs de ces boissons devront répercuter la hausse des taxes sur le consommateur final.
Les hausses concernant ces produits risquent d’être impressionnantes. Si d’aventure l’importateur du Dom Pérignon doit tenir compte des 46.000fcfa/bouteille de la nouvelle valeur imposable minimale, il est clair que la bouteille de ce champagne devrait désormais coûter au moins …60.000fcfa. Idem pour la bouteille de Martini dont la nouvelle taxe est de 24.000cfa/la bouteille. Le prix au consommateur de cette marque pourrait bien atteindre les …30 ou 35.000Fcfa.
Avec ces décisions, il est fort à craindre qu’une goutte de champagne sur la table des habitués ( ministres, Dg, inspecteurs des impôts, douaniers et autres grands prévaricateurs des fonds publics…) soit aussi rare que les larmes du chien.
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